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Elton John nous sauvera-t-il de l'I.A. ?

Et nos astuces pour profiter d'Athéna dans toute sa splendeur

mai 24, 2025
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Chère lectrice, cher lecteur,

permettez-moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, d’Elton John et de 400 artistes anglais, au moins, d’Athéna (victorieuse), de Greg Coleman, de tous les gens et de langues au chat.

NB : si le mail apparaît tronqué par votre boîte, vous pouvez le “Lire dans le navigateur” en cliquant sur le lien haut à droite.

Mode

Elton John, chef rebelle

Retrouvant le pouvoir après 15 ans d'absence, le parti travailliste anglais s'est empressé de se mettre à dos les minorités sexuelles, les antiracistes, les défenseurs des libertés civiles, les écolos, 10 millions de retraités et, ça vient de tomber, des dizaines de milliers d’enfants pauvres.

Ne restait plus qu’à apposer à ce tableau de chasse les scalps des artistes et passionnés d'art. Mais ça vient, ainsi que s'en est alarmé récemment Sir Elton John dans une interview exclusive à la BBC.

Elton John en grosses lunettes à diamant, bonnet en laine et chemise lulticolore dans le clip "I-Pinball Wizard", des Who
“Pinball Wizard”, des Who.

"Ce sont des losers complets, et je suis très en colère".

Sir Elton John au sujet du gouvernement anglais.

Le plus célèbre des champions de flipper (je ne raterai jamais l'occasion d'ajouter un lien vers une vidéo psychédélique) a pris la parole dimanche soir, dans une interview exclusive pour la BBC. Il tient à alerter ses concitoyens contre un nouveau mauvais coup du gouvernement. Celui-ci se situe dans le cadre des réglementations accompagnant le développement des intelligences artificielles génératives (ces sites et logiciels qui peuvent générer images, vidéos, textes, musiques et chansons à la volée, comme ChatGPT). Leur principe est de puiser dans les créations précédentes, toutes les créations de l'histoire, toutes numérisées et mises en ligne au cours des dernières décennies, et donc toutes à disposition des machines. Lesquelles ne demandent qu'à voler et s'approprier ces œuvres, ces styles, ces iconographies, pour les imiter à l'infini.

Le drame menace aussi bien les amateurs et amatrices d'art que les créateurs et créatrices. Partout (absolument partout), il revient donc aux gouvernements d'arbitrer entre les desiderata du secteur technologique, qui veut pouvoir voler, encore et encore, et les besoins des artistes, dont —nous finirons par nous en rendre compte un jour— nous avons besoin pour vivre.

Sans surprise, les investisseurs et PDG séduisent plus franchement les dirigeants que peuvent le faire rêveurs et artisans. L'Angleterre de Sir Keir Starmer (oui, lui aussi est "Sir", de là à imaginer un duel à l'épée entre Sir Elton et Sir Keir, il n'y a qu'un pas) ne fait pas exception à la règle… Même si la résistance est un peu plus solide que prévu.

Elton John en mineur britannique dans le clip "Cry to Heaven"
"Cry to Heaven".

La question, c'est celle des données : sans données, pas d'I.A. Or elles sont un peu partout, et soumises à des régimes juridiques variés et vacillants, depuis nos données personnelles éparpillées entre sociétés privées, réseaux sociaux et services gouvernementaux, jusqu'aux œuvres de l'esprit disponibles sur le Net (comme par exemple les clips d'Elton John, tous les extraits ici proviennent de sa chaîne YouTube officielle).

Réguler tout ça est l'objet de la "Data bill", "la loi Données", que le gouvernement a présenté en octobre dernier. Outre la simplification, voire l'annulation, de mesures de protection des données personnelles pour les entreprises et les organisations (des protections décrites par le gouvernement comme autant d'inutiles "cases à cocher"), la Data bill imagine un système simple pour la question du droit d'auteur : les œuvres seraient par principe considérées à la disposition des robots et des entreprises de la Tech. À charge de leurs propriétaires et auteurs, ensuite, individuellement, de "opt out", c'est-à-dire de retirer leurs travaux des machines et de faire savoir qu'ils ne souhaitent pas que leurs créations soient intégrées aux I.A. Ce qui est assez vain puisqu'il suffit d'une fraction de seconde pour "aspirer" une œuvre et que, une fois que celle-ci a entraîné un modèle, eh bien, c'est fait.

Et, d'ailleurs, ça a déjà été fait, pour tout ce qui existe à l'instant T.

Mais…

Mais sur la route, il y a Lady Kidron.

Anoblie en 2012 avec le titre de baronne, Beeban Kidron est une réalisatrice de télé et cinéma. Son œuvre le plus connue, Bridget Jones : The Edge of Reason, n'a pas l'air terrible. À l'inverse de sa détermination à défendre ses pairs.

Portrait de Lady Beeban Kidron, femme élégante et souriante aux longs cheveux châtains
Lady Beeban Kidron, paire d'Angleterre et réalisatrice de "Bridget Jones 2". CC Roger Harris / Galerie du Parlement / Wikimedia Commons.

Une fois voté devant l'Assemblée, le projet est arrivé devant la Chambre des Lords (l'équivalent de notre Sénat) et sous les yeux de Kidron. Celle-ci est parvenue à convaincre ses collègues d'ajouter un amendement délicieux, dit "de transparence" et voté par 272 voix contre 175, exigeant que les entreprises de technologie déclarent quelles créations artistiques ont déjà été utilisées pour entraîner les modèles. Cet amendement permettrait ainsi aux artistes de les attaquer en justice, puisque ces œuvres sont censées être, pour l'instant, protégées. Et la liste des artistes en colère est longue. En témoigne un album intégralement silencieux et signé de plus d'un millier de musiciens (dont Kate Bush, Damon Albarn, Cat Stevens ou Hans Zimmer). Titré Is this what we want ?, il comporte douze titres, épelant mot à mot : THE BRITISH GOVERNEMENT MUST NOT LEGALISE MUSIC THEFT TO BENEFIT AI COMPANIES. Il est gratuit, par exemple ici sur Spotify.

"Mes Lords, il s'agit d'une attaque contre l'économie britannique. Une attaque à l'échelle d'un secteur qui représente 120 milliards de Livres au Royaume-Uni, crucial à notre stratégie industrielle et d'une colossale importance culturelle". Lady Beeban Kidron à la Chambre des Lords, ce 12 mai.

Comme c'est l'usage, le projet est ensuite retourné devant le Parlement car les deux chambres doivent voter une version qui fasse consensus. Le gouvernement a pu faire rejeter l'amendement de transparence, sans demander aux députés de se prononcer sur le fond, en usant d'une "arcane des procédures parlementaires", selon les mots du Guardian.

Elton John en chemise brune et casquette noire, menton en avant et regard sombre, dans le clip "Fascist Faces"
"Fascist Faces".

En réponse, 400 "creative titans and industry leaders", pour conserver la charmante formulation anglaise, ont aussitôt publié une lettre ouverte, explicitement adressée au gouvernement et exigeant l'acceptation de l'amendement "puisque le premier devoir de tout gouvernement est de protéger ses citoyens". L'argument est moral, mais aussi économique : du point de vue des signataires, donner leurs œuvres aux modèles d'I.A. reviendrait à "un transfert de fonds massif" du secteur créatif, toujours prolifique en Angleterre, vers celui de la technologie et donc, essentiellement, les États-Unis.

Parmi les auteurs du courrier il y avait en effet des artistes assez doués et ayant ramené pas mal d'argent au pays, de Paul McCartney à Ian McKellen, en passant par Kazuo Ishiguro, Tom Dixon ou donc Elton John. "Je trouve fascinant qu'un gouvernement travailliste abandonne les travailleurs d'un secteur tout entier", abonde alors Kidron. "Ma boîte mail est pleine de courriers, signés aussi bien d'artistes à titre individuel que d'entreprises multinationales, vraiment déboussolés à l'idée que leurs représentants autorisent le vol à une telle échelle, et fassent les yeux doux aux voleurs."

C'est pour préparer la nouvelle présentation du texte à la Chambre des Lords qu'Elton John a dégainé. Le vote devait avoir lieu lundi dernier et la veille, dans l'interview du dimanche soir de la BBC, le musicien de 78 ans, accompagné du dramaturge de 42 ans James Graham, a lâché ses coups. "Le gouvernement est en train de voler aux jeunes générations, et leurs revenus, et leur héritage", a-t-il expliqué. "C'est criminel, c'est une trahison".

Le lendemain, l'amendement de transparence était rétabli par les Lords. Le texte doit donc à nouveau retourner devant la Chambre des Communes, dès que Starmer aura mangé ses chaussures et son chapeau.

"C'est un peu un idiot".

Sir Elton John au sujet de Peter Kyle, ministre de la Technologie.

En attendant, Lady Kidron poursuit sa campagne et appelle la population à se faire entendre. Elle décrit un gouvernement "influencé par les murmures de la Silicon Valley, qui l'incite à redéfinir le vol".

Elton John, lui, se dit "prêt à traîner le gouvernement devant les tribunaux".

Il y a encore du rock, en Angleterre.

BBC

Beauté

Athéna reçoit dès 5 heures du matin

Comment était éclairé le Parthénon ? On sait pas. La question est plus complexe qu'il n'y paraît : après tout, quand on y pense, avant, entre ses colonnes, il y avait des murs. Et, au-dessus, un plafond. Dès lors, comment on faisait pour y voir quelque chose ? On allumait la lumière ? Eh bien oui, mais pas que.

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