Soufflons le chaud (et le froid)
Économies d'énergie en Finlande, vol d'essence au Mexique et une Irlande imaginaire, mais vraie
Chère lectrice, cher lecteur,
permettez-moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, d’une batterie top, de huachicoleros, de villages perdus, de la vraie Irlande et d’un petit-déjeuner à l’américaine.
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Canicule
Chauffons la Finlande
L'avenir conserve une chance de ressembler à ça : vous manquez d'énergie ? Pas de soucis, voilà un gros tas de sable. Posez-le là et inutile de me remercier, vous savez. Quand on peut faire plaisir, et puis que ça débarrasse…
Comme bien des progrès technologiques enthousiasmants, celui-ci nous vient des Scandinaves. Peut-être ces derniers ont-ils compris que, si ça finissait par se réchauffer comme ça partout, tout le monde allait finir par débarquer chez eux. Et on s'habitue vite à une densité de 17 habitants par kilomètre carré.
C'est ainsi qu'on invente la batterie à sable. Ou batterie de sable, je ne sais pas. En anglais, on dit "sand battery" et je trouve les deux traductions en usage. Disons la batterie en sable, ça marche aussi et c'est plus rigolo. J'avais déjà évoqué son fonctionnement, prometteur sur le papier. Une nouvelle vient d'être mise en place dans la ville de Pornainen, en Finlande. Mais c'est quoi, alors ? Eh bien, c'est un un gros tas de sable, comme dit plus haut puisque je ne plaisantais pas.
Le principe est extrêmement simple. Il consiste à stocker de l'énergie sous forme de chaleur. Quand il fait beau et qu'il vente, les éoliennes tournent à plein et les panneaux photovoltaïques grésillent à fond. Le surplus d'électricité est alors utilisé pour chauffer une cuve remplie à ras bord de tout petits cailloux. Bien concassés, bien serrés, bien trop à l'étroit dans leur silo d'acier, ils n'ont rien d'autre à faire que conserver la chaleur, ce pour quoi ils sont extrêmement doués (vous avez déjà essayé de marcher sans tongs sur la plage, vous ?). Ensuite, quand les nuages voilent le soleil ou que les éoliennes s'essoufflent, il suffit de se brancher sur la batterie sableuse pour chauffer la ville.
Certes, on manque de sable. L'industrie du bâtiment en est gourmande. Elle en prélève partout au point qu'il est, lui aussi, en danger d'extinction. Mais les ingénieurs finlandais derrière Polar Night Energy, la boîte co-fondée en 2018 par deux camarades de l'université de Technologie de Tampere, le savent. Le sable utilisé dans leur "système de stockage énergétique à grande échelle et haute température", ici de la stéatite, est issu de la destruction d'une usine du coin. Que voulez-vous, ils sont comme ça les gens du Nord : ils adorent rendre service.
TechCrunch s'est penché plus en détail sur l'exploit :
Le calcul économique est assez convaincant. On peut difficilement faire moins cher que la stéatite broyée qui a trouvé refuge dans un silo isolé de Pornainen. Ce n'était que du rebut, puisé dans une manufacture de cheminées abandonnée. Visuellement, certes, ce n'est pas aussi impressionnant que les systèmes lithium-ion, mais les 2 000 tonnes de pierre pulvérisée installées dans un silo de 15 mètres de diamètre vont grandement contribuer à diminuer les émissions de CO2 de la ville, en l'aidant à se passer du pétrole actuellement utilisé pour son chauffage.
Comme beaucoup de villes scandinaves, Pornainen fonctionne avec une chaudière centrale, qui réchauffe l'eau pour les maisons et les immeubles du centre et du pourtour. La batterie à sable […] peut stocker 1 000 mégawattheures de chaleur pendant des mois, de quoi chauffer toute la ville pendant une semaine en plein cœur du glacial hiver finlandais. Entre le stockage et la récupération, seuls 10 à 15 % de la chaleur sont perdus, et la température de sortie peut être de 400 °C. Le chauffage central de l'agglomération utilise aussi les copeaux de bois, un matériau dont elle pourrait faire baisser la consommation de 60 %, d'après les chiffres de Polar Night. Enfin, la chaleur peut également produire de l'électricité, même si cela est moins efficace.
Le stockage énergétique est indispensable pour la généralisation du recours aux énergies renouvelables, dont l'intermittence demeure la principale faiblesse. Et les batteries actuelles demeurent coûteuses et polluantes, pour ne rien dire des conditions d'extraction des matériaux rares qui les composent.
Cela dit, Euronews rappelle surtout que l'enjeu est plus criant encore pour la Finlande : en mai 2022, Polar Night avait installé une première batterie sablée, d'un format plus petit… au moment même où le voisin russe coupait l'approvisionnement en gaz afin de punir le pays d'avoir rejoint l'OTAN.
Pour une Finlande libre, bâtissons l'Europe sur du sable.
Économies
Rendez l'essence !
Avec un peu d'ingéniosité et d'organisation, on peut rapidement améliorer son quotidien. Au Mexique, le vol d'essence est une méthode si répandue qu'elle en devient presque légale. Ses pratiquants ont même leur petit nom : ce sont les les huachicoleros. Un jeu de mots —semble-t-il— mêlant le terme qui désigne l'alcool de contrebande et le mot maya pour "voleur", qui serait encore usité dans certaines parties du Mexique.
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