En passant par l'Australie, avec mon chapeau
Soleil, ambassades, économie et pigeons
Bonjour,
permettez-moi de vous souhaiter une excellente semaine en compagnie, aujourd’hui, de panneaux solaires illuminés, d’une ambassade abandonnée, d’un cours d’économie gratuit et d’un chapeau à rayures.
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Bonne lecture !
Du soleil dans le porte-monnaie
En Australie, il fait tellement beau qu’il y a du soleil à revendre. Littéralement ? Non. Littéralement, il y a plutôt du soleil à donner.
Aimez le pays, détestez-le, comme vous voulez. Il a ses petites contradictions. Cet immense producteur de charbon est dans le même temps violemment frappé par le changement climatique avec des incendies chaque année plus grands, plus nombreux et plus longs. Alors il s’adapte. Pas sans hypocrisie, hein, ne rêvons pas : l’Australie demeure en tête des pays exportateurs de charbon. Mais pour les usages domestiques, elle a entamé sa transition.

Le mouvement s’est amplifié depuis la défaite du gouvernement de Scott Morrison. Ce sexagénaire un peu terne, pâlot, aux courts cheveux gris (et qui s’était nommé secrètement ministre de la Santé, des Finances, de l’Industrie, de l’Intérieur et du Budget) a perdu les élections législatives en mai 2022 face à une coalition de gauche. Les Écologistes sont parvenus à multiplier leurs sièges par 4 (c’est-à-dire qu’avant ils en avaient 1 mais que maintenant ils en ont 4). Le Premier Ministre travailliste Anthony Albanese, un sexagénaire peu charismatique avec son teint fade et ses courts cheveux gris ne nie pas, pour autant, l’importance des enjeux environnementaux. Cet automne, il s’est engagé à réduire les gaz à effet de serre de 62 à 70 % en 2035, par rapport à leurs niveaux de 2005. Il dit aussi viser le zéro émissions pour 2050 (ce qui reste tard de l’avis des observateurs).
Le pays bénéficie pour cet effort d’un certain volontarisme à la fois professionnel et citoyen, aidé d’un programme de subventions. Un récent rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie estime que les 5,2 GW d’énergie solaire implantés en 2024, qui portent le total de la capacité solaire à 40 GW (l’équivalent des 2/3 de la production nucléaire française) est le fruit de cet élan collectif. Photovoltaic Magazine (puisqu’il y a des magazines pour tout) décrit :
Les installations à grande échelle de 5 MW et plus représentent 2 GW. Les équipements sur les toitures résidentielles, commerciales ou industrielles pèsent pour 3,2 GW de ce total.
En 2024, le nombre de panneaux solaires a aussi dépassé, en une seule année, le total cumulatif de toutes les installations de ce type posées avant 2016 (et qui était de 5,1 GW).
[…]
Pour le solaire sur toit, l’Australie dépasse la plupart des nations. 44 % des maisons individuelles sont équipées, voire 50 % dans le Queensland et l’Australie du Sud.
Le pays s’est couvert de panneaux solaires assez vite pour que le ministre de l’Énergie et du Changement Climatique, Chris Bowen, se permettre d’annoncer ce mois de novembre une assez bonne nouvelle pour les électrices et électeurs de tous bords : à partir de juillet 2026, les foyers australiens, qu’ils disposent ou non de panneaux solaires, pourront bénéficier de 3 heures d’électricité gratuite par jour, entre 11H et 14H00. Le programme “Solar Sharer” débutera par les provinces du sud (Nouvelles Galles du Sud, Australie du Sud et la zone sud-est du Queensland) et si l’essai est concluant, l’initiative sera en 2027 étendue à toute la nation.
Le calcul est plus logique que généreux : il s’agit d’aiguiller la consommation électrique des particuliers vers les horaires où l’énergie est la plus abondante. En plein jour, donc. C’est aussi un simple effet d’offre et de demande. Ici, l’offre, ce sont les photons qui tombent en déluge sur le pays quand le soleil est au zénith, sans que l’on puisse les contrôler. La demande peut à l’inverse se déplacer.

“Ce plan nous aide également à mieux gérer le réseau nocturne, car on transfère l’utilisation électrique de la nuit, quand elle est plus chère puisque produite par le charbon et le gaz, vers le jour où elle est alimentée par l’énergie renouvelable”, explique Bowen. Basculer la demande d’électricité depuis la soirée vers le milieu de la journée et ainsi ne plus la payer.…Faut-il parler de révolution copernicienne ?
Insistons : ces 3 heures gratuites, ce sera pour tout le monde. Le principe, c’est le partage, nous explique Reuters :
Environ 4 millions de foyers ont des panneaux photovoltaïques sur leur toit. Les midis et après-midis ensoleillés peuvent fournir tellement d’électricité que les prix atteignent des valeurs négatives, alors que la demande est à son pic plusieurs heures plus tard, mettant le réseau à rude épreuve. Les ménages, même ceux qui vivent en appartement, auront accès au programme même en l’absence d’équipement solaire.
Le programme SSO (Solar Sharer Offer) requerra tout de même de se porter volontaire et nécessitera la pose d’un compteur intelligent.
“Les gens qui peuvent basculer leur consommation dans la période de zéro coût en bénéficieront directement, qu’ils aient ou non des panneaux solaires, qu’ils soient propriétaires ou locataires. Plus il y a aura de participants, meilleur ce sera pour le système, cela contribuant à diminuer les prix de tout le monde”.
Chris Bowen, ministre de l’Énergie et du Changement Climatique australien.
On approche du monde où l’on pourra charger sa voiture directement au soleil. Voilà au moins un point qui vient faire mentir Mad Max, c’est toujours ça de pris.
C’est à se demander s’il n’y aurait pas une certaine logique à partager une ressource commune mais inégalement répartie, surtout quand c’est la seule solution pour préserver le fragile équilibre naturel qui rend la vie humaine possible. Dommage que personne ne connaisse la réponse à cette question.
Le terrain vague avait de grandes oreilles
Restons en Australie, où la Russie perd du terrain. Ça peut paraître étonnant car les frontières y sont peu partagées. C’est parce que, sous l’équateur, le pays d’Eurasie se heurte à un autre de ses ennemis irréductibles (après Mylène Farmer et Freddie Mercury) : le droit.
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