Chère lectrice, cher lecteur,
permettez-moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, d’une noire promesse, d’un scandale atroce, mais français, de maquettes japonaises, d’une école au top, d’artistes magiques, de reggaeton et des pensions de la guerre d’indépendance américaine.
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La course de la semaine
Les aurez-vous à l’œil ?

Il y a une série de jeux vidéo qui s'appelle Fallout. Celui dont je vais parler ici se passe en 2 277, bien après que la guerre atomique a ravagé le monde.
C'est le numéro 3. Sorti en 2008 (environ un mois et demi après la méga crise financière, c'est amusant), il se passe à Washington D.C. J'ai beaucoup parcouru les terres dévastées de la capitale. Ses couloirs de métro, envahis par les cafards géants. Ses hameaux, improvisés dans les ruines. Ses plus beaux sites touristiques : le Capitole, saccagé, la Maison Blanche, effondrée, la promenade, une sacrée salade, une vraie zone de guerre.
C'est une belle période de ma vie. Il y avait des moments dangereux mais, globalement, les gens étaient plutôt sympas. La vie s'organisait autour des préoccupations éternelles de notre espèce —le quotidien, la famille, l'amour, le commerce, le bon temps. Il fallait se méfier des esclavagistes et des nostalgiques du Vieux Monde, qui aspiraient à transformer ce royaume anarchique et irradié en état policier, mais on pouvait toujours passer un moment chez Agatha, une affable violoniste octogénaire, co-écrire avec Moira Brown l'introduction à son Guide de Survie des Terres Dévastées ou, les jours fastes, se restaurer d'un bon ragoût d'écureuil, assise sur un vieux panneau publicitaire, les yeux perdus sur le ciel verdâtre, ou sur le Potomac et ses berges plantées d'arbres secs.
L'un de mes meilleurs souvenirs, c'est mon expédition aux Archives Nationales. L'architecture néo-classique du bâtiment, typique des centre-villes de la Nouvelle Angleterre, était plutôt bien préservée. On y sentait tout le poids de l'histoire. Mais aussi et surtout le dévouement des âmes qui au long des siècles ont maintenu vivante la mémoire même de la Fédération. Belle manière de survivre par-delà le temps.
Eh bien, aujourd'hui, ça pourrait être vous, ces petites mains de la conservation, ces fourmis de la postérité. Du moins, si vous n'êtes pas trop jeune. Eh oui : là, on a besoin des vieux.
C'est que, nous rappelle le magazine de design This is Colossal, depuis 2010 l'enseignement de l'écriture cursive (l'écriture à la main) n'est plus obligatoire, aux États-Unis. Taper sur un clavier ou un smartphone suffit bien pour apprendre (en fait non, j'en avais parlé ici). Et si vous n'arrivez pas à lire la carte postale de mamie, elle se fera un plaisir de vous envoyer un SMS. Résultat : progressivement, les générations ne savent simplement plus lire l’écriture cursive.
Voilà pourquoi les Archives Nationales des États-Unis, à Washington, ont besoin de vous. En urgence, puisqu'il s'agit d'une course contre la montre. Votre mission, si vous l'acceptez, consiste à décrypter les documents historiques en cursive, à les transcrire pour les rendre lisibles à destination des générations futures. Une entreprise titanesque qui entre dans le cadre plus vaste encore de la numérisation totale du catalogue, et pour laquelle on ne peut pas avoir trop de petites mains.
Bon, il faut des petites mains avec de bons yeux. Et il vaut mieux une certaine familiarité avec l'anglais : lire une écriture étrangère du XVIIIème siècle présente quelques défis.
En ce moment, les besoins en bras et en pupilles se font surtout sentir pour déchiffrer le vaste dossier des pensions de guerre consécutives à la guerre d'indépendance du pays contre l'Angleterre. "Les histoires de plus de 80 000 hommes et femmes qui ont traversé la Révolution américaine n'attendent que d'être racontées. Les aiderez-vous ?", écrivent les Archives Nationales sans crainte de culpabiliser. C'est d'ailleurs de ce dossier que sont tirées les deux images d'illustration ici (les demandes sont celle d'un certain Charles Hart, de Caroline du Nord, en haut, et d'un nommé James Lucas, de Virginie, juste ici).
"Chaque fichier est associé à un survivant de la guerre d'indépendance, ou à sa veuve, ou à ses enfants, qui ont adressé une demande de pension en raison de son service au cours du conflit (1775-1783)", rappelle encore le site. L'invitation à plonger dans ces récits et ces destinées tout en rendant service à la grande FUCKING AMERICA est tentante, non ? Même si les lignes d'écriture ne sont pas vraiment votre truc : vous pouvez aussi aider en décrivant les dossiers à l'aide de mots-clés (comme "Battle of Bunker Hill", Siege of Boston" ou "Camp Life" puisque "les vétérans incluent souvent des souvenirs pittoresques de leur service").
Ce travail ardu et pointilleux, mais essentiel, est évidemment bénévole. Il est aussi sans contrainte aucune : on commence où on veut, on arrête quand on veut. Il suffit de se rendre sur la page dédiée et hop, on peut se lancer et rejoindre, le temps qu'on voudra, le programme "Citizen Archivist".
C'est quand même beaucoup plus simple que de mon temps, en 2 277. À l'époque, il fallait traverser la moitié de la ville effondrée, en n'ayant comme promesse de halte, sur la route, qu'un refuge aménagé dans les sous-sols du musée d'histoire naturelle. Heureusement, leurs brochettes d'iguane y étaient fondantes à souhait.
Citizen Archivist via This is Colossal
Votre horoscope tribal
Le signe de la semaine : Pelle
Ça va, ça creuse ? Pas si vous êtes au Mozambique, où la tragédie du GNL, le gaz naturel liquéfié, a décidé de s'éterniser encore un peu. Ainsi que nous l'apprend Reuters, cité par Boursorama : TotalEnergies annonce reporter encore, sans date précise, son projet de GNL au Mozambique. Le groupe espérait reprendre fin 2024 la construction du terminal d'extraction de Cabo Delgado, afin qu'il soit opérationnel en 2029. Mais non. Une seule certitude à ce stade : le GNL mozambicain, ce ne sera pas en 2029.
Une info qui fait écho à une alerte assez claire, récemment émise par l'AEC, l'African Energy Chamber. Cette Chambre Africaine de l'Énergie, si l'on veut parler français, croyait bon de rappeler fin décembre :
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