Podcasts et vidéos : quelques recos de printemps
Ça s'écoute qu'il fasse soleil ou qu'il vente, mais mieux s'il vente (ça tombe bien)
Chère abonnée, cher abonné,
comme d'habitude en cette veille de congés, voici des recommandations pour occuper le temps à rire et apprendre. Mes petits repérages des derniers mois. Que du bon, à consommer sans modération.
Les chevaliers-paysans de l'an mil (au lac de Paladru)
"Et c'est une thèse sur quoi ?".
La phrase récurrente du film d'Alain Resnais On Connaît la Chanson fait désormais partie des répliques cultes du cinéma français. Tout au long du métrage, la thésarde Camille (Agnès Jaoui) doit justifier l'intérêt de son objet d'étude. Rien n'y fait : Les Chevaliers-paysans de l'an mil au lac de Paladru, ça ne fait pas rêver.
Sauf Fanny Cohen Moreau, historienne, journaliste et, depuis 2017, productrice de podcasts. Elle a d'abord lancé Passion Médiévistes, sur l'ère médiévale (sa passion), puis Passion Modernistes et, enfin Passion Antiquités. Dans le premier, qui nous intéresse ici, elle décline également plusieurs formats, de "Super Joute Royale" où on débat entre historiens des mérites comparés de Louis VIII et de Henri II, aux hors-séries comme "Les Moines Espions" (au Moyen Âge) ou "Le Cinéma" (quand il s'intéresse au Moyen-Âge). Le plus souvent, elle interviewe, pendant une quarantaine de minutes, un ou jeune thésarde sur son objet d'étude. Récemment, par exemple, on a pu mieux connaître l'alchimie, la comtesse Jeanne de Valois et les traités d'agriculture (du Moyen-Âge, toujours, vous suivez, hein ?). Et même les chevaliers-paysans de l'an mil au lac de Paladru. Car oui : le lac de Paladru existe (entre le Vercors et le Jura, il n'a pas non plus choisi le meilleur endroit pour asseoir sa réputation internationale) et, vers l'an mil, il a été peuplé par une colonie de chevaliers-paysans.
C'est une histoire absolument fascinante que celle des chevaliers-paysans de l'an mil au lac de Paladru. Elle nous est racontée par Josselin Derbier, chargé de mission muséographique au musée archéologique dudit lac (de Paladru). Là-bas, le site bénéficie d'une topographie et d'une météo particulières qui font qu'en périodes de sécheresse, le lac peut grandement diminuer et donc se retirer des berges. Libérant ainsi, pour quelques années, un espace riche en ressources et agréable à vivre. Avant que les pluies reviennent, fassent remonter les eaux, chassent les habitants… Et submergent les habitations, les objets, les traces. Celles des chevaliers-paysans ont été conservées un millénaire, jusqu'aux premières expéditions archéologiques des années 1930. Et ce d'autant mieux que, fatalement, personne, entre cette époque et la nôtre, n'a pu simplement construire dessus ou en piller les vestiges.
Évidemment, ces vies du XIème siècle restent malgré tout mystérieuses. Il n'y a quasiment pas de traces écrites qui, dans la région, pourraient expliquer la raison d'être de cette colonie temporaire où l'on pratiquait aussi bien les arts militaires que l'agriculture, d'où cette dénomination peu commune de "chevaliers-paysans". Le quotidien n'y semblait pas désagréable. Le billet consacré à l'épisode explique :
On estime qu’une centaine de personnes vivaient sur place. Devant tout fabriquer eux-mêmes, les membres de la communauté exercent des artisanats très diversifiés : charpentiers, menuisiers, tonneliers, tisseurs, tanneurs, cordonniers, forgerons ou encore maréchaux-ferrants.
N'en disons pas plus pour ne pas déflorer le sujet, ça vous priverait du plaisir que j'ai eu à rêvasser en écoutant cet épisode, dans le train, les yeux fermés. Les descriptions y sont suffisamment précises pour stimuler l'imagination visuelle.
Veuillez toutefois prendre bonne note de mon invitation à la prochaine soutenance de ma thèse, Les Chevaliers-paysans de l'an mil du lac de Paladru : ZAD anarcho-autonome et syndicalisme révolutionnaire seigneurial, ou précurseur ambitieux des Center Parcs ?. (Ce ne sera pas à l'amphithéâtre d'histoire mais "plutôt sur la ligne 13, entre Saint-Lazare et Pernety", selon la suggestion des instances universitaires).
En chemin, vous pourrez même fouiller un peu dans les épisodes. Il y en a pour tous les goûts. J'ai personnellement du mal avec les Super Joutes Royales, un bon concept hélas parasité par les blagues historico-historiennes. Mais les entretiens valent, dans mon expérience, toujours le détour.
Le Dictionnaire de l'Académie Version 2025
Après 90 ans de travail, la neuvième édition du dictionnaire de l'Académie Française est enfin achevée, avec la récente parution de son dernier tome, R-Z. Il a aussitôt suscité éloges et critiques.
Pour me faire un avis, je me suis penchée sur la longue vidéo que lui a consacrée Romain Filstroff (aka "Monté"), linguiste, vulgarisateur et co-fondateur des Linguistes atterrées (oui, avec le "e").
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