Chère lectrice, cher lecteur,
permettez-moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, de nano-satellites, de natations artistiques, de fœtus performants, d’un beau moteur, de cinoche, du plus historique des carrés noirs, de grenouilles collantes et de la déesse aztèque de la fertilité.
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Le mot de la semaine
La P*** irrespectée

Où se cache Ana Gallardo ? On l'ignore. Pas au Musée Universitaire d'Art Contemporain de Mexico (MUAC), ça c'est certain.
Il y a encore quelques jours pourtant, si. L'artiste argentine y avait été invitée, de mi-août à mi-décembre, pour exposer Tembló acá un delirio ("Ici tremblait un délire", me dit Google Trad), "une rétrospective de 20 années de production de l'artiste basée au Mexique, organisée en collaboration avec le Museo Centro de Arte Dos de Mayo de Madrid (CA2M)", explique El País).
Parmi les œuvres exposées, deux ont posé problème, portant sur le même sujet. Une polémique qui n'est pas sans rappeler les nôtres, mais faisant intervenir des acteurs et surtout des actrices moins habituées à nos gros titres : les travailleuses du sexe. Des histoires, des personnes et des parcours que Gallardo a souhaité mieux comprendre… sans semble-t-il y être bien parvenue.
Pour cette recherche, elle est passée par la Casa Xochiquetzal, qui tire son nom de la déesse aztèque de l'amour et de la fertilité. Une maison de soutien pour les femmes âgées ayant exercé la prostitution (le travail du sexe est légal au Mexique —comme d'ailleurs en Argentine, pays dont est originaire l'artiste).
"La mission de la Casa Xochiquetzal est de procurer nourriture, logement, soins médicaux et psychologiques et éducation aux femmes qui ont gagné leur vie par le commerce sexuel. Je n'avais jamais entendu parler d'un tel abri auparavant", racontait cet été Niemann Reports, la Fondation pour le Journalisme de l'université d'Harvard. "Ouverte en 2006, elle est le fruit d'un effort commun entre le gouvernement municipal de Mexico qui fournit le lieu et l'alimentation, et d'une ONG créée par des femmes intellectuelles et artistes de premier plan qui ont levé les fonds pour apporter tout le reste. Il n'y a pas d'équivalent dans toute l'Amérique Latine. Au long de ces 18 années, plus de 250 femmes ont pu bénéficier de ces aides, lesquelles commencent le plus souvent par leur obtenir une carte d'identité, point de départ indispensable aux aides sociales ou à l'exercice de leurs droits. Certaines des pensionnaires apprennent ensuite d'autres pratiques, comme la fabrication de bijou ou de pain, voire se lancent dans de petites entreprises, comme la vente de bonbons ou de cigarettes dans les rues voisines. D'autres restent dans le commerce sexuel".
L'artiste espérait que ce genre particulier de maison de retraite l'aiderait à mieux connaître ces femmes et leurs difficultés. Elle s'est lancée sans savoir encore, avant son enquête, quel genre de travail elle en tirerait. Elle en a surtout gardé une acrimonie évidente contre le projet et ses responsables, comme le laisse deviner le titre de l'œuvre Extracto para un fracasado proyecto, 2011-2024 (l'origine latine commune à nos deux langues me dispense ici, je crois, de la traduction), que l'on pouvait récemment découvrir au MUAC, le Musée d'Art Contemporain de Mexico. Elle était accompagnée d'une brève vidéo de la façade de la Casa, sans titre (enfin, si : elle s'appelle Sin título, 2011, ce qui ne ressemble pas à une déclaration d'amour ou à une ode à la déesse Xochiquetzal).
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