Chère lectrice, cher lecteur,
permettez-moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, de bahts à foison, de tortues des marais, d’Afghanes sans peur, de tanks, d’arbres, de teintures et d’un sacré haka.
NB : si le mail apparaît tronqué par votre boîte, vous pouvez le “Lire dans le navigateur” en cliquant sur le lien haut à droite.
Le haka de la semaine
Le haka de la semaine a eu lieu au Parlement de Nouvelle-Zélande. Telle fut la réponse de la députée Hana-Rawhiti Maipi-Clarke quand lui fut demandé si son groupe parlementaire soutenait le projet de loi porté par un crétin du nom de David Seymour. Dehors, dans un même esprit de défiance, les Maoris défilaient par milliers après avoir traversé tout le pays, au terme d'une marche nationale de 9 jours.
Il est donc temps de faire plus ample connaissance avec cet abruti de David Seymour. C'est le leader de ACT, le parti politique issu de l'Association des Consommateurs et Contribuables. Défini par Wikipedia comme "un parti de droite, de libéralisme classique, libertarien de droite et conservateur", pas moins, il a besoin de faire parler de lui. Avec ses 11 députés, il ne tient qu'une position minoritaire au gouvernement. Il faut changer cela.
Pour se faire connaître, cet idiot de David Seymour a d'abord inventé un nouveau poste, le ministère de la Régulation ("la police des formalités et de la bureaucratie", comme il l'appelle) quand la droite a repris le pouvoir dans le pays. Puis il a commencé à faire le tour des écoles en expliquant qu'il fallait songer à mettre fin à la politique des repas gratuits à la cantine destinés aux enfants défavorisés. Des positions provocatrices qui ont particulièrement alarmé la communauté Maori, principale bénéficiaire de ce qui est d'abord perçu comme une aide à l'enseignement et à la scolarisation.
Ça faisait parler mais, clairement, ça ne suffisait pas. Alors il a décidé d'aller plus loin, en soumettant un projet de loi qui consiste à réécrire complètement le document fondateur de la nation, le traité de Waitangi. Signé en 1840 par des représentants de la Couronne britannique et des émissaires des tribus Maoris, il codifie les rapports entre les peuples indigènes et le colonisateur. Il acte ainsi, de fait, la naissance de l'État de Nouvelle-Zélande (Aotearoa dans la langue du coin). C'est ce traité qui a permis aux Maoris de préserver leur culture jusqu'à aujourd'hui. En les faisant bénéficier d'égalité devant la loi, il a rendu possible, aussi, les recours face aux discriminations qui, malgré de nombreux progrès ces dernières années, les frappent toujours.
La proposition de Seymour, c'est donc de reprendre ce texte et de le vider de sa substance en remplaçant, à chaque occurrence, le terme "Maori" par "personne". C'est un peu comme si on ajoutait en préambule à la Constitution "Ce sont plutôt là des orientations générales, à ne pas prendre au pied de la lettre, hein". "Tout ce que ces principes ont en commun", a expliqué l'autre courge, "c'est d'accorder aux Maoris des droits différents de ceux des autres Néo-Zélandais". "Ce qui est, aux yeux des défenseurs du traité, exactement son but", explique Associated Press :
"Au milieu du XXème siècle, les pratiques de la culture et de la langue indigène s'étaient effondrées. La plupart des territoires tribaux avaient été confisqués. Les Maoris étaient désavantagés sur tous les plans. Puis le mouvement de protestation des autochtones a commencé à se faire entendre, dans les années 1970. Les législateurs, comme les tribunaux, ont peu à peu rétabli ce qui était garanti par le traité : un véritable partenariat avec la Couronne, la participation aux processus de décision, la protection de leurs intérêts.
Ce travail s'est manifesté sous de multiples formes. La restitution de terres d'une valeur de plusieurs milliards de dollars, la reconnaissance de la langue Maori, une représentation garantie dans les instances centrales et locales, ou encore diverses tentatives pour mettre un terme, par la loi, aux inégalités criantes qui affectent encore les peuples indigènes".
Le projet de cette vieille bique de David Seymour est passé en première lecture —malgré le haka de l'opposition (qui a conduit à l'expulsion de la députée pour 24 heures et à une suspension de séance). Mais il devrait arrêter ici sa course : le Premier Ministre Christopher Luxon a tenu à faire savoir que, en échange du soutien de ACT à sa coalition, il s'était engagé à ce que son bachi-bouzouk de ministre ait certes le droit de se faire un peu de pub, mais pas plus : aucun autre parti ne soutiendra l'adoption du projet au-delà de la première lecture : "Jeudi dernier, le Premier Ministre expliquait à des journalistes que les principes du traité ont fait l'objet de négociations et de débats pendant 184 ans, et qu'il était "simpliste" de la part de Seymour de suggérer que ces discussions puissent être résolues "d'un trait de plume"".
Seymour ne s'est pas depuis exprimé sur le sujet, à ma connaissance. Il s'est contenté de condamner mollement la pratique du haka en séance de l'Assemblée, estimant que c'est une façon de couper court au débat (à un débat dont personne ne veut, aurait-il pu ajouter). Mais il n'a guère eu le loisir de s'attarder sur le sujet, devant, je suppose, filer rapidement chez le psy pour travailler sur la haine de soi : Seymour est lui-même un Maori.
Votre horoscope tribal
Le signe de la semaine : Senior

Le gouvernement a une bonne nouvelle pour vous. Mais non, pas en France évidemment ! En Thaïlande. Le ministre des Finances Pichai Chunhavajira vient en effet de confirmer le versement prochain de 10 000 baht à 4 millions de retraités. Ça fait près de 300 euros par personne, tout de même. Pour être éligible, les critères sont assez simples : il faut avoir plus de soixante ans, et moins de 70 000 baht de revenus annuels (et pas plus de 500 000 en économies sur son compte bancaire).
Continuez votre lecture avec un essai gratuit de 7 jours
Abonnez-vous à Un Jour En Plus pour continuer à lire ce post et obtenir 7 jours d'accès gratuit aux archives complètes des posts.