Un Jour En Plus

Un Jour En Plus

Share this post

Un Jour En Plus
Un Jour En Plus
Des bures, des mots, des marches

Des bures, des mots, des marches

Une histoire de la grève aux USA et les soucis des orthodoxes grecs en Australie

juin 23, 2025
∙ abonné payant

Share this post

Un Jour En Plus
Un Jour En Plus
Des bures, des mots, des marches
Partager

Chère lectrice, cher lecteur,

permettez-moi de vous souhaiter… ah non, pas un très bon week-end, nous sommes déjà lundi ! Comment ai-je pu m’y prendre pour être encore en décalage, moi ? Rien de grave je vous assure, au sens de rien qui devrait se reproduire, je crois… Mais j’avoue que la vie et les emplois du temps sont parfois serrés quand on gagne sa vie en solo ! Avec toutes mes excuses, donc, veuillez également accepter mes vœux pour une bonne semaine en compagnie, aujourd’hui, d’orthodoxes de partout, de Romaines de Pompéi, de grévistes dans le temps, de bateaux volants et de poètes chiliens.

NB : si le mail apparaît tronqué par votre boîte, vous pouvez le “Lire dans le navigateur” en cliquant sur le lien haut à droite.

Schisme

Chacun sa bure, chacun son chemin

S’il y a quelque chose dont on manque en ce moment, c’est bien de Malgaches orthodoxes. Heureusement, les Australiens sont là pour y veiller.

Un évêque orthodoxe, avec barbe et bure noire, donne l'onction à un jeune enfant malgache, sous le soleil écrasant de Madagascar
© Diocèse Orthodoxe de Tuléar

Cette phrase ne vous est apportée ni par une commotion cérébrale, ni par un paradis artificiel, mais par le diocèse de Tuléar et du sud de Madagascar. Un diocèse, mais aussi un “bras missionnaire du Patriarcat d’Alexandrie” qui ne fait pas que dans la conversion. Il a bien d’autres projets, plus généreux et j’oserais dire plus utiles, pour ce “pays du Tiers-Monde” (comme on ne dit plus en principe plus trop, si ce n’est sur son site). Parmi ceux-là, l’aider à relever les défis essentiels des “secteurs de la santé, de l’éducation et du développement durable”. C’est pourquoi il peut se féliciter de nous apprendre l’ouverture d’un complexe scolaire (Primaire, Collège, Lycée) qui pourra accueillir 500 élèves. Et ce n’est même pas sa première réalisation puisque, à en croire le Greek Reporter, “au cours des 5 dernières années, le diocèse a bâti et gère neuf écoles”. 7 000 enfants seraient déjà scolarisés, avec l’aide de Dieu et d’une “généreuse contribution de l’Archidiocèse Orthodoxe Grec d’Australie”. Allons bon, qu’est-ce qu’il vient faire là, lui ? Certes, si on regarde vers l’est, c’est la terre la plus proche (après avoir survolé l’océan Indien pendant 10 000 kilomètres). Mais il s’avère que les orthodoxes australiens ont par ailleurs des montagnes de billet à dépenser.

Il y a une longue histoire de l’immigration grecque en Australie. Ceux-ci constitueraient environ 1,7 % de la population (c’était apparemment une destination de choix quand il s’agissait de fuir le régime des colonels). Une longue histoire sur laquelle il sera certainement instructif de se pencher un jour ou l’autre, mais il y a déjà de l’hostie sur la planche.

Pour l’instant, faisons déjà le voyage de Madagascar à Sydney. Ça vaut le détour, si l’on se fie aux paroles de l’évêque Prodromos (c’est le barbu sur l’image en haut) revenu enchanté de sa rencontre avec l’archevêque Makarios d’Australie, au poil plus blanc et au chic plus printanier. Là, il n’a pas vu que les dollars, mais aussi la lumière, nous racontait le Greek Herald en avril dernier :

En se remémorant son premier voyage en Australie il y a deux ans, l’évêque Prodromos a décrit un mélange d’émerveillement et d’appréhension, alors qu’il posait les pieds « sur le cinquième continent, lointain et inconnu ».

Il se rappelle : « tout semblait nouveau, et tout était inimaginablement grand, comparativement à la Grèce, et plus encore au sud de Madagascar, où je sers mon humble ministère ». Mais il a trouvé du réconfort dans la parole divine : « Et tout à coup, l’histoire d’Abraham est revenue en mon cœur, et j’ai entendu la voix de Dieu dire « Va où je te l’indiquerai ».

Pour lui, son voyage s’est avéré « un vrai miracle ». Il célèbre l’amour paternel de l’Archevêque Makarios et l’esprit généreux de la foi orthodoxe australienne.

Alors certes, moi aussi j’ai connu des patrons qui attendaient bien que je chante leurs louanges quand, convoquée dans leur bureau, j’apprenais qu’ils avaient accepté de me rembourser une note de frais. Et je commence à me demander si l’archevêque Makarios d’Australie n’aurait pas, comme quelques hommes de pouvoir, un léger problème de narcissisme. Mais on va rester concentrée car, et là je ne plaisante pas, au bout du voyage, il y a toujours cette nouvelle école surgie de terre, que célèbre le Greek Herald dans son style fleuri :

Au cœur de ce miracle s’élève un nouveau complexe scolaire dans le sud de Madagascar, qui peut désormais accueillir 510 élèves de primaire, collège et lycée. L’évêque le décrit comme « un phare d’apprentissage et d’espérance, qui illumine l’avenir de la vérité du savoir ».

L’école, justement appelée « Archevêque Makarios », a été décrite comme « un don né de l’amour désintéressé ».

L'archevêque Makarios pose dans le chœur d'une sublime église orhtodoxe à Adélaide en Australie
L’archevêque de l’église orthodoxe grecque d’Australie, Makarios Griniezakis, c’est lui, là, au milieu, sur son Insta (lors d’une visite chez un confrère d’Adélaïde). © Instagram / Archevêque Makarios d’Australie

J’ignore dans quelle mesure le prosélytisme y sera présent, prégnant ou discret. Mais il est vrai qu’il n’y a rien de plus précieux qu’une école. Si je suppute que les familles préféreraient avoir le choix du bâtiment où envoyer leurs enfants, leur seul choix jusque’à présent, semble-t-il, c’était entre rien et rien. Alors oui, merci les barbus. Vous voyez, les barbus c’est exactement comme les barbouzes et les païens : y’en a des biens.

Ce n’est pas tout. Le diocèse de Tuléar a quelques autres réussites à son actif, nous rappelle également le Greek Reporter :

Le diocèse pourvoit également des installations médicales reconnues par la profession, et des programmes destinés à la population malgache du sud du pays. Chaque mois, sa clinique dans la ville de Tuléar soigne environ 3 000 personnes, dont beaucoup, tant la demande est forte, doivent passer la nuit dehors en attendant de pouvoir consulter le lendemain. Il est complètement gratuit d’accéder à ses divers services de consultations, médication, radiologie, pathologie et optique.

Et comme si ça ne suffisait pas, la mission se félicite enfin d’opérer un programme de substituts au lait maternel et même un orphelinat destiné à accueillir les enfants en danger, qui n’attend plus pour ouvrir que les autorisations gouvernementales. On comprend mieux que Prodromos ait eu les larmes aux yeux face à la générosité de Makarios d’Australie. C’est tout ? Presque :

Parmi d’autres missions humanitaires et philanthropiques, le diocèse s’est lancé dans la construction de puits pour mieux répondre aux besoins de la population. Et dans les régions où cela n’est pas possible, elle facilite la distribution d’eau potable à l’aide d’un véhicule, afin que toutes les communautés aient accès à cette ressource vitale.

Ça en fait, des sous. D’où viennent-ils ? Pas du détournement massif d’argent public australien, faisait récemment savoir l’Australia Broadcasting Corporation (ABC), la chaîne publique du pays.

Celle-ci a en effet présenté officiellement ses excuses à l’archevêque (et a surtout été condamnée à lui payer ses frais de justice), après avoir affirmé qu’il avait mis en place un ingénieux système de transfert de fonds, directement du Trésor Public vers ses poches.

Est-ce que si je tombe sur la vidéo intégrale de la cérémonie d’intronisation de Makarios, 3 heures en langue grecque, je vais résister à la tentation de vous la coller sous le nez entre deux paragraphes ? Non.

L’astuce que croyait avoir démêlée ABC reposait sur un différentiel à nul autre pareil entre, d’une part, les (très hautes) subventions données par le gouvernement australien pour les activités philanthropiques de l’Église et, d’autre part, le loyer (misérablement bas) accordé pour lesdites activités philanthropiques sur son territoire.

Pourquoi faut-il payer un loyer pour des activités philanthropiques, vous demandez-vous peut-être ?

Parce qu’à ses heures perdues l’archevêque Makarios gère 15 maisons de retraite “disséminées dans tout le pays, entre Victoria, les Nouvelles Galles du Sud, l’Australie Occidentale, le Queensland et et l’Australie du Sud”. C’est d’abord ça, son activité philanthropique. Quelle bonté. Cela n’est pas contesté, l’archevêché tient seulement à rappeler qu’elles ne sont pas financées illégalement. Ce qui est bien dommage, quelque part, car d’éventuelles malversations auraient pu expliquer aussi bien la gestion “catastrophique” —selon les autorités gouvernementales— de la pandémie de Covid dans l’établissement de Saint Basile, que nous dire comment Makarios a pu se payer un appartement à 4,5 millions de dollars avec 3 chambres, piscine chauffée et vue sur la Baie de Sydney (opéra inclus), dès son intronisation en 2019, “après que son prédécesseur a passé des années à mener une vie ascétique dans une petite chambre du quartier général de Church’s Redfern”.

Tout cela est donc parfaitement légal. Les églises, c’est comme les gens : plus c’est vieux et plus ça rapporte.

Greek Reporter

Biba

Pas trop près du volcan

On va voir les filles ? Oui, mais lesquelles ? Faustilla, la prêteuse sur gages ? Clodia, éleveuse de porcs, probablement destinés aux sacrifices rituels ? Julia, héritière d’un homme aux affaires fructueuses, comme en témoigne sa demeure couverte de fresques du sol au plafond ? Asellina, très occupée derrière les fourneaux de sa boutique de restauration, qui vous encourage à choisir Gaius Lollius Fuscus comme édile en charge des biens publics, ainsi qu’elle l’a fait écrire par un scribe professionnel au-dessus son entrée ?

Continuez votre lecture avec un essai gratuit de 7 jours

Abonnez-vous à Un Jour En Plus pour continuer à lire ce post et obtenir 7 jours d'accès gratuit aux archives complètes des posts.

Déjà abonné payant ? Se connecter
© 2025 PostAp Mag
Confidentialité ∙ Conditions ∙ Avis de collecte
ÉcrireObtenir l’app
Substack est le foyer de la grande culture

Partager