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L'Édition du 15 février

Des Philippines à l'Australie en passant par la Bretagne et la Bosnie

févr. 15, 2025
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Chère lectrice, cher lecteur,

permettez-moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, de marsupiaux, de pieds, d’un crooner pas comme il faut, de photos souvenirs, de pleins tableaux, de deux-trois mots et d’un divorce.

NB : si le mail apparaît tronqué par votre boîte, vous pouvez le “Lire dans le navigateur” en cliquant sur le lien haut à droite.

La loi de la semaine

Un combat pour le divorce

Des militants philippins pur le droit au divorce posent devant une banderole lors d'une manifestation
Banderole de la Divorce Pilipinas Coalition

Aux Philippines comme au Vatican, et nulle part ailleurs, le divorce est interdit. Non, c'est mal dit. Plus exactement : il n'est pas reconnu par la loi. Il n'existe pas. Une fois le contrat de mariage signé, c'est à vie. Quelle que soit la vie.

Seule voie de sortie : l'annulation du mariage. Au Vatican, je ne sais pas mais aux Philippines, il faut prévoir plusieurs milliers de dollars en frais de justice, bien au-dessus du salaire annuel moyen, et ne pas trop miser sur la compassion du juge. Le processus est lent, strict et complexe : c’est une véritable enquête avec experts, documents, témoins et audiences au tribunal régional. On examine si, par exemple, l'un des époux était déjà marié au moment des noces, ou était en-dessous de l'âge légal (18 ans avec le consentement des parents, 21 ans sinon). L'incapacité psychologique à comprendre ce que l'on a signé, le fait d'avoir agi sous l'intimidation ou la fraude, les maladies vénériennes graves et incurables ainsi que le manquement au "devoir conjugal" font partie des motifs d'annulation. Tout comme la relation incestueuse. Pas si un membre du couple pratique ensuite l'inceste, non. Seulement si l'on peut démontrer en justice que le couple en lui-même est incestueux.

Mais la violence domestique, pas plus que l'abandon ou l'infidélité, ne peuvent justifier une séparation.

C'est dans ce piège qu'est enfermée Avelina Anuran, une vendeuse de légumes d'une cinquantaine d'années, mère de deux enfants et victime de coups et blessures, infligés à répétition par son mari. Ils ne vivent plus ensemble, elle ne peut pas se remarier. Elle est encore officiellement rattachée à lui pour tout acte légal —il touchera ainsi la moitié de son assurance-vie lorsqu'elle décédera. Avelina Anuran est évidemment loin d'être la seule dans ce cas, mais elle est devenue l'un des visages du combat pour la reconnaissance du divorce depuis qu'elle a raconté son calvaire devant le Sénat, il y a plus de 7 ans maintenant, certificats médicaux à l'appui.

À l'époque, en 2018, une première proposition de loi avait été soumise au Sénat philippin, qui l'avait aussitôt enterrée. En 2024, un nouveau projet a été voté par le Chambre des Représentants, conformément aux engagements de campagne du Président Ferdinand Marcos Junior, élu en 2022. Et comme précédemment, son examen a ensuite été repoussé par la Chambre Haute, encore et encore, jusqu'à la clôture de sa session parlementaire cette semaine. Les prochaines élections sénatoriales, le 12 mai, renouvelleront la moitié des 24 sièges. Ce n'était donc pas tellement le moment, aux yeux des élus, de contrarier les autorités catholiques dans un pays où 80 % des 117 millions d'habitants appartiennent à cette confession.

Plus de 40 organisations religieuses ont ainsi constitué en juin dernier la Super Coalition Contre le Divorce (oui oui, c'est bien son nom). Selon Rosie B. Luistro, présidente de la Fondation Familiale des Philippines, citée par la chaîne publique australienne ABC, "le phénomène de pente glissante, lorsque la mentalité du divorce gagne la société et menace la stabilité du mariage et de la vie de famille, est inévitable dans une communauté qui l'autorise […] Le divorce est une erreur, partout, tout le temps, pour tout le monde."

La Super Coalition contre le Divorce pose, après la messe, dans une église
La Super Coalition contre le Divorce.

ABC résume assez simplement les origines du blocage :

Pourquoi le divorce est-il illégal ?

En un mot : le catholicisme.

La religion est arrivée avec les Espagnols, quand il ont colonisé l'archipel au XVIème. siècle […] Bien que l'Espagne ait légalisé le divorce en 1981, c'est un héritage qui perdure aux Philippines […], le troisième plus grand pays catholique au monde après le Brésil et le Mexique.

[…]

Les musulmans, qui représentent 6,4 % des habitants, ne sont pas concernés par l'interdiction du divorce. L'ancien Président Ferdinand Marcos a promulgué en 1977 le Code Personnel Islamique, inspiré par la charia. Celui-ci reconnaît le divorce. Mais pour la vaste majorité de la population —catholiques ou représentants des autres minorités religieuses, comme les protestants ou les bouddhistes— mettre légalement fin à un mariage est hors limites.

Alors que s'ouvre la campagne sénatoriale, et que les études d'opinion les plus récentes voient une majorité, mais faible, en faveur de la reconnaissance du divorce, les deux camps se préparent.

L'AFP est allée à leur rencontre :

Pour le Père Jerome Secillano, de la Conférence des Évêques Catholiques des Philippines, le divorce contrevient aux lois de l'Église sur le mariage et mènera à la destruction des familles. "Nous verrons plus de couples se séparer. Nous verrons des enfants qui ne sauront pas où aller", assure-t-il. Il affirme également que le nombre de victimes de violences conjugales "doublerait", puisque les hommes divorcés auraient "une deuxième chance d'être à nouveau violents" envers leur nouvelle épouse.

Ça se tient, y a pas à dire. C'est imparable, la logique.

De l'autre côté, on trouve une co-rédactrice du projet de loi, la députée, Arlene Brosas du Parti Gabriela des Femmes, créé en 2003 par une confédération d'associations féministes et ainsi nommé en référence à la révolutionnaire indépendantiste du XVIIIème siècle Gabriela Silang.

La députée Arlene Brosas en session parlementaire
Arlene Brosas. © ASEAN Parliamentarians for Human Rights.

Elle juge "inacceptable" que le Sénat ait refusé de s'emparer de cette mesure, compte tenu de "la forte demande publique". Elle promet que son parti soumettra à nouveau la procédure au Sénat, dès sa prochaine session qui s'ouvrira en juillet prochain.

"Nous continuerons à nous battre pour ce texte, quelle que soit la composition du Sénat et de la Chambre des Représentants", a-t-elle déclaré à l'AFP.

Avelina sera, elle aussi, du combat. Elle résume : "Personne ne recule. Que l'on gagne, que l'on perde, le combat continue".

Une formule qui pourrait s'appliquer à d'autres banderoles, ailleurs et longtemps.

Dépêchez-vous de la déposer.

AFP, via le Manila Standard

Votre horoscope tribal

Le signe de la semaine : Wallaby

Une équipe de scientifiques décidée à réintroduire le wallaby sur l'île Flinders en Australie
L'équipe du Projet Flinders Island Safe Haven. © SA Department of Environment and Water.

"La crise de la laine de 1990-1991 fut un cas d'école, spectaculaire, en matière de mauvaise gestion économique, dans lequel une industrie s'est infligée à elle-même (et à d'autres) des coûts massifs, par une série d'actes dont la bêtise était tellement évidente qu'elle semble parfaitement volontaire."

C'est par ces mots que David Pannell, économiste spécialisé en agriculture et co-directeur du Centre d'économie et de politique environnementale d'Australie Occidentale, attaque son analyse de la crise qui a détruit pour de bon le business de l'élevage de mouton dans tout le pays. Crise qui aurait dû ruiner Peter Woolford, si celui-ci n'avait pas eu de la ressource pour faire fructifier autrement ses investissements.

La famille de Peter a fait fortune dans le commerce de la laine, dans lequel elle s'était lancée à la fin des années 1970. J'écris “fortune” sans hésiter, parce qu'on parle fortune au point de s'acheter une île déserte, tout de même. L'île Flinders en l'occurrence, au large de la Tasmanie. Certes, c'est un peu loin des commerces, et il n'y a pas grand chose à faire, à part du surf (et élever des moutons jusqu'à ce que votre gouvernement mette tout par terre), mais tout de même.

On détaillera une autre fois la crise de la laine australienne (il faudrait d'abord que je lise Breaking the Sheep's Back, une enquête de 400 pages que son éditeur résume comme "le récit d'une filouterie politique et de trahisons à une échelle colossale", "l'histoire du plus grand raté de l'histoire de l'entreprise australienne […], un scandale politique qui implique les cabinets ministériels de six gouvernements fédéraux"). Ça a l'air rigolo mais ça n'est pas le sujet du jour.

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