Chère lectrice, cher lecteur,
en effet, la péninsule arabique en principe, c’est déjà l’Asie. Mais si je veux être rigoureusement exacte, dans mon seul épisode sur l’Asie, je devrais faire figurer le Proche, le Moyen et l’extrême Orient, la Russie, la Chine, le Japon, la Syrie, l’Indonésie, l’Irak et, n’est-ce-pas, j’en passe (comme l’Inde). C’est grand, l’Asie. J’adapte donc la carte à mes nécessités pour éviter des épisodes trop déséquilibrés, mais aussi parce que j’en ai le droit et surtout parce que quand on en a le droit, on y prend goût.
Tout commencera, de toute façon, par traverser la Méditerranée… Hissons les voiles !
Un pour tous : tous pour Déby
"Si à 50 ans t'as pas soutenu Déby, t'as raté ta vie" a sûrement affirmé un jour, à la télévision tchadienne, un cuistre quelconque.
Un proverbe amené à durer, à l’image de l'héritage familial. Après 30 ans à la tête du pays (sa dernière réélection, en février 2021, l’a vu emporter 79,32 % des suffrages), le président du Tchad Idriss Déby s'est éteint en avril 2021 à l'âge de 68 ans. Il a été tué par balle alors qu'il s'était rendu sur le front de la guerre civile où s’opposent la junte au pouvoir et le Front pour l'Alternance et la Concorde au Tchad, le FACT.
Son fiston, Mahamat Idriss Déby, général d'armée de 39 ans au terme d’une carrière militaire fulgurante (certes un peu aidée par son beau départ dans l'organigramme, après que son papa l'eut nommé, en guise de premier poste, commandant adjoint de sa garde prétorienne), a été nommé Président d'un conseil militaire de transition dès le décès de son père. Il s’est alors engagé à organiser des élections dans les 18 mois.
Trois ans plus tard, les contours de celle-ci semblent se préciser. Déjà, cette semaine, le Conseil National de Transition a adopté un code électoral (qu'il a lui-même rédigé). Plus encourageant encore pour l'aspirant dictateur : ce ne sont pas moins de 115 organisations politiques qui l’appellent à se présenter, à l'initiative du Mouvement Patriotique du Salut, le parti fondé par feu son père.
Pudique, ce brillant stratège, ce sauveur du peuple, ce soleil de l'Afrique (je m'habitue) n'a cependant pas encore fait connaître sa réponse à cette touchante demande. Car officiellement, Déby Junior n'est toujours pas candidat. Il médite, certainement dans l'intérêt du pays, s'il convient ou non de succéder à son brillant papa.
Il serait bon qu'il ne tarde plus trop : le premier tour est prévu le 6 mai, et, comme le note PressAfrik : "certains proches alliés, comme le leader de l'Alliance 43 Yoboïde Malloum Djeraki, refusent de s'engager tant que Mahamat Idriss Déby n'a pas fait acte de candidature et n'a pas rendu public son projet de société".
Parce ques, maintenant, pour se présenter, il faut avoir un "projet de société". C’est un métier épuisant, "Fils de".
Pressafrik (Chronique parue dans l’édition du 2 mars 2024).
P.S. À la surprise générale, Déby Junior a été élu président dès le 1er tour avec 61 % des voix, un mois seulement après la parution de son autobiographie palpitante, De Bédouin à Président (VA Éditions).
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