L'Édition du week-end #18
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Chère lectrice, cher lecteur,
permettez moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, d’énergie indé, d’oreilles bercées, de pieds massés, de Russes expatriés, de tankers fantômes, de fermes verticales. Et du Soleil.
Très bonne lecture,
la conscience artificielle de votre téléscripteur favori.
La centrale de la semaine

Elle est française, limousine et indépendante
En France, toute l’électricité du territoire vient d’EDF, ou de grands groupes.
Toute ? Non. En Haute-Vienne, un petit village résiste encore et toujours depuis que, en 1946, il a refusé d’intégrer le monopole de la production électrique.
La Relève et La Peste est allé jeter un œil du côté de Saint-Léonard-de-Noblat, 4 633 âmes, et de sa centrale hydroélectrique du XIX° siècle, qui lui appartient, et dont elle assure la gestion comme la distribution. Pas de quoi alimenter la totalité de la commune cependant, seulement le centre-ville et un peu plus de 1 500 habitants.
Un système qui permet une gestion au plus près du terrain, un vrai “service de proximité" se félicite Bertrand Belmont, le directeur de la régie municipale d’électricité… Et qui protège aussi les Miaulétous et les Miaulétounes (cherchez pas, c’est comme ça qu’on appelle les habitants de cette commune, un reste d’occitan) de la hausse drastique des coûts de l’énergie, que l’on constate partout ailleurs.
Un modèle pour l’avenir ? Sans doute pas : “Pour l’État ce n’est pas toujours pratique parce qu’on peut avoir des façons de fonctionner légèrement différentes d’Enedis”, nuance le directeur. Ce n’est pas par hasard si, au sortir de la guerre, l’État a décidé d’unifier les quelques 1 450 producteurs et distributeurs d’électricité, éparpillés sur le territoire, qui assuraient autrefois les besoins du pays.
Mais à Saint-Léonard-de-Noblat, la centrale passe crème. Si bien que des travaux sont prévus pour quasiment en doubler la capacité (de 700 à 1 300 MW).
C’est toujours des MégaWatts que les Boches auront pas (cette référence gratuite à l’Occupation nazie vous est offerte par le fait que la commune est aussi la première de France à avoir bénéficié d’un parachutage d’armes depuis Londres, le 13 juin 1941).
Les oreilles de la semaine
Ce seront les vôtres, si vous les lui prêtez

Jung Jae-il, le compositeur de la musique de Parasite (Palme d’Or 201) et de la B.O. de la série au succès planétaire Squid Game, sort son premier album solo.
Les premiers titres parus sur YouTube sont superbes. C’est du piano, avec une inspiration Debussienne et, parfois, accompagné de cordes minimalistes. “J’ai appelé mon album, tout simplement, Listen (“Écoutez”), car je veux encourager les autres à écouter ce que la nature a à leur dire. Je crois que la pandémie de Covid-19, et toute une série de guerres, sont arrivées parce que nous n’écoutons pas assez la Terre”, a-t-il expliqué au Korea Times.
Allez-vous écouter ? Prenez le temps. Appuyez sur Play, préparez-vous à une pub éventuelle, puis fermez les yeux, entendez chaque seconde des 4 minutes 04 de temps qui passent.
Et votre journée va changer.
Votre horoscope tribal
Le signe de la semaine : Frileux

Fait pas chaud, hein ?
Pas de panique : prenez un billet (de train, de préférence), pour Postdam, en Allemagne. Le Musée Barberini y accueille, du 25 février au 11 juin, une exposition entièrement consacrée à notre meilleur copain depuis 10 000 ans : le Soleil.
Elle s’ouvre sur Impression, soleil levant, le tableau de Claude Monet qui a donné son nom au mouvement impressionniste, et déroule dans la foulée 130 œuvres de tous horizons (jeu, de mot, t’as vu) : sculptures, peintures et livres, de l’Antiquité jusqu’à l’époque contemporaine. Ils sont venus, ils sont tous là : Sonia Delaunay, Otto Dix, Albrecht Dürer, Olafur Eliasson, Adam Elsheimer, Max Ernst, Caspar David Friedrich, Joan Miró, Claude Monet, Edvard Munch, Odilon Redon, Peter Paul Rubens, Katharina Sieverding et William Turner apparaissent au casting. Du beau linge, donc, intialement réuni par le musée Marmottan, qui a conçu le parcours —et qui accueille en temps normal l’œuvre de Monet.
Comme d’habitude, le site du musée vous donne un aperçu de quelques toiles présentées.
Cliquez : c’est splendide et chaud.
Bulle

Vous vous éclatez !
Non, sérieux : une bulle est en train d’éclater. Et, hélas, c’en est une qui concerne tout le monde.
Cette bulle, c’est celle des fermes verticales. Ces installations urbaines modernes, productrices de fruits et légumes, apparaissent aujourd’hui indispensables à la transition agricole, qui est elle-même essentielle à la pérennité de l’humanité : les fermes verticales évitent d’empiéter sur les sols cultivables, déjà bien occupés, et de les gaver de pesticides. Elles utilisent, aussi, jusqu’à 90 % d’eau en moins. En prime, le climat se réchauffant, et perturbant la possibilité des cultures traditionnelles, raréfiant aussi les parcelles où celles-ci sont simplement possibles, elles s’avèrent un complément incontournable, plus qu’une alternative, au modèle paysan actuel
C’était donc bien parti pour elles… jusqu’à l’année dernière où, nous apprend Fast Company, les investisseurs se sont rendus compte que, dans l’état actuel des choses, elles ne sont tout simplement pas rentables.
En effet, les dépenses électriques s’y avèrent considérables (trop pour que les fermes verticales puissent être uniquement alimentées en énergie renouvelable indépendante). Mais ce n’est pas tout : le foncier pour ces installations de haute technologie et citadines est plus cher que les terrains habituels des régions rurales, et les travailleurs plus qualifiés, donc mieux payés —souvent beaucoup, beaucoup plus, car l’automatisation peut y être poussée à l’extrême, nécessitant de remplacer des ouvriers par des ingénieurs. Tout cela fait que cultiver une laitue, pour reprendre l’exemple choisi par le magazine américain, peut revenir jusqu’à deux fois plus cher qu’en procédant “à l’ancienne”.
Et sur ces coûts se greffent les dérives désormais bien connues de notre monde ultra-capitalisé :
“Beaucoup de ces entreprises fonctionnent grâce à du capital-risque”, explique Eric Stein, professeur d’économie des entreprises à l’Université d’État de Pennsylvanie, et directeur du Centre pour l’Excellence de l’Agriculture d’Intérieur, une organisation à but non lucratif. “Quel est le premier réflexe ? Celui de recruter tous ses copains. Et de gonfler les salaires du service administratif.”
Ainsi, raconte Fast Company, “la société de serres high-techs AppHarvest, qui a levé plus de 640 millions de dollars, a déclaré des pertes nettes de 83 millions sur les neuf premiers mois de 2022, incluant le trimestre d’été, qui n’a ramené que la somme misérable de 524 000 dollars de chiffre d’affaires, quand elle a eu à assurer la compétition avec la saison des établissements agricoles classiques. Son revenu total, pour les trois premiers trimestres de l’année dernière, s’est élevé à 10 millions de dollars… Qui ont surtout servi à payer 7 millions de dollars d’indemnités de licenciement à deux de ses directeurs.”
En conséquence, les finances s’assèchent, et les fermes verticales tombent comme des mouches.
Pire, comme des mouches affamées qui n’auraient plus rien à manger.
Sauvez les fermes. Sauvez les mouches.
Pied
Bwarf… Parfois, la jambe, et tout le corps au-dessus, vous pèse, bas et lourds comme un couvercle, non ?
Eh bien, rassurez-vous : fini de subir !
Therabody est fier de vous présenter son nouveau bébé : le premier bas de contention… automassant.

C’est un produit très sérieux, pensé pour les personnes en besoin médical, ou les sportifs appliqués.
“Le but est de booster la flexibilité, la mobilité, la circulation sanguine et, par-dessus tout, la relaxation. Après tout, tout le monde peut apprécier un bon massage à l’occasion. En l’occurrence, jusqu’à 45 minutes, grâce à la longue autonomie de la batterie”, se réjouissent les fans de gadgets chez HiConsumption.
Le site de Therabody affirme bien-être n’est pas un vain mot pour la marque, créée par un ancien motard qui, après un accident, en quête d’un moyen pour soulager ses atroces douleurs, inventa le premier pistolet de massage. Une philosophie qu’il décline depuis en applications mobiles et en un podcast qui, lui, ne masse pas (on a essayé, c’est très décevant).
149 euros sur le site du fabricant, qui prévoit aussi un modèle destiné aux avant-bras (dont il promet qu’il protègera du tennis et du golf elbow).
Optimiste

Vous êtes de bonne humeur ? Ben tant pis pour vous !
C’est ce que semble vous murmurer chaque jour le monde, pas vrai ? Et cela, sans même avoir à parler des drames qui accablent la planète. Rien qu’à voir l’esthétique de ce qui nous entoure —minimaliste, monocolore et épurée, quand ce n’est pas radicalement grise, minérale, voire tout simplement déprimante… il n’y a pas vraiment pas de quoi se réchauffer les yeux, dans la culture contemporaine.
Enfin, si : il y a David Oku, qu’a décidé de nous présenter cette semaine Design You Trust. Cet artiste globe-trotter (né en Allemagne, il a vécu au Nigéria puis en Italie avant de se fixer à Londres) fait des peintures joyeuses, vibrantes, colorées, bordéliques, pop, psychédéliques, exubérantes, vibrantes, imaginatives, inspirantes et… abordables : sur son site, il propose ses tirages à partir de 81,95 euros TTC, garantis sans acide et en matières recyclées.
C’est vraiment chic et sympa de sa part, comme disait Jacques Chirac en parlant de Madonna, à une époque où le monde n’avait pas encore honte d’être en couleur.
Bobo
Voilà qu’en Arabie Saoudite, ce paradis des bobos bien connu, on se met au bio.
On ne peut vraiment plus compter sur personne.
C’est ce que nous apprend l’AFP, reprise par Sciences et Avenir.

La nouvelle mode saoudienne du manger sain s’avère d’abord le résultat d’un choix politique : la lutte contre le sucre et le gras est devenue une priorité du Royaume, où un adulte sur cinq souffre d’obésité. Car il y a urgence : “Le riche pays pétrolier figure à la 17° place dans le classement de l'Observatoire mondial de l'obésité, trois places en dessous des États-Unis et de ses voisins du Golfe, le Qatar et le Koweït”, rapporte l’agence de presse, qui rappelle que le comptage calorique dans les restaurants est devenu obligatoire en 2019, et que les boissons gazeuses sont désormais interdites dans les cantines scolaires.
Les restaurants diététiques se multiplient. Choux Kale, poulets-légumes et filets de saumon remplacent hamburgers, shawarmas et kabsas, un plat traditionnel de riz et de viande à partager.
La pratique du sport est aussi encouragée, que ce soit par l’instauration de marathon de Ryad ou, comme ce pays n’aime pas voir petit, par la création d’un “boulevard des sports” dans la capitale, réservé aux piétons, cyclistes et cavaliers, de 135 kilomètres de long.
Oui vous avez bien lu : les pistes cyclables géantes, où l’on pourra aussi faire du cheval d’ailleurs, s’installent entre deux enseignes bobos au royaume des Saoud. La nouvelle risquant de déclencher plusieurs crises d’apoplexie chez les anti-Hidalgo parisiens, ces efforts ne vont cependant pas améliorer la santé de tout le monde.
Mode

Toujours là où on ne les attend pas
On vous en parlait, récemment, dans notre salon VIP : en Thaïlande, la très touristique région de Phuket s’énerve contre les applications de VTC en général, et les chauffeurs “étrangers” en particulier, visant particulièrement les ressortissants russes. Eh bien, les dernières données du Centre d’Information de l’Immobilier Thaïlandais permettent de saisir un peu mieux, peut-être, les ressorts de la crise : les Russes possèdent désormais 40 % des appartements en co-propriété là-bas. Ils sont même, cette année, pour la première fois, passés devant les Chinois.
Une hausse due à la guerre en Ukraine ? Eh bien, difficile d’avoir des certitudes.
Disons simplement que, depuis novembre 2022, date de la réouverture des frontières après la pandémie de Covid, quelques traditions semblent bousculées : sur les 10 premiers jours de novembre, les Russes ont constitué le principal groupe de nouveaux arrivants dans le pays (généralement, les pays d’Asie, Inde et Malaisie en tête, trustaient les premières places du classement). Le 12 novembre, Aeroflot, la compagnie aérienne russe, annonçait l’ouverture de 14 vols direct supplémentaires, par semaine, à destination de Phuket. Fin décembre, Reuters notait que l’on pouvait compter “60 % de Russes supplémentaires, par rapport au même mois de 2019”. Le 22 février, le correspondant local d’Al Jazeera écrivait : “L’influx massif de Russes se fait aussi sentir dans d’autres zones touristiques populaires, comme Koh Samui, la deuxième plus grande île du pays, ou la station balnéaire orientale de Pattaya où, depuis des années déjà, cette communauté se concentre dans la ville côtière de Jomtien.” “Ce sont surtout des jeunes couples, qui craignent pour leur sécurité”, leur a expliqué le prêtre de l’Église Orthodoxe russe de Tous les Saints, à Pattaya.
Et dernièrement le 25, Voice of America interrogeait un commercial d’origine moscovite travaillant pour l’agence immobilière InDreamsPhuket : “Plus de 90 % de nos clients sont Russes. En novembre, quand ça a été le pic des arrivées, les gens achetaient tout […] Quant à la location, c’est le chaos. Des villas qui coûtaient 300 00 baht par mois (environ 8 100 euros) se louent désormais à 1 million le mois (soit 27 000 euros), mais les gens les prennent quand même.”
Conseillons aux habitants la plus grande vigilance : comme on sait, le Russe a une certaine tendance à tomber par la fenêtre en ce moment et, sur le crâne, ça fait plus mal qu’un pot de fleur.
Beauté

En vente et tripante
J’ai longtemps pensé que, quand quand le CA de PostAp Mag se chiffrerait en millions, vers 2049, notre premier investissement consisterait en l’achat d’un bunker antiatomique.
Mais je viens de changer d’avis. Notre premier achat, ce sera cette petite propriété, qui vient d’être mise en vente dans le désert du Mojave, au modeste prix de 2,1 millions de dollars. Situé tout près du parc national de Joshua Tree, le bâtiment principal a l’inconvénient d’être un peu étroit (à peine 120 mètres carrés, c’est peu pour un groupe de médias qui vise à dominer le monde). Mais à l’extérieur, il y a un temple de méditation et une piscine, c’est un plus.
On peut faire le tour du propriétaire sur le site spécialisé The Spaces, qui précise qu’il est aussi possible de louer Bonita Domes —ainsi s’appelle cette demeure inspirée des habitats traditionnels d’Afrique du Nord—via Airbnb (488 dollars la nuit).
Les meubles sont un peu moches, mais la visite vaut le coup d’œil. Imaginez la gueule que ça aurait avec, partout, des téléscripteurs, des boîtes de conserve et des masques à gaz. Le rêve.
Bizarre

Ils sont à la recherche du temps perdu
À part vivre dans le futur, qu’y a-t-il de mieux que vivre dans le passé ?
Rien, désormais, grâce à l’idée géniale et bizarrement flippante de Wist Labs, une start-up californienne. Accrochez-vous, l’idée est extrêmement simple et en même temps terrifiante (mais pourquoi ?) : Wist a développé un logiciel permettant de transformer une vidéo de smartphone en un espace accessible via un casque de réalité virtuelle.
Autrement dit : vous pouvez désormais entrer dans vos souvenirs. Faire partie de la scène. Marcher dans le salon à côté du petit faisant ses premiers pas, l’encourager et presque le toucher —sans avoir besoin de rien d’autre qu’un téléphone intelligent, un casque VR grand public et, donc, du logiciel de Wist Labs, d’ores et déjà accessible en bêta privée, c’est-à-dire en version test.
Vous pouvez demander un accès ici ou, sur le lien ci-dessous, trembler devant leur première vidéo de démonstration, publiée sur Twitter par la maison.
Bientôt, nous pourrons déplorer ensemble : “Les souvenirs, c’était mieux avant.”
Météo marine

Ça tangue
Les vaisseaux fantômes à l’ancienne, façon voiles en lambeaux et ponts vermoulus, ont eux aussi pris un coup de vieux. Et c’est encore, figurez-vous, signé “Poutine”.
C’est Intellinews qui nous l’apprend, en posant une question bien plus importante qu’il n’y paraît : “De combien de pétroliers dispose la flotte fantôme russe ?”
Car la Russie dispose, donc, d’une flotte de pétroliers dépourvue d’existence officielle.
Réponse : “Entre 100 et 600, selon que vous incluez les anciens “tankers” que la Russie a remis en service l’année dernière, et/ou les “dark flottes” battant le pavillon de ses partenaires, comme l’Iran ou le Venezuela, eux-mêmes sous sanctions depuis des années.”
Selon les experts cités par le magazine berlinois, il suffirait de 240 de ces cargos pour contourner l’intégralité des sanctions pesant sur l’envahisseur de l’Ukraine, pour ce qui concerne, bien entendu, ses exportations opérées par la mer —même si d’autres complications comme la facilité d’accès aux routes maritimes les plus communes, ou tout simplement aux plus grands ports du monde, demeure un autre problème.
Finalement, je me demande si, plutôt qu’une villa design dans le désert, ou un bunker souterrain, je ne vais pas plutôt investir dans un tanker fantôme. Grâce à la VR, j’installerai mes souvenirs dans la soute, et l’horizon sera notre seul horizon, vers lequel nous filerons, toutes voiles dehors.
Comment, les pétroliers n’avancent pas à la voile ?
Décidément, ce monde marche sur la tête.





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