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L'Édition du 1er février

Du Ghana au Montana en passant par l'Arabie Saoudite et la Macédoine du Nord

févr. 01, 2025
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Chère lectrice, cher lecteur,

permettez-moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, d’un berger DJ, de grizzlis flippés, d’une grosse tour, d’un bien bel hôtel, de pas beaux portraits, de l’espoir, façon kurde et d’une cathédrale à finir —ou pas.

NB : si le mail apparaît tronqué par votre boîte, vous pouvez le “Lire dans le navigateur” en cliquant sur le lien haut à droite.

L’évêque de la semaine

On lui conseille la patience

© National Cathedral of Ghana

C'est beau, hein ? Ben vous emballez pas, c'est pas pour maintenant.

C'est le projet de cathédrale nationale du Ghana, voulu par l'ex-Président Nana Akufo-Addo "en 2016, après avoir attribué sa victoire à Dieu", rapporte la BBC.

Hélas, certaines voies sont impénétrables. Dont celles de Dieu justement, c'est ballot : Akufo-Addo a à son tour perdu les élections de décembre dernier, au profit de John Mahama. Ce dernier est lui aussi un croyant dévoué, chose assez courante dans un pays chrétien à 70 %. Il n'a donc rien à reprocher à l'idée d'une cathédrale nationale. Il aimerait juste comprendre quelques petites choses à son sujet, comme il l'a expliqué en annonçant cette semaine la suspension des travaux et le lancement d'une enquête gouvernementale sur ce projet dispendieux.

Par exemple, le coût total prévu, à savoir 400 millions de dollars, n'est-il pas un peu exagéré ? (C'est plus que ce qu'a coûté le stade de France, certes il y a trente ans, mais tout de même).

Ensuite, pourquoi, alors que son prédécesseur a assuré que le budget serait entièrement constitué de fonds privés, 58 millions de dollars du Trésor Public ont-ils déjà été investis dans le chantier ? Question corollaire : pourquoi ces 58 millions de dollars n'ont-ils mené à rien d'autre qu'à un grand trou —dans la caisse, certes, mais aussi au beau milieu de la capitale, Accra ? "Il n'y a rien à voir pour cette somme, si ce n'est un énorme cratère, au beau milieu d'un terrain de grande valeur en centre-ville qui était auparavant occupé par des bâtiments publics, des groupes financiers et des résidences destinées aux magistrats", constate le correspondant sur place de la radio britannique.

Il faudrait peut-être faire quelque chose, en effet. Surtout que le pays, longtemps vu comme l'une des économies les plus dynamiques du continent, a plongé dans une terrible crise à partir de 2022, dont il n'est toujours pas remis. L'inflation affiche 23,8 % (toujours selon la BBC). Elle a même grimpé jusqu'à 40 % en octobre et 50 % en novembre 2022. Le FMI vient de prêter 3 milliards de dollars à la nation anglophone. La promesse phare du Président bâtisseur (promesse qui avait peut-être plus fait pour son élection qu'une intervention divine, mais ça n'est que mon hypothèse), à savoir permettre à son pays de se passer totalement d'aide internationale, a finalement débouché sur l'effet inverse, en particulier en raison de sa faible capacité à lever et collecter des impôts.

Pour l'instant, le chantier de la cathédrale est interrompu sine die. Sans attendre les résultats de l'enquête, le gouvernement a déjà annoncé être prêt à tout changer : l'enveloppe budgétaire, la taille du bâtiment et même sa localisation.

Le Seigneur ne S'est pas exprimé sur ces fâcheux retournements de situation. Ou alors, si l'on se fie à Ses interprètes ici-bas, Il a Lui aussi Ses petites contradictions. D'un côté, l'ex-Président affirmait L'avoir avec lui quand, début 2023, au cœur de la crise, il renouvelait son engagement —en faisant un don personnel, royal, de 8 000 dollars parce que"la cathédrale nationale est un acte de gratitude envers le Tout-Puissant pour Ses bénédictions, Sa faveur, Sa grâce et Sa miséricorde envers notre nation".

Mais de l'autre, les religieux présents au conseil d'administration de l'édifice ont démissionné les uns après les autres. Deux d'entre eux, l'archevêque Nicholas Duncan-Williams et le révérend (mégalomane) Joseph Eastwood Anaba, expliquaient ainsi leur geste, dans une lettre ouverte il y a un peu plus d'un an :

"En dépit de nos prières, de nos sincères espoirs et de nos souhaits, aucun audit n'a à ce jour été commandé pour restaurer la confiance du public dans ce projet conséquent. Nous le déplorons. Par conséquent, nous avons le regret de vous soumettre notre démission […] C'est une question de conscience et de foi."

Le site internet de la cathédrale est, lui, toujours en ligne. Avec toutes ses promesses (un auditorium permanent de 5 000 places pouvant tripler sa capacité d'accueil, plusieurs chapelles dont une baptismale, un centre de conférence, un restaurant, une salle de bal [sic], une aire dédiée aux chœurs et à la musique, une crypte nationale et un musée religieux, le tout enclos dans un parc ou, plus exactement, dans des "jardins bibliques" de 3,5 hectares).

Mais surtout —bonne nouvelle si vous allez à l'église plus pour la quête que pour la communion— avec une page d'accueil entièrement dédiée à faciliter les donations.

Après tout, "vos dons nous aident à montrer l'importance des Africains dans la Bible. Ils participent à honorer Dieu et à créer un monument à la liberté religieuse, qui est aussi une infrastructure iconique pour la cohésion nationale".

La somme suggérée est de 250 $, renouvelables mensuellement.

BBC

Votre horoscope tribal

Le signe de la semaine : Maçon

Une assemblée de dignitaires saoudiens face à la tour de Djeddah en construction
© Kingdom Holding Company

Le BTP, au fond, c'est un peu comme les volcans d'Auvergne. : un chantier s'éteint, un autre s'éveille. Celui de Djeddah est un peu plus banal que le précédent : il s'agit de bâtir la tour la plus haute du monde. Il était plus que temps de reprendre cette saine occupation. Mais on a eu chaud (littéralement pour commencer, parce que la sauterie de la semaine avait lieu à Djeddah en Arabie Saoudite).

Rendez-vous compte : aujourd’hui, la tour la plus haute du monde —la Burj Khalifa de Dubaï— ne mesure que 828 mètres. Non seulement c'est nul mais surtout, elle les a atteints en janvier 2009. Et depuis ? Rien. Pas un building pour la dépasser. Pas un magnat prêt à battre le record. Comme si l'humanité avait arrêté de vouloir faire mieux que le voisin. Je ressens d'ici votre déception.

Heureusement, quand on perd espoir, il y a toujours l'Arabie Saoudite pour vous donner le sourire, parfois même sans vous égorger. La nouvelle tour la plus haute du monde jusqu'à la prochaine s'élèvera donc à Djeddah. Quand ? On l'ignore : sa construction n'en finit pas. Le consortium qui pilote le projet, la Jeddah Economic Company, espère une inauguration fin 2028. Mais il y a du retard.

Lancé en 2011, le gratte-ciel qui vise les 1 000 mètres de hauteur (157 étages desservis par 59 ascenseurs) a vu ses travaux interrompus en 2017 quand, vous vous en souvenez peut-être, le Prince héritier Mohammed Ben Salmane s'est lancé dans une série d'arrestations anticorruptions qui n'ont pas épargné les plus grands du royaume.

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