L'Édition du week-end #19
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Chère lectrice, cher lecteur,
permettez moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, de lutte sénégalaise, de populations préhistoriques, d’alcool kurde, de cinés à l’abandon et de grenouilles multicolores.
Très bonne lecture,
la conscience artificielle de votre téléscripteur favori.
Le match de la semaine

Le “match de l’enfer” n’a pas fait que des heureux
Pikine, Sénégal. Cette ville de plus d'un million d’habitants a été édifiée à partir de rien dans les années 1950 pour soulager Dakar d’une population en pleine expansion. Elle est connue pour accueillir le Siège des Industries Chimiques du Sénégal, et surtout l’Arène nationale : un stade de 20 000 places, inauguré le 22 juillet 2018 —par Xi Jinping, qui en a officiellement remis les clés à Macky Sall, le Président de la République, vu que le bâtiment a été intégralement construit et financé par la Chine.
Ce 5 mars, l’arène nationale accueillait le un événement de poids, surnommé “le match de l’enfer” par les amateurs : un duel de lutte sénégalaise entre deux stars de ce sport de combat traditionnel. D’un côté, Reug Reug, 32 ans, 1,93 mètre, 120 kilos. De l’autre, Sa Thiès, “Le Volcan de Guédiawaye”, le fils de Double Less, légende de cet martial.
Tous deux avaient un même but : chercher une quinzième victoire dans leur carrière pour s'imposer comme “ténor des arènes”. “Un combat entre deux adversaires qui sont dans l'antichambre de la cour des grands”, résumait, la veille, l’Agence de Presse Sénégalaise.
Résultat : un combat de deux minutes, un verdict contesté, et une émeute pour finir. Que s’est-il passé ? En lutte sénégalaise, la chute est disqualifiante. Or la chute, c'est certes tomber, mais c’est aussi poser 4 appuis au sol (mains et genoux). Et, si Sa Thiès, déclaré perdant par l'arbitre, a bien chuté, il estime, avec son staff et une bonne partie du public que son adversaire était tombé, lui aussi, et surtout en premier.
Reug Reug lui, est formel : il n'est pas tombé. Au Quotidien de Dakar, il explique, catégorique :« En regardant les images de la télévision, vous aurez l’impression que je suis sur mes quatre appuis, je vous garantis que je n’ai pas fait quatre appuis ».
Contestant le verdict, les supporters de Sa Thiès ont démonté les sièges de l’arène pour les jeter sur le terrain. Les images d’ITV Sénégal sont assez explicites : le stade a été proprement vandalisé.
En guise de conclusion, à l'issue du match, Sa Thiès a lancé un recours auprès du Comité de gestion de la lutte, qui lui a finalement donné raison : il est donc, finalement, officiellement reconnu vainqueur.
Mais Reug Reug a-t-il chuté, oui ou non ? Généreuse, la chaîne YouTube Post Afrique a monté des extraits du combat, ci-dessous, pour aider chacune et chacun à se faire sa propre opinion.
On vous prévient cependant : c'est un tout petit peu survolté.
La frontière de la semaine

L’eau, l’eau, toujours l’eau
Cette semaine, une autre rencontre d’importance avait lieu : le président du conseil souverain du Soudan, Abdel Fattah Al-Burhan a reçu, au Palais présidentiel de Kartoum, le Premier Ministre éthiopien, Abiy Ahmed. À l'issue de la rencontre, un communiqué commun a promis d’“accélérer le travail pour résoudre la question des frontières et améliorer la coopération économique entre les deux pays”, qui se retrouvent au centre d’un conflit diplomatique majeur.
En cause : le "Grand Barrage de la Renaissance », actuellement en construction en Éthiopie pour alimenter, grâce au Nil Bleu, une centrale hydroélectrique de 5 150 MW, qui devrait être, une fois mise en service, la plus puissante du continent.
Évidemment, les pays situés en aval du fleuve de 1 500 kilomètres de long craignent le pire, Égypte et Soudan en tête, pour qui d'éventuelles pénuries d'eau induites par le projet s'avèreraient catastrophiques. “Selon l’Éthiopie, la création du barrage est une urgence, car les deux tiers du pays n’ont toujours pas accès à l'électricité. L’Égypte est moins pressée. 90 % de son eau douce vient du Nil, et le pays redoute que le barrage ne mette en situation de pénurie ses 100 millions d’habitants, à mesure que se remplira le réservoir du barrage, ce qui devrait durer de 5 à 7 ans”, constatait un éditorial de Nature en octobre 2019, suppliant : “Au lieu de commencer par la médiation, les pays concernés devraient laisser d’abord travailler leurs conseillers scientifiques. Les chercheurs doivent être autorisés à publier leurs travaux, pour que chacun puisse les consulter, à commencer par les citoyens des trois pays touchés [Éthiopie, Égypte et Soudan, donc, ndlr].”
Mais, alors que l'Égypte et le Soudan ont exigé de l’Éthiopie qu'elle renonce aux remplissages préliminaires du réservoir avant d’ouvrir toute négociation, ceux-ci sont bien entrés dans leur deuxième phase en juillet 201.
Les réactions ont été vives, ainsi résumées, à l'époque, par France 24 :
“L'Égypte “rejette fermement (cette) mesure unilatérale", indique le ministre égyptien de l’Irrigation dans un communiqué, dénonçant “une violation du droit et des normes internationales qui régulent les projets de construction sur des bassins partagés de rivières internationales”. À Kartoum, le ministère des Affaires étrangères a également dénoncé une “violation flagrante du droit international” et qualifié l'initiative éthiopienne de “risque et de menace imminente”.
Mais cette semaine, donc, le dialogue a repris entre ces deux acteurs, avec, semble-t-il, au moins, un but commun : éviter que l'accaparement des ressources ne dérive sur une effroyable guerre de l’eau, déchirant toute l'Afrique du Nord.
Votre horoscope tribal
Le signe de la semaine : Grenouille

On vous annonce un week-end en couleur, et on espère que ce ne sera pas le dernier.
Heureusement, pour cela, il y a l’Atelopus Survival Initiative (ASI), une force de choc internationale, un peu comme les Bioman, qui rassemble 57 structures de 15 pays différents. Son but : sauver les Atelopes. Mais encore ?
Une Atelope, plus connue sous le nom de grenouille arlequin, peut être rose vif, orange flashy, jaune poussin ou, plus modestement, violet fluo. Elle est sympa, mesure 2 à 3 centimètres, et vit dans de nombreuses régions d'Amérique du Sud.
Mais aujourd'hui, l'Atelope est malade, victime d'un champignon, le Batrachochytrium dendrobatidis, tellement méchant qu'il cause une maladie au nom encore plus dur à prononcer. Bref, écrivons-le sans peur du jeu de mots : les batraciens tombent comme des mouches.
C'est donc contre ce parasite que se bat l’ASI, créée en 2019, sur laquelle MongaBay a décidé de faire un point d'étape. Il a le mérite de rappeler que la lutte contre le champignon Machintruc est nécessaire, aussi, au bien-être humain, car la grenouille arlequin adore manger des moustiques et, donc, protège notre espèce de la malaria, dont les cas ont presque doublé dans la région sur les dernières années.
Mais surtout, l’article est illustré de plein de photos de grenouilles toutes mignonnes, qui remplacent avantageusement une boule disco, par exemple, pour animer vos prochaines soirées dansantes.
Alcoolique

On vous a déjà dit qu'il faudrait arrêter ? Oui ?
Tant mieux, parce que ce n'est pas du tout de ça dont on voulait vous parler aujourd’hui.
Plutôt vous dire de faire attention où vous mettez les pieds : l’Irak vient de promulguer l'interdiction de la vente, de l’import et de la production d'alcool sur son territoire. Une mesure votée en 2016, mais dont le décret d'application vient seulement de paraître au Journal Officiel.
Pas de quoi rigoler, donc, si ce n'est que le Kurdistan irakien a réagi en affirmant que la région n'avait aucune intention d'appliquer la prohibition. Ce ne sont, cela dit, pas les seuls à protester, car la mesure est déjà portée devant la Cour Suprême Fédérale. Elle serait en effet contraire à la constitution, “qui garantit les droits et libertés de toutes les composantes religieuses du pays”, explique au New Arab un représentant du groupe des Chrétiens Babyloniens (ça ne s'invente pas, et c'est aussi une milice armée), ajoutant : “La loi s’oppose aux droits et libertés des minorités non musulmanes, des touristes, et du personnel diplomatique”.
Alors, oui, l'abus d'alcool est dangereux pour la santé mais, franchement, si vous faites partie des diplomates en poste à Bagdad, ou êtes un résident kurde, oui, vous avez bien mérité un petit coup. À votre santé.
Humain
Vous êtes fascinant, vraiment.
Si, si ! Ne rougissez pas comme ça, on dirait une grenouille.

Plus fascinant, encore, qu'on ne l’imaginait. C’est ce que nous apprend Techno-Science, relayant deux études récemment parues, qui balayent le spectre de quelques 116 génomes préhistoriques. Leur conclusion ? Ce sont au total 8 espèces différentes du genre homo qui ont émigré d'Afrique pour l'Europe. Les Européens, d'ailleurs, portent aujourd'hui encore, dans leurs gènes, les traces amalgamées d'au moins trois de ces espèces —et non pas “seulement” de Sapiens et Neandertal, comme on le croyait.
8 espèces humaines —rien qu'en Europe. On vibre en pensant à la diversité de populations que cela aurait pu donner. Peut-être des arts différents, des façons de penser différentes, des modes de vie différents. Qui se sont éteints, sans que l'on sache encore pourquoi, ni comment. “C'est le cas”, relève Techno Science, “du plus ancien groupe d'Homo sapiens dont on ait découvert une trace génétique dans ces ossements : arrivés il y a au moins 45 000 ans, ils n'ont pour ainsi dire aucun lien génétique avec les plus récents groupes de chasseurs-cueilleurs”.
Salut à toi, petit ange parti trop tôt.
Démocrate

14 d'entre vous ont été condamnés à l’enfermement cette semaine, pour des peines allant de 5 ans de prison… à la perpétuité.
Ces activistes appartenaient à la Coordination Égyptienne pour les Droits et les libertés et sont, nous dit Amnesty international, tout simplement “victimes de fausses accusations”, en l'occurrence d'appartenir aux Frères Musulmans. Le régime du Caire les a emprisonnés en 2018, torturés et finalement, cette semaine, les a faits comparaître devant une juridiction exceptionnelle, la cour de sûreté de l'État.
“Les autorités égyptiennes ne se sont pas contentées d’écraser la Coordination égyptienne pour les droits et les libertés, qui a annoncé sa fermeture au lendemain de l’arrestation de son fondateur et de ses associé·e·s. Elles ont lancé une campagne de vengeance ciblant toutes les personnes considérées comme affiliées à l’organisation et leur ont infligé des actes très cruels en détention, notamment en les privant des visites de leur famille pendant plus de quatre ans”, s'enrage le directeur des recherches pour le Moyen Orient et l'Afrique du Nord de l’ONG.
Si vous avez le cœur bien accroché, vous trouverez sur le lien ci-dessous le récit détaillé de leur calvaire. Et ici, la page d'Amnesty consacrée à l’Égypte, ainsi que les différentes campagnes en cours, et donc les actions que l'on peut mener pour aider les victimes de la dictature instaurée par le Maréchal al-Sissi il y a déjà 8 ans.
Poisson
Ça bouge ! Ça frétille. Ça s’agite.
Jusque là, rien d’étonnant : ne le prenez pas mal, mais c'est quand même tout ce que vous savez faire.

Grist s'est penché sur les recherches du biologiste marin Mads Peter Heide-Jorgensen, qui observe les mers boréales au bord du Groenland depuis plus de 40 ans. Vous le voyez venir : les populations aquatiques y connaissent un profond changement, du fait du réchauffement climatique. Adieu, Narvals et Phoques. Bonjours Maquereaux, Thons et Cétacés.
Un changement de population qui, à moins d'un miracle, s’avère irréversible —compte tenu de l’inertie climatique qui, même si l'on faisait infiniment plus d'efforts qu'aujourd'hui pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, continuerait à réchauffer le globe encore un moment.
Installez-vous donc bien à votre aise : au début elle est froide, mais après, elle est bonne : on y veille.
Mode

Des cinés seuls au monde
En Inde, les cinémas à salle unique étaient une véritable institution, nous apprend la BBC. Loin de nos projections renfermées consacrées à l'Art et Essai, il s'agissait plutôt de vastes lieux, destinés à accueillir de larges publics, pour des séances populaires. Mais, peu à peu, ils s’effacent, remplacés par des centres commerciaux, des résidences ou des multiplexes, plus rentables. Dans le pays, leur nombre s’est effondré, passant de 24 000 à 9 000, relève le cinéaste, devenu photographe, Hemant Chaturvedi.
C’est pourquoi, avant que leur mémoire aussi ne s'évanouisse, il a décidé de les photographier. Il en a déjà immortalisé 950, sur 15 États du pays.
“Ces lieux sont fondateurs de la culture cinématographique indienne”, explique-t-il au site web de la chaîne britannique. “Ils ont permis aux habitants de profiter des films jusque dans les plus petits villages”.
L’article dévoile dix de ces images, émouvantes et belles, commentées par l’artiste, pour célébrer l'histoire à jamais marquante des cinémas indiens à salle unique.
Beauté

Voici l’Oscar de la meilleure cascade
Tiens, on n’avait pas remarqué. Et pourtant, c'est évident : il n'y a pas, à Hollywood, d’Oscar de la meilleure cascade. Ce n'est pas moins que Sydney Lumet qui, en 1991, en travaillant sur Une Étrangère Parmi Nous, s'en étonna le premier, auprès de son coordinateur des cascades, Jack Gill. Celui-ci s'est aussitôt mis en tête de créer une branche de métier à part entière, condition nécessaire pour que l'Académie accède à sa requête, puis de déposer une demande officielle, toujours sans réponse. C’était il y a trente ans, et les authentiques athlètes qui dans l'ombre font vibrer des milliards de spectateurs dans le monde, n'ont toujours pas leur récompense.
Vulture, le magazine culturel américain qui nous raconte cette histoire, a donc décidé de résoudre le problème de lui-même, en créant son propre palmarès. Bien que non officiels, les Oscars de la meilleure cascade existent donc enfin ! Et pas seulement de la meilleure cascade, d'ailleurs : la page consacrée à l'événement est riche en catégories : Meilleure Cascade dans un film d'action, Meilleure cascade dans u film qui n'est pas d'action, Meilleure explosion, Meilleure scène aérienne, etc. Le tout accompagné, systématiquement, de l'extrait vidéo qui va bien pour vous faire votre propre opinion.
Le Meilleur Cascadeur de l'année étant, d’après Vulture, Scott Adkins, pour son travail sur Accident Man : Hitman’s Holiday. Pratiquant six arts martiaux différents, l'homme est appelé, dans le milieu, “L'Effet Spécial Humain”. Il y a peu de surnoms plus classe.
Bizarre

Qui a sauvé Hildegarde de Bingen ?
Ce n’est pas une question qu’on se pose tous les jours, ça : qui a sauvé Hildegarde de Bingen ? Eh bien on devrait, car c'est une histoire passionnante.
Hildegarde de Bingen, donc, est une moniale bénédictine allemande qui a vécu au XII° siècle de notre Ère. Mystique, elle est restée dans l’histoire grâce à ses travaux de poésie, d'illustration, de musique et de prédication. Elle a étudié les mystères divins, bien entendu, mais aussi les plantes, les maladies et a composé des dizaines de chants liturgiques. Elle s’est éteinte paisiblement à l'âge de 81 ans, et a été canonisée en 2012.
Point n'était besoin de sauver, donc, Hildegarde. Jusqu’à —allez, devinez— eh oui, la Seconde Guerre Mondiale. Ou plutôt, l'une de ses conséquences, et la partition de l’Allemagne, dont une partie revint à l’URSS, peu portée sur la préservation des manuscrits de religieuses allemandes médiévales.
Sur Lithub, l’historienne britannique Janina Ramirez publie quelques bonnes feuilles de son livre Femina : A new history of the Middle Ages, through the women written out of it et raconte l'expédition secrète qui, en 1948, parvint à ramener le Riesencodex —ouvrage d'époque compilant ses travaux— jusqu’à l’Ouest, pour en faire don “à un monastère qui vivait encore selon les préceptes de Hildegarde de Bingen”. Mission sous couverture dans le secteur occupé, expédition dans une Dresde rasée par les bombardements : le récit ravira amateurs et amatrices d’espionnage et de manuscrits antiques. Et d’héroïnes car, à la manœuvre, on retrouve deux femmes : Margarete, un historienne, et son amie Caroline Walsh, l'épouse d'un militaire américain, qui mit à profit ses réseaux pour permettre à la pensée, à la foi et aux études d’Hildegarde de perdurer au-delà des plus troublés des temps.
Sur PostAp
Il y a le feu à “Police Ville”, littéralement
"Police Ville", selon le surnom donné par ses opposants à un nouveau centre de formation policier à Atlanta, a été incendié par les protestataires. 23 d'entre eux sont inculpés de "terrorisme domestique."

Des vases nés en Enfer
Présentés au salon du design de Bruxelles, voici de beaux vases fabriqués selon des méthodes artisanales. Nés en Ukraine, leur verre est soufflé sous les bombes.

Sport

Les écureuils rient à la face de la gravité
PetaPixel a rencontré Niki Colemont, qui a passé six ans de sa vie à photographier les incroyables acrobaties dont sont capables les écureuils. Visitez le site, si vous aimez les bébêtes gracieuses et mignonnes.
Ou que vous bossez chez Marvel, et que vous n’aviez pas encore eu l’idée de créer Écureuil-Man.





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