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L'Édition du 8 février

Du Japon à l'Afrique du Sud en passant par l'Angleterre et l'Alaska

févr. 08, 2025
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Chère lectrice, cher lecteur,

permettez-moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, d’une route sinueuse, d’une affaire en or, comme ça, parole, de chasseurs d’élan (d’il y a longtemps), de Jane Austen, de Bob Dylan, de Willie Nelson, d’une galaxie radio et de bien chouettes cafètes.

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L’adresse de la semaine

C’est bon et pas cher

Un enfant mange goulûment son repas dans une cafétéria pour enfants pauvres au Japon
© FamilyMart

Il y a une mauvaise nouvelle dans cette bonne nouvelle, mais c'est une bonne nouvelle : il y a désormais plus de 10 000 cafétérias pour enfants au Japon.

Le concept a un peu plus de dix ans. Il est né de l'arrivée de données économiques pas jouasses pour l'archipel, quand le gouvernement a communiqué qu'en 2012, le nombre d'enfants en-dessous du seuil de pauvreté avait dépassé les 16 %. Ce chiffre, le plus mauvais qu'ait eu à connaître le pays depuis qu'on comptabilise cette triste donnée, inspire pourtant une association caritative (le Toshima Children’s Wakuwaku Network), qui opérait déjà des garderies de plein-air (les "Plays Parks") et assurait des cours particuliers communautaires. Elle ouvre alors la première "kodomo shokudo", une cafétéria pour enfants où ces derniers peuvent manger gratuitement grâce aux dons d'entreprises et de particuliers.

La première ou presque : une précurseuse, Hiroko Kondo, maraîchère dans le civil, avait inauguré un système similaire l'été précédent. Dès le début, elle avait d'ailleurs remarqué ce que les futurs établissements de réseaux allaient aussi constater : qu'il y a là un moyen non seulement de remplir les ventres vides, mais aussi de renforcer le lien social.

En 2016, la porte-parole du réseau Wakuwaku le racontait ainsi :

"Nos parcs de jeux nous avaient déjà montré que certains enfants ont des problèmes et que ceux-ci sont d'origines diverses. Certains ne vont pas à l'école et n'ont nulle part où aller, en dehors du foyer. Certains sont harcelés et n'ont pas d'amis avec qui jouer. Certains sont élevés par un parent célibataire qui rentre tard à la maison, alors ils doivent manger seuls et finissent par acheter eux-mêmes leur dîner, dans une épicerie ou un supermarché. C'est pour ces enfants-là que l'on cuisine, c'est avec ces enfants-là que l'on mange. Nous voulions utiliser la nourriture comme un moyen, pour eux, de connaître la chaleur d'un environnement familial et joyeux".

Le concept s'est rapidement dupliqué et a poussé un peu partout. Jusqu'à, donc, dépasser les 10 000 récemment. C'est plus que le nombre d'écoles maternelles publiques (environ 9 200), relève le quotidien japonais Mainichi. Un succès que le journal attribue en partie aux efforts politiques pour en faciliter la création :

Auparavant, afin d'ouvrir une cafétéria pour enfants, il était nécessaire d'obtenir une permission du centre de santé publique local, puisqu'il s'agissait de vendre de la nourriture. Les réglementations imposées pour une adresse dédiée à la restauration concernaient aussi bien le nombre d'éviers que le système de ventilation, entre autres choses. Mais en mars 2022, ces exigences ont été assouplies.

Autre cause de ce succès inattendu : les "shokudo" se sont rapidement avérées adaptées à répondre à l'une des autres plaies du pays, la solitude. Des personnes âgées en premier lieu, mais pas seulement. Chaque cafétéria a inventé ses propres règles, en fonction de sa localisation et de ses moyens, mais il est courant que celles-ci servent aussi les adultes (parfois pour un prix symbolique) et accueille les seniors pour papoter. Ces derniers peuvent aussi aider, que ce soit à la cuisine, pour veiller sur les enfants ou pour les devoirs. Des étudiants passent également donner un coup de main et, au final, les parents y trouvent aussi un peu d'apaisement. En 2018, quand le nombre de ces établissements intergénérationnels et communautaires dépassait les 2 000 sur tout le territoire, le Mainichi racontait déjà :

Michiko Yamamoto, 70 ans, membre du conseil d'administration de l'organisation à but non lucratif [Wakuwaku, toujours], explique : "nous aimerions que la cafétéria devienne aussi un endroit où celles et ceux épuisés par la tâche d'élever un enfant, par le travail, puissent se sentir bien".

Les kodomo shokudo font maintenant partie du paysage. Le Japan Times relève, en se fondant sur une étude publiée par la chaîne Musubie que, avec 1 737 ouvertures sur la seule année dernière, la couverture nationale atteint les 34,7 % : un district scolaire sur trois en accueille une. Dans la préfecture d'Okinawa, ce taux est de 62 %. Là-bas, rappelle le Asahi Shimbun, "une étude de 2015 révélait que le taux de pauvreté dans la préfecture était de 29,9 %, à peu près le double de la moyenne nationale". Les autorités de la province avaient alors débloqué un fonds de 3 milliards de yens (environ 20 millions d'euros) pour soutenir les programmes de repas pour enfants. Au niveau national, le ministère de l'agriculture distribue, quant à lui, des réserves de riz gouvernementales depuis 2020, "et les Ministères des Affaires Sociales, tout comme l'Agence des Enfants et des Familles, apportent aussi leurs contributions".

Ne reste qu'un problème : ce genre d'organismes caritatifs, là-bas comme ici, reste toujours sur la brèche financièrement. Et l'inflation menace. 88,5 % des établissements (sur un échantillon d'un bon millier) disaient, l'été dernier, en sentir les effets. Une part non négligeable —près de 13 %— regrettait même d'avoir dû diminuer les portions ou les couverts. "Ces initiatives", explique le Japan Times, "reposent souvent sur le bénévolat et agissent sur une base limitée, par exemple en tenant des événements mensuels. Malgré ces contraintes, les kodomo shokudo reçoivent, selon les estimations, 18,85 millions de visiteurs annuels dont 12,99 millions d'enfants. En 2023, un sondage de la préfecture d'Osaka révélait que 11,6 % des élèves de cours moyen y avaient eu recours".

Les affaires continuent, malgré tout. Les fonds publics arrivent encore et les acteurs privés contribuent toujours, par les dons ou par l'ouverture de leurs propres structures, comme celles qui ont trouvé place dans les supermarchés de la chaîne Family Mart et où "après manger, les enfants peuvent aussi participer à des expériences professionnelles, comme tenir une caisse ou placer des produits en rayons [sic]". Il y en a qui ne perdent pas le nord.

Et il y en a, comme Kazuo Yamada, 76 ans et tenancier depuis 2013 à Tokyo d'une de ces cantines, qui n'oublient pas, au détour d'un reportage, de nous rappeler l'essentiel :

"Je fais toujours les choses à 70 %, plutôt qu’à 100", dit-il avec un petit rire. "Je pense que c'est ce qui m'a permis de tenir aussi longtemps. C'est important d'aimer ce que l'on fait, et de ne pas prendre les choses au sérieux."

Amen, et mangez en paix.

The Mainichi

Votre horoscope tribal

Le signe de la semaine : Serpent

Un panorama sur la route anglaise dite de "Snake Pass"
CC Stephen Thompson / Holden Clough and the Snake Road / Wikimedia Commons

Au bout d'un moment, l'A57, qui coupe le nord de l'Angleterre, d'ouest en est, pour relier Liverpool à Lincoln, en passant par Manchester et Sheffield, traverse la petite ville de Glossop. Là, elle prend momentanément les noms de Dinting Vale, High Street puis Sheffield Road. Longez les commerces. Après le restaurant thaïlandais, sur votre gauche, vous quitterez la ville. Vous vous engagerez alors dans Snake Pass : 20 kilomètres de route sinueuse coupant la chaîne des monts Pennine, —"la colonne vertébrale de l'Angleterre". De là, vous monterez jusqu'à leur sommet (500 petits mètres de hauteur) avant de redescendre, ouf, vers le réservoir de Ladybower, le hameau de Hollow Meadows puis la réserve naturelle de Wyming Brook.

C'est beau, là-haut, mais ça ferme. Ça ferme souvent, Snake Pass. Parce qu'il y neige pas mal, et qu'il y pleut souvent, et que ça gèle plus qu'à son tour. Et aussi, malheureusement, parce que le sol s'y barre, ce qui est plus contrariant. La Snake Pass, comme on appelle la portion de l'A57 qui traverse les Pennine, est construite sur un glissement de terrain. Et même plusieurs, vieux comme le monde ou presque, rappelait récemment Dave Petley, géologue, vice-chancelier de l'université de Hull et auteur du Landslide Blog ("Glissement de terrain blog", puisqu'il a raté le module "Trouver des noms sexys à ses projets persos" à la fac) :

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