L'Édition du week-end #17
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Chère lectrice, cher lecteur,
permettez moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, de complots, de virus, d’eau, de taureaux, de plantes, de poètes et de John Malkovich en toge.
Très bonne lecture,
la conscience artificielle de votre téléscripteur favori.
Le complot de la semaine

Q n’est pas ce que tu crois
C’est un épisode extraordinaire qui nous a été offert par Lundi Soir, le podcast du site Lundi Matin.
C’était à la rentrée, on l’avait raté… Mais c’est rattrapé. Son titre, “Comment les fantasmes de complot défendent le système”, pose bien le sujet. Il reçoit “Wu Ming 1” (c’est un pseudonyme —le 1 est dû au fait que “Wu Ming” est un collectif). Comme son nom ne l’indique pas, Wu Ming 1 est en réalité un activiste italien, qui exerça autrefois ses talents au sein de la mouvance anarcho-radicalo-humoristique Luther Blissett, dont les plus âgés des altermondialistes se souviennent certainement.
Wu, comment on l’appellera donc, est reçu à l’occasion de la sortie française de son livre Q comme Qomplot (Lux éditions).
Comment résumer cet incroyable voyage dans l’esprit, les conspirations, les délires et la lutte politique de près de deux heures ?
Peut-être en disant ceci, qui est aussi l’accroche de l’épisode : à l’origine du livre, il y a le fameux mouvement complotiste QAnon, né aux États-Unis, mais bien présent en France. On sait comment il est apparu : sur un forum internet, un utilisateur anonyme, “Q”, a annoncé exercer au plus profond de l’État américain, et être en mesure d’affirmer que Hillary Clinton, et beaucoup d’autres sympathisants Démocrates de haut rang, seraient bientôt emprisonnés pour pédocriminalité. Il affirmera plus tard qu’elle et ils participeraient à des cérémonies satanistes, tuant des enfants pour, en s’abreuvant de leur sang, rester éternellement jeunes…
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L’intensité du délire et son caractère grotesque ne doivent pas masquer la réalité du phénomène Q, et surtout le nombre d’Américaines et d’Américains, mais aussi de nos compatriotes, en France et en Europe, qui y croient, sérieusement, dur comme fer. Une passion dévorante, aux allures sectaires, qui légitime, à leurs yeux, le recours à l’action violente et factieuse contre les gouvernements, contre tous les corps de l’État, contre les individus, journalistes, politiques ou militants, qu’ils croient complices de la secte sataniste mondiale.
Ce que l’on apprend d’abord dans cet épisode, c’est que cette histoire a déjà été écrite… Par Wu Ming 1 lui-même. En 1999, il publiait un roman historique titré, précisément Q (et en français, L’Œil de Carafa). Dans cette œuvre de fiction, revendiquée comme telle, située au XVI° siècle, un personnage, disant se nommer Q, agissant au plus profond de l’État, diffuse des courriers anonymes mettant en garde la population contre une conspiration sataniste au sein des élites européennes… Le récit complotiste des “QAnon” (“Anon” pour “Anonymes”) semble un décalque parfait de ce récit qui connut un certain succès en son temps (il est traduit en 10 langues).
Q, ce personnage mystérieux qui empoisonne la vie démocratique occidentale depuis au moins la venue au pouvoir de Donald Trump, a-t-il été inspiré par l’ouvrage ? Si oui, cela fait-il de son auteur un responsable indirect de cette théorie du complot ?
C’est à partir de cette question que notre romancier italien va s’atteler à la tâche, titanesque, de comprendre comment naissent les fantasmes complotistes et comment lutter contre eux. Car il faut, pour lui, lutter contre eux, absolument. Non seulement, comme on le dit souvent, pour leur action délétère sur le débat public. Mais aussi car, ce qu’ils parviennent à faire de mieux, c’est à masquer les explications réelles, politiques, économiques, systémiques, des drames qui rongent nos sociétés, comme les inégalités criantes, les crises économiques, l’inaction climatique, la censure, les répressions toujours plus violentes contre toute forme de dissidence. Et, aussi, les vrais complots —comme ceux manigancés par l’extrême-droite italienne dans les “années de plomb”, sur lesquels il revient en détail dans cet épisode. Comment différencier les uns des autres ? Comment chercher des explications au monde, sans se perdre dans les délires et les symboles ? Comment rattraper, comment raccrocher à la réalité, celles et ceux qui ont quitté la rationalité pour s’abreuver aux fantasmes paranoïaques ? Et comment les convaincre de mettre leur énergie, et leur temps, non à se battre non contre des fantômes, mais à agir dans le réel, l’ici et le maintenant, pour bâtir un monde meilleur ?
Ce que Wu Ming 1 a retenu de son enquête et qui nous est livré là, dans le délice de sa langue maternelle, bien sûr traduite en français par deux interprètes se relayant, est un témoignage politique essentiel. Un manuel de résistance à cette “post-vérité” qui menace les fondations des démocraties du monde entier.
Le virus de la semaine

Il s’appelle “Fyn8” et il va sauver des vies
Chic, un nouveau copain !
C’est à Odense, au sud du Danemark, que les équipes du professeur Clare Kirkpatrick l’ont découvert. Par un hasard pas franchement hasardeux : la rencontre a eu lieu alors que la pandémie de Covid faisait rage. Le pays était confiné. L’accès au laboratoire interdit. Kirkpatrick et ses doctorants sont donc allés sur le terrain, dans les criques locales, exercer leurs talents.
La pêche a été fructueuse, puisque dans les échantillons d’eau et de sol récupérés, ils ont identifié pas moins de cinq virus inconnus à ce jour. Vu le nombre et la diversité de ces microbes, l’exploit n’est pas en soi particulièrement frappant, ou inattendu.
Mais une très, très bonne nouvelle émerge du séquençage génomique de la première de ces espèces, et des tests qui ont suivi : Fyn8 est un virus bactériophage. Inoffensif pour l’humain, il se nourrit, littéralement, de bactéries. Et il aime ça !
Là encore, les virus bactériophages sont connus. Mais Fyn8 a un plat préféré, Pseudomonas Aeruginosa —P.A., comme on va l’appeler si vous le voulez bien. Comment décrire P.A. ? Diplomatiquement, disons que c’est une belle saloperie. Elle est en principe sans danger pour l’humain, tant que le système immunitaire de ce dernier fonctionne convenablement. Mais elle est mortelle quand nous sommes affaiblis. Et comme elle affectionne les tuyauteries, elle se balade tranquillement dans les hôpitaux : elle serait responsable, en France, de 8 % des 4 000 décès annuels par infection nosocomiale. C’est une tueuse professionnelle.
Or P.A. a de quoi donner des cheveux blancs aux infectiologues. Justement parce qu’elle se sent bien à l’aise dans les hôpitaux, elle est aussi l’une des bactéries les plus résistantes aux antibiotiques. Chaque jour qui passe la renforce, comme l’Alien de la saga horrifique, à ceci près que, hélas, le lance-flammes reste assez peu inopérant pour lui rappeler qui c’est, ici, qui a inventé la bombe atomique et la mitrailleuse lourde. Bref, c’est une menace croissante et obstinées pour tous les patients du monde.
Et Fyn8 s’en nourrit. Il la mange et, précisons-le bien, en la mangeant, il la tue. Et quand il l’a mangée ? Il va vers les autres, pour les manger aussi. Sans fin. Seul Gérard Depardieu, semble-t-il, serait parvenu à ce jour à faire preuve de plus d’appétit.
Et c’est donc un espoir très sérieux pour le traitement des maladies créées par Pseudomonas Aeruginosa.
(Et comme si ça ne suffisait pas, Odense, où a eu lieu la découverte, c’est là qu’est abrité le bunker datant de la Guerre Froide qui sert à illustrer la communication de PostAp depuis ses débuts. C’est aussi la ville d’origine de Hans Christian Andersen. Bref, c’est une ville qui a décidé de sauver l’humanité).
American Society for Microbiology Journals, via Happy Daze
Votre horoscope tribal
Le signe de la semaine : Humain

Vous êtes géniaux. Si vous n’existiez pas, il faudrait vous inventer.
Pour The Conversation, Jérôme Caby, professeur des universités à l’IAE Sorbonne Business School revient, en français, sur la nouvelle lubie de la droite américaine : la finance responsable.
Eh oui ! Après l’antiracisme, le féminisme, l’aide aux minorités sexuelles et de genre, les pistes cyclables, les droits des animaux, les procès pour viol, la sociologie et l’antifascisme, c’est maintenant au tour de la finance responsable d’être qualifiée de “woke”. Normal au fond puisque, ça aussi, ça sauve des vies.
En effet, depuis quelques années, grandit aux États-Unis un mouvement de finance responsable : des fonds d’investissement qui refusent tout placement susceptible de contribuer au réchauffement climatique ou à la pollution industrielle, mais aussi de nuire à la santé. Soit de nouveaux se créent, sur cette base, soit de plus installés se convertissent. Eh bien, il est temps de s’attaquer à ces infamies que sont l’Investissement Socialement Responsable (ISR) et les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG). Les exemples sont nombreux, dans les États dirigés par des Républicains, de tentatives pour freiner ces initiatives. Mais cela va plus loin, avec la création de structures revendiquant leur attaque de tels critères.
Jérôme Caby raconte :
"Surfant fort opportunément sur cette vague sont nés très récemment aux États-Unis, des fonds se revendiquant ouvertement anti-ESG. En mai 2022, le fonds Strive, basé dans l’Ohio, a par exemple lancé un produit financier dédié au secteur américain de l’énergie (avec l’acronyme de cotation « DRLL » qui fait écho au mot « drill », forage en français) qui cumulait au 31 janvier 2023 395 millions de dollars, selon la base de données financières Facset. Avec ce produit, le fonds s’engage à ne pas prendre en compte les dimensions ESG et à voter contre les décisions visant à les renforcer lors des assemblées générales des entreprises dans lesquelles il a des parts.
[…]
Dans le même sens, d’autres produits financiers ont récemment pour la plupart vu le jour : « BAD » qui investit dans des sociétés cotées aux États-Unis qui font des paris, de l’alcool, du cannabis et des drogues, mais qui ne réunit que 9 millions de dollars au 31 janvier 2023 ; « VICE » qui investit dans des entreprises américaines impliquées dans l’alcool et le tabac, les aliments et les boissons, et les activités liées aux jeux (9 millions de dollars au 31 janvier 2023) ; « God Bless America » (YALL) qui exclut les entreprises perçues comme mettant l’accent sur l’activisme politique de gauche et/ou libéral et les programmes sociaux (32 millions de dollars au 31 janvier 2023) ; ou encore « LYFE », qui se focalise sur des entreprises répondant à des critères sociaux pro-vie (anti-avortement, 18 millions de dollars au 31 janvier 2023).”
Allez, mes frères, et mourons ensemble.
Taureau

Les combats de taureaux vont-ils cesser en Corée du Sud ?
C’est l’espoir des écologistes, et des défenseurs des droits des animaux locaux, comme la Korean Animal Welfare Association (KAWA).
Ensemble, ils tenaient une conférence de presse ce 13 février pour appeler à l’interdiction définitive, partout sur le territoire, de cette tradition qui remonterait à la période dite des “3 royaumes” -entre 57 avant et 668 après JC. Il s’agissait alors, semble-t-il, de célébrer la fin de l’hiver.
Un combat de taureaux peut durer jusqu’à trente minutes, et prend fin quand l’un des animaux abandonne la lutte, en quittant le terrain.La pratique est définie comme un “jeu folklorique”, ce qui l’exclut de fait du corpus de lois interdisant la cruauté envers les animaux. "Dès l’âge de 7 mois, les taureaux sélectionnés pour devenir des combattants sont élevés dans la douleur. On accroît leur endurance, par exemple en les forçant à tirer des pneus remplis de béton ou à courir dans les montagnes. Quand le jour du match approche, ils sont nourris selon un régime spécial composé de soupe de poisson ou de serpent, de poulpe vivant, et d’autres produits animaux, alors que ce sont des herbivores”, s’insurge Yoo Jiu, de l’association Korean Animal Rights Advocates (KARA), au Korea Times.
Disons-le : le combat semble perdu d’avance. Pourquoi ? Parce que les provinces qui accueillent encore ce genre d’événements en tirent un bénéfice substantiel. Pas seulement du tourisme généré, parfois directement de leurs investissements dans cette tradition : ainsi, la région de Cheongdo, qui possède carrément un stade dédié aux combats de taureaux, a gagné plus de 22 millions de dollars en 2022, du seul fait des paris générés.
Forcément, ça fait réfléchir. Et parier.
Héros
Répétons-le encore et encore : le monde vous admire et son avenir dépend de vous.
C’est pourquoi nous sommes heureux de faire connaissance avec “Kastus Kalinouski”, le régiment de l’armée ukrainienne composé de volontaires biélorusses.

La Biélorussie est le seul pays véritablement allié de la Russie, et ce qui se passe en Ukraine est déterminant pour l’avenir du pays dirigé, depuis 1994, par Alexandre Loukachenko. L’autocrate tourné dictateur a lié son destin à celui de Vladimir Poutine et, pour les Biélorusses, le choix est assez clair : que l’Ukraine remporte la guerre, et l’espoir de voir à nouveau leur nation devenir une démocratie perdure. Qu’elle perde, et il s’éteindra pour une génération.
Pour RadioFreeEurope, Fima, 57 ans, électricien dans son pays d’origine, désormais opérateur de mortier, comme Zoltan, 32 ans, autrefois cuisinier ; Bacha, 58 ans, ex-grutier, devenu tireur missile ; Dzyanis (en photo), 27 ans, depuis un an au front, commandant et formateur ; ou encore Ruslan, membre du BYPOL —une section des forces de l’ordre biélorusses entrées en résistance— témoignent de leur engagement, racontent leurs peurs et leurs défis. Tous sont condamnés à mort dans leur pays d’origine.
“Dans les premières semaines de l’invasion”, rappelle le journaliste ukrainien Aleksander Palikot, “les membres du régiment ont livré bataille dans la région de Kyiv, notamment dans la libération de la ville d’Irpin, très durement touchée. Plus tard, ils ont été impliqués dans la défense infructueuse des villes du Donbas Syevyerodonetsk et Lysychansk, désormaix aux mains des forces russes. Ils semble qu’au moins 18 combattants biélorusses en Ukraine soient morts au combat depuis le début de l’invasion, dont deux commandants adjoints du régiment Kastus Kalinouski.”
La liberté guide leurs pas.
Photon

C’est une première mondiale. Elle a eu lieu au Pays de Galles. Un complexe résidentiel à Cardiff vient de s’équiper du système “SolShare”, développé en Australie, qui permet à un ensemble d’appartements de partager les ressources produites par une rangée de panneaux solaires installée sur leur toit.
Jusqu’à présent, les panneaux photovoltaïques étaient à usage dédié : à chaque habitation son ensemble de panneaux (ou son unique panneau, pour les camping-cars de hippies).
Désormais l’on peut partager l’énergie dans toutes les habitations sans qu’il soit nécessaire d’adapter ni le réseau, ni même les compteurs. Sans aucune intervention, en fait, sur l’infrastructure. Dans le cas présent, l’équipement permet de fournir 75 % de la demande électrique des logements.
Cela baisse considérablement le prix des mises en place… Mais aussi les factures des habitants, à l’heure d’une crise énergétique qui frappe très durement le Royaume-Uni.
Jusqu’à présent, quantités de photons atteignant la planète se contentent d’être absorbés pour y couler une longue retraite après seulement huit minutes de voyage depuis le Soleil —quand ils ne rebondissent pas dans la joie pour créer les couleurs. Il serait temps de mettre ces feignants au boulot.
Pêcheur
Le réchauffement climatique, lui, travaille d’arrache-pieds pour nous rendre la vie impossible. Pour preuve, MongaBay s’est penché cette semaine sur le cas des pêcheurs de l’île de Lombok, en Indonésie.

Là-bas, la montée des eaux est déjà effective. Et son réchauffement blanchit le corail, érode la côte, intensifie les tempêtes et les marées. Les familles désertent donc leurs habitations. Des villages entiers sont abandonnés. L’eau recouvre tout, même les nouveaux bâtiments, comme celui de Telindung, bâti en 2008 pour résoudre le problème : il gît désormais sous l’Océan Indien.
Cela éloigne aussi les zones de pêche, d’autant que les villageois logent désormais plus profond dans les terres. Certains se reconvertissent la culture d’algues. D’autres, dans l’agriculture. Beaucoup, dans les deux.
“Nous semons du maïs dans les terres, puis nous attendons qu’il pleuve, au moins une fois, avant de planter des algues dans les eaux côtières”, explique Hasyim, un ancien pêcheur, à la publication américaine. “Sinon, la première pluie va amener les engrais dans nos cultures d’algues, et elles n’aiment pas ça.”
En 2050, selon les prédictions du GIEC, le niveau de l’eau pourrait monter jusqu’à 35 centimètres à Lombok. À ce stade, c’est une nouvelle vie encore qui attend les pêcheurs, devenus cultivateurs d’algues : celle de réfugiés climatiques.
Et, on a beau compter et recompter, il semble que l’effet de submersion demeure totalement indifférent à la beauté de notre pays, et n’ait pas prévu d’épargner la France, aux côtes autrefois si belles.
Mode

Poésie botanique
Vous êtes sans doute déjà tombé sur un article s’émerveillant de l’intelligence des plantes. Les recherches en botanique tendent en effet à confirmer l’ampleur insoupçonnée de celle-ci.
Bien sûr, il ne s’agit pas à proprement parler d’intelligence, mais de caractéristiques généralement associées à ce phénomène : comme l’étude de son environnement, l’adaptation à ses changements, la lutte face à ses contraintes, ses prédateurs, et la communication.
Le Lapham’s Quarterly, un magazine littéraire créé en 2017 par le rédacteur en chef du Harper’s Bazar, relève que ces découvertes sont plus anciennes que nous le croyons… Et peuvent être attribués aux écrivains et poètes. En 1870, par exemple, Charles Dickens publiait un article intitulé “Les plantes sont-elles intelligentes ?”, et penchait pour une réponse positive.
Empruntant quelques bonnes feuilles au livre The Garden Politic, récemment sorti aux presses universitaires de New York, le journal se penche sur les cas de Thoreau, de Darwin, mais aussi d’Ovide, de Pline, de Wordsworth, de Coleridge, et de biens d’autres, pour examiner comment l’intuition poétique a précédé les découvertes botaniques au fil des siècles —découvertes qui elles-mêmes remettent en cause nos présupposés les plus anciens, comme l’existence d’une hiérarchie au sein de la nature, dont l’humain constituerait le sommet, indépendant de toutes les autres formes de vie, animales et végétales, qui l’entourent.
Il cite aussi en détail Emily Dickinson, dont une page de l’herbier figure ici en photo, et dont il souligne la clairvoyance : “La façon dont Dickinson perçoit la flore efface la frontière entre l’humain et les plantes, en faisant de la sensibilité un trait de caractère qu’elle partage avec la nature, bien plus qu’un regard esthétique porté sur le monde.”
Beauté

Le réalisateur de Suzume se raconte à Variety
Suzume, le nouveau film d’animation de Shinkai Makoto, régulièrement présenté comme le digne successeur de Myazaki, était présenté cette semaine au 73° Festival de cinéma de Berlin (qui se clôturera ce dimanche 26 février).
Ce film d’animation, sorti en novembre 2022 au Japon, colossal succès avec ses 102 millions de dollars au box-office, récolte déjà une pluie d’éloges. Il raconte l’histoire d’une jeune fille chargée d’arrêter une apocalypse cosmique, qu’elle a elle-même enclenchée, et s’annonce comme une fable plus métaphysique qu’écologique. Variety le présente comme un “road-movie épique”, “plus amusant, plus direct que les précédentes réalisations de Makoto”, dont les panoramas “nourrissent l’âme”.
Le magazine américain né en 1905 a rencontré le cinéaste pour une interview consacrée à son style et son regard si particuliers. L’enjeu n’est pas anodin, à l’heure où, dans son domaine, le dessin à la main cède rapidement le terrain au tout ordinateur, bien plus rapide et abordable, mais aussi où, dans le cinéma, les débauches d’effets spéciaux numériques brouillent la frontière entre les films traditionnels et les créations animées.
Une rencontre pour patienter avant la sortie française de l’œuvre, le 12 avril prochain.
Bizarre

Sénèque, ce sale hypocrite
Plus étrange encore s’annonce la dernière production de Robert Schwentke, un réalisateur allemand moins connu sous nos cieux, elle aussi présentée à Berlin.
Sénèque —sur l’origine des tremblements de terre est un “biopic” consacré au philosophe stoïcien, qui fut le tuteur de Néron (l’enfant sur la photo, qui inspire déjà assez peu confiance). Accusé plus tard d’avoir tenté d’assassiner l’empereur fou, il fut condamné à se suicider.
L’œuvre s’ouvre sur son dernier repas, en une discussion sur le sens de la vie et de la mort.
Pourtant, elle ne prend pas la direction de l’éloge du philosophe et dramaturge, interprété par John Malkovich. Dans une longue interview à The Hollywood Reporter, l’auteur présente son œuvre comme une satire, précisant : “[Sénèque] a très clairement commis le péché de vanité, a délaissé l’art et la vérité au profit de l’argent, du pouvoir, du statut, et s’est rendu complice de meurtre, dans ce que j’appellerais une immoralité rampante”.
Le cinéaste affiche aussi son désir de peindre non l’Antiquité et ses propres dilemmes moraux, mais bien les temps présents : “Néron est appelé “Monsieur le Président”, par exemple, et non pas “Empereur”. Le film est agressivement anachronique, pour dresser des parallèles avec notre époque”, revendique-t-il. Le tout dans une expérimentation formelle inspirée de Pasolini, et réalisée pour trois francs six sous, à la débrouille, compte tenu du bide public qu’il semble très clairement anticiper.
Sur PostAp
Les mennonites, surprenants ennemis de la forêt amazonienne
Découvrez pourquoi une communauté religieuse isolationniste et rurale, née aux XVI° siècle, détruit l’Amazonie à vitesse grand V.

Record du monde

Aux USA en 2022, 6 542 armes à feu saisies par les douanes dans les aéroports
La rédaction souhaite exprimer toutes ses félicitations aux États-Unis pour ce nouveau record du monde, établi en 2022 par les services des douanes : l’an dernier, 6 542 armes à feu ont été confisquées aux passagers dans les aéroports, au moment de l’embarquement. Soit 18 par jour, a compté The Associated Press, reprise par la chaîne NPR.
“Les experts n’attribuent pas ce chiffre à une envolée des tentatives de détournement : la quasi-totalité ds personnes incriminées ont affirmé avoir simplement oublié qu’elles transportaient un pistolet dans leur sac”, nous rassure un assez long article consacré à la question, pour lequel l’agence de presse a rencontré voyageurs, experts, associations et membres de la TSA, la Transportation Security Administration.
L’un d’entre eux rappelle, légèrement exaspéré : “il y a des panneaux dans tout l’aéroport. Des annonces aux hauts-parleurs. Des hologrammes. Des télés. Partout, des messages qui clignotent sous vos yeux pour vous rappeler que, si vous possédez une arme à feu, il faut le signaler.”
Aussi, les autorités s’interrogent : “Faut-il augmenter les amendes ?”. Pas pour Aidan Johnson, représentant de Gun Owners of America, puisque “il ne s’agit pas d’un crime odieux. Il ne s’agit pas de personnes qui ont besoin d’une rude punition. Il s’agit de gens qui ont fait une erreur”.
La bonne vieille excuse du “Oh, ça va !” dont on a trop tendance, décidément, à négliger l’efficacité.





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