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Du Brésil au Canada en passant par les caféiers

Sans oublier un roi poète et la fête en Suisse

avr. 12, 2025
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Chère lectrice, cher lecteur,

permettez-moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, de Jair, d’algues pas catholiques, de caféiers, de cinéma, d’élans et d’un coyote —mais le meilleur.

NB : si le mail apparaît tronqué par votre boîte, vous pouvez le “Lire dans le navigateur” en cliquant sur le lien haut à droite.

La solitude et ses ravages

Si tu vas à Rio, n'oublie pas de saluer Bolsonaro

OSS 117 sur son canard géant pédalo, en baie de Rio
Écoutez, comme illustration j'ai ça ou sa tronche © Gaumont

Eh oui au fait, comment il va Jair Bolsonaro, l'ex-Président du Brésil battu par Lula fin 2022 ? Pas très bien semble-t-il. Selon Intellinews, la solitude lui pèse.

Son isolement aurait été aggravé par son inculpation pour tentative de coup d'État. Récemment confirmée par le Tribunal suprême fédéral de son pays, elle fait peser sur sa tête le risque de 43 ans de prison. Le dossier de 884 pages le dépeint en leader d'une bande organisée dédiée à renverser l'État pour mettre fin à la Constitution. Sept co-conspirateurs (membres de cabinets ministériels, de l'armée ou du Renseignement) sont également appelés à comparaître. Le magazine géopolitique berlinois y voit la raison principale pour laquelle ses anciens amis se détacheraient en ce moment de lui, tranquillement et sûrement.

Ça, et le fait qu'il faudra bien trouver un candidat pour la prochaine présidentielle (qui aura lieu en fin d'année prochaine). D'autant que l'ex-Président (de retour au pays après un exil volontaire en Floride), est d'ores et déjà inéligible jusqu'en 2030, pour "abus de pouvoir".

Le grand lâchage a donc commencé. Des noms évoqués pour le remplacer, trois reviennent avec insistance. Tarcisio de Freitas (gouverneur de Sao Paulo), son ancien ministre de l'infrastructure aux accointances monarchistes ; Romeu Zema (gouverneur du Minas Gerais), industriel et miraculé (tant la taille de la cuillère en argent qu'il avait dans la bouche à la naissance aurait dû l'empêcher de respirer) ; Ratinho Junior (gouverneur du Parana), fils d'un célèbre présentateur de télévision (Carlos Massa,"Ratinho" n'est que son nom de scène). Je vous préviens, l'intelligence de ce dernier est si rayonnante qu'il vous faudra prévoir des lunettes anti-éclipses pour oser descendre jusqu'à l'image.

Ratinho Junior et son air bovin, désolée mais je ne sais pas comment le décrire autrement
© Ratinho Junior / Facebook.

"Aux yeux des élites politiques, il n'est plus factuel que le nom de Bolsonaro soit la balle en argent nécessaire au conservatisme pour battre le Président Luiz Inácio Lula da Silva". Un analyste politique du magazine Valor.

Intellinews s'attarde sur l'un des signes les plus flagrants de ce "soutien en cours de fracturation", à savoir le costard que s’emploie à lui tailler "l'une de ses supportrices les plus audibles", Carla Zambelli. La députée PL (Parti Libéral, celui de l'ex-Président) s'est récemment épanchée auprès de la Folha de S. Paulo. Elle se sentirait "abandonnée" par son ancien maître. Sortez les mouchoirs :

"Je croyais qu'il me soutiendrait. Moi, je le soutiens depuis 2013. Je pense que j'ai été une des personnes qui montaient le plus au front au Congrès, pour défendre le Gouvernement et le Président […] Je m'attendais à ce que ce soit, d'une certaine façon, réciproque. Pouvoir compter sur son amitié, dans ce moment difficile."

La députée Carla Zambelli, une femme rousse aux yeux sombres et aux épaules carrées
Carla Zambelli CC Cleia Viana/Câmara dos Deputados / Wikimedia Commons

Allons bon. Elle aussi, elle vit des temps difficiles ? Oui, elle vit des temps difficiles :

La Cour Suprême a récemment trouvé une majorité pour condamner Zambelli à plus de 5 ans de prison, et pour la déchoir de tous ses mandats, après qu'elle a poursuivi un homme dans la rue, pistolet au poing, la veille de l'élection de 2022.

Pour sa part, elle conteste l'affirmation de Bolsonaro, selon qui l'incident lui aurait coûté la présidence. Elle déclare : "Ça n'a duré qu'une demi-journée. Je ne pense pas que ça ait changé l'opinion de tant de monde que ça, concernant leur vote".

La même, arme au poing dans les rues de Rio
Cliquez sur l’image pour lire la vidéo, elle vaut le coup d’œil.

En gage de bonne volonté, elle cite comme candidats potentiels de la Droite, pour la Présidentielle d'octobre 2026, les propres enfants de Bolsonaro, Michelle et Eduardo (sachant que lui-même n'a pas renoncé, malgré son procès et son inéligibilité de fait).

Alors, la vague facho, c'est du passé ? Rien n'est moins sûr car la gauche s'interroge aussi. Elle paye comme ailleurs son mépris de la jeunesse et du neuf. À 79 ans, Lula ne fait guère rêver les progressistes. Et il commence à avoir du mal à séduire les autres franges de l'électorat, en raison de sa santé fragile (opéré d'un cancer de la gorge en 2011, d'un remplacement de la hanche en 2023 et d'une hémorragie cérébrale due à une mauvaise chute l'an dernier). Pourtant il s'y verrait bien, "s'il n'y a personne d'autre".

Pendant ce temps-là, les électeurs regrettent toujours un peu plus d'avoir soutenu aussi bien Lula que Bolsonaro, selon un sondage de l'institut Travessia paru dans Estadao le week-end dernier.

Les pro-Lula se plaignent de l'inflation alimentaire, du pouvoir d'achat et de l'abandon des politiques de gauche qui ont fait sa marque. Les sympathisants de Bolsonaro condamnent le fait que celui-ci fasse passer ses intérêts personnels avant ceux du Brésil, ainsi que sa tentative de coup d'État et sa gestion de la pandémie.

Les personnes interrogées décrivent Lula comme "fatigué" et "épuisé" et Bolsonaro leur semble "arrogant" et "autoritaire". Une majorité s’accorde à dire que tous deux devraient se retirer de la politique.

Intellinews

Mode

Mais qu'est-ce que c'est que cette matière… ?

Une algue photographiée en cyanotype, en blanc sur fond bleu, par Ana Atkins au XIX° siècle
Cyanotype de l'algue brune Dictyota dichotoma par Anna Atkins (1843). CC Wikimedia Commons, Courtesy of The New York Public Library

Ceci est un cyanotype, un procédé photographique fréquemment utilisé pour représenter feuilles et plantes, dans les anciens atlas botaniques. Vous en avez déjà vu, ils sont assez fréquents et encore pratiqués. Par exemple par Mandy Barker, une Britannique originaire de Hull, petite ville au cœur de l'estuaire Humber, sur la côte est de l'Angleterre.

Un cyanotype extrêmement similaire au premier : les apparences sont trompeuses
© Mandy Barker / Gost Books

Sauf que celui-ci n'est pas d'une algue, comme le précédent, mais d'un déchet. D'un vieux vêtement industriel. La matière imputrescible obsède la photographe, depuis qu'elle l'a vue se faufiler jusqu'à la plage en bas de chez elle où, enfant, elle aimait ramasser coquillages et branches mortes. De là est né ce nouvel atlas, de ces nouvelles algues, tout juste paru chez Gost Books. Il recense les t-shirts pourris et les shorts élimés comme une nouvelle végétation.

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