L'Édition du week-end #15
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Chère lectrice, cher lecteur,
permettez moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, d’un delta qui sombre, d’une fusée révolutionnaire, de voleurs en petite forme, de calculatrices nostalgiques, de violons légendaires et d’autodéfense.
Très bonne lecture,
la conscience artificielle de votre téléscripteur favori.
La frontière de la semaine

Ça passe et ça casse
Ainsi va la frontière qui sépare, et unit, le Pakistan et l’Iran.
Les deux pays islamiques commercent ensemble à hauteur de 1,5 milliards de dollars par an, mais ce n’est là que la surface émergée de l’iceberg : tous deux enjambent joyeusement les sanctions internationales, censées interdire l’achat d’énergie, notamment, à la théocratie chiite, grâce à un trafic qui fait vivre des milliers de personnes sur le point de passage de Mand, dans la région du Balouchistan.
“Selon des estimations non officielles”, écrit The Diplomat, “en 2020, dans la zone du port de Gwadar, au moins 9 074 bateaux de pêche, 54 usines de poisson, 125 camions, 25 bus et même de véhicules privés tournent grâce au pétrole illégal. Les marchés du transport comme de la vente étant interdits, les mesures de sécurité basiques sont rarement observées, et les accidents sont fréquents. Quand un incendie s’est déclaré récemment dans la ville de Kuntani Hor, il n’y a pas eu d’opération de secours, pas plus que de soutien pour les victimes, puisque toute cette zone n’est pas censée se livrer à ce commerce interdit.”
Une frontière, c’est fait pour être passée. Et le pétrole, manifestement, pour brûler.
Le Delta de la semaine

Adieu mon beau Mékong
Le site donnant la parole aux universitaires, The Conversation, a ouvert ses colonnes à deux chercheurs et une chercheuse souhaitant attirer l’attention internationale sur la crise menaçant le delta du Mékong, au Vietnam.
Grande comme les Pays-Bas, hébergeant 17 millions de personnes et assurant 50 % de la production nationale de riz, 65 % de celle de poisson et 70 % de celle de fruits, la région n’est située qu’à 80 centimètres au-dessus du niveau de la mer : la montée des eaux due au réchauffement climatique pourrait la rayer de la carte.
Pour ne rien arranger, le pompage massif des eaux souterraines produit également son affaissement, “à des taux allant de 1 à 5 centimètres par endroits”. C’est le phénomène dit “de subsidence”.
“Si un territoire situé sous le niveau de la mer n’est pas nécessairement submergé, comme le montre l’exemple des Pays-Bas, il s’agit là d’une menace véritablement existentielle pour le delta du Mékong. Compte tenu des coûts des mesures de protection, il semble peu réaliste que l’ensemble de la région puisse être protégée si les scénarios les plus pessimistes devaient se matérialiser”, écrivent les scientifiques.
À cela s’ajoute le problème des intrusions salines : l’alternance entre saisons sèche et humide fait remonter les eaux salées dans le territoire. C’est dévastateur pour l’agriculture. Et le phénomène, bien entendu, s’amplifie à mesure que le pays passe sous le niveau de la mer.
“Dans les prochaines décennies”, poursuit l’article, “quatre facteurs sont susceptibles de modifier les intrusions salines : le changement climatique avec la montée du niveau marin et les changements de pluviométrie ou de débit fluvial, la subsidence et l’appauvrissement en sédiments causé par les extractions de sable et le piégeage dans les barrages en amont.
À l’aide d’un modèle hydrologique numérique, nous avons testé différents scénarios pour ces quatre facteurs. Selon les résultats, leur combinaison conduirait à une hausse de 18 à 36 % de la surface du delta affectée par les intrusions salines d’ici à 2050.”
Au vu de ces estimations inquiétantes, suggérons aux gouvernants d’agir radicalement selon la méthode habituelle : en se couvrant les yeux avec les mains, tout en enfonçant sa tête dans le sable. Jusqu’à présent, à toutes et tous, ça nous a plutôt réussi, non ?
Votre horoscope tribal
Le signe de la semaine : Astronaute

C’est la fête à l’espace : la NASA et la DARPA, l’agence de recherche de l’armée américaine, viennent d’annoncer travailler ensemble autour du projet DRACO (“Demonstration Rocket for Agile Cislunar Operations” —””Fusée de Démonstration pour les Opérations Cislunaires Agiles”), un prototype de moteur-fusée utilisant la propulsion nucléaire.
Le concept de réacteur à fission peut être trois fois plus performant que les engins traditionnels, explique Techno-Science. L’idée remonte aux années 1940, mais n’a jamais vu le jour.
Pour le rêve de tout Terrien qui se respecte —envoyer une équipe scientifique sur la planète Mars— cela signifie un voyage réduit à 45 jours au lieu de 6 mois, avec une propulsion prenant moins de place que celles envisagées jusqu’à présent, libérant de la place pour le matériel de recherche.
Un vol de démonstration est déjà planifié, pour 2027 et bientôt, un jour, nous volerons ensemble.
Alien

Restons un instant dans la science-fiction. Le rayon tracteur en est un des stéréotypes les plus ancrés. C’est celui qui permet aux extra-terrestres de faire léviter un être humain jusqu’à leur soucoupe, dans les représentations bien connues ; ou à l’Empire Galactique de capturer les héros de Star Wars, dans le film de 1977, sans lever le petit doigt.
Les rayons tracteurs, qui permettent donc de faire bouger des objets à distance sans le moindre contact, existent déjà. Mais pour l’instant, cependant, leur efficacité est limitée aux atomes et aux nanoparticules.
Pour l’instant, mais plus pour longtemps, nous apprend Popular Mechanics. Des chercheurs chinois sont en effet parvenus à employer cette technologie sur des objets macroscopiques, c’est-à-dire visibles à l’œil nu.
“Certes, l’expérience a été réalisée dans un laboratoire de très haut niveau, et la manipulation ne concernait qu’un type de graphène bien spécifique, dans un environnement comportant très peu de gaz, donc à une pression moindre que l’atmosphère terrestre. Mais allez, quoi ! Ils ont utilisé, bon sang, un rayon laser pour bouger un objet !”
Il n’y a plus qu’à le faire danser.
Voleur
Vous, ça va moins bien, et personne ne s’en plaint.
Le coupable de votre malheur s’appelle Mark Rober.

Cet ingénieur de profession (et ancien de la NASA, pour rester dans le thème) a deux passions : la technologie, et la vidéo. Sur sa chaîne YouTube aux 23 millions d’abonnés, il imagine, fabrique et promeut des créations pas forcément utiles, mais toujours joyeuses. Des labyrinthes sophistiqués pour “les Jeux Olympiques des écureuils”, le plus gros canon à T-shirt du monde, ou un piano intelligent, qui a pris feu en essayant de jouer “Rush E”, un titre spécialement composé pour ce genre d’appareil, dans lequel le Mi est joué à une telle vitesse qu’aucun être humain ne pourrait s’y attaquer.
S’il apprécie concevoir des inventions loufoques, il aime moins se faire voler des trucs sur son palier de porte ou sa voiture, comme cela lui est arrivé souvent. Si souvent qu’il a fini par installer une caméra HD pour filmer l’endroit. Mais même là, même disposant des portraits des coupables, la police avait des choses plus urgentes à faire que leur courir après. Rober a donc longuement mûri sa propre revanche. Et si l’on ne prônera pas l’idée de de se faire justice soi-même, il convient peut-être de faire une exception quand, comme ici, la punition consiste à asperger les voleurs de paillettes et d’odeurs de flatulences artificielles.
Cette “Glitter Bomb” (“Bombe à paillettes”) c’est, pour Mark Rober, le projet d’une vie. Il vient d’accoucher de “la version 5.0.” : au fil des ans, l’ingénieur a ajouté à son concept une voix artificielle égrenant un compte à rebours flippant, des enregistrements reproduisant des conversations policières sur radio, une poignée, invitant à se saisir de l’objet, mais recouverte de colle à souris, des lumières clignotantes imitant des gyrophares, et toujours plus de caméras pour filmer l’action. Le tout emballé dans un carton d’emballage pour casque à réalité virtuelle, parfaitement visible, identifiable et tentant.
Dans cette nouvelle version de la Glitter Bomb, tout a été multiplié par 10 : le nombre de caméras, la quantité de gaz odorant, mais aussi les paillettes —le cœur du concept— désormais bombardées par un drone.
Entre le voleur à la petite semaine et la poésie délirante du YouTubeur, qui gagne ? La réponse en vidéo.
Interesting Engineering et YouTube
Soudeur

Ça va souder sévère
Le géant des hydrocarbures italien Eni et la compagnie nationale de pétrole libyenne Noc viennent de signer un partenariat historique, qui leur permettra d’exploiter conjointement deux gisements de gaz naturel découverts récemment au large du pays d’Afrique.
La première ministre Georgia Meloni, qui a visiblement moins de problèmes avec les étrangers quand ceux-ci peuvent l’aider à accélérer le changement climatique, avait même fait le déplacement. Car le partenariat, qui permettra de produire, dès 2026, 800 millions de mètres cube par jour (dont un tiers destiné à l’exportation vers l’Italie), est historique pour les deux pays.
L’investissement de la péninsule, d’un montant de 8 milliards de dollars, n’a pas fait que des heureux, suscitant de vives manifestations à Tripoli. Celles-ci sont même parvenues même à interrompre la production au complexe de Mellita, au nord du pays.
Il demeure difficile, cependant d’en connaître l’origine. De nombreuses factions se disputent toujours soit le pays, soit ses intérêts économiques, et pourraient donc être derrière l’opération.
Calculatrice
Séchez vos larmes ! Personne ne vous a oubliée.
Et surtout pas les matheux des années 1980, pour qui la simple évocation d’une calculatrice dite “scientifique”, toujours plus sophistiquées durant cette décennie-clé de la miniaturisation informatique, suffit à provoquer des larmes d’émotion.

Les voici comblés, grâce au projet complètement inutile du site Internet Archive, dédié, comme son nom l’indique, à la préservation des pages internet à travers le temps. Mais qui a fait un petit pas de côté en imaginant, à ses heures perdues, ce “tiroir à calculatrices virtuelles” qui reproduit non seulement le logiciel mais aussi, et surtout, le design et les boutons de ces objets emblématique de la fin du siècle dernier.
Eh oui, vous ne rêvez pas : vous pouvez donc, à nouveau, effectuer vos comptes, vos sinusoïdales et vos dénominateurs de puissance (ce qui ne veut peut-être rien dire, on vient juste d’inventer le terme en collant deux mots sérieux ensemble) sur une TI-82 ou une HP 48GX, comme au bon vieux temps.
Allez-y, éclatez-vous. Il paraît qu’au bout d’un certain délai d’utilisation, votre cerveau reproduira naturellement l’odeur de la colle Cléopâtre et le bourdonnement sourd du rétroprojecteur qu’utilisait, sans trop savoir comment ni pourquoi, mais obsessionnellement, votre prof de biologie.
Grâce à la combinaison unique de rideaux fermés, pour assurer la luminosité de l’appareil, d’une après-midi aussi chaude qu’ennuyeuse, et aux propriétés naturellement soporifiques des cours sur la reproduction des fougères, celui-ci ne vous emmenait-il pas, doucement, vers des rêves de nématodes et de plantes isosporées découvrant les joyeusetés orgiaques, jusqu’à ce qu’un gros coup de règle 40 centimètres sur le bureau vous réveille en sursaut ?
(Ne répondez pas : c’est une question rhétorique. Nous savons).
Mode

Grand-mère sait faire du bon café et a un rude crochet du droit
Pour le Guardian, le photographe Brian Otieno et le journaliste Maurice Oniango sont allés à la rencontre des femmes de l’association Shosho Kinkinje, nom qui signifie en Swahili “Grands-Mères protégez-vous”. Sa mission : apprendre l’auto-défense à un groupe de femmes âgées de 55 à 90 ans.
L’initiative a vu le jour dans l’une des pires banlieues de la capitale du Kenya : Korogosho.
“Situé à environ 10 km au nord-est du centre-ville, Korogosho est l’un des bidonvilles les plus grands et les plus densément peuplés de Nairobi”, nous apprend le reportage sur place. “Son nom signifie “bondé d’épaule à épaule”. C’est aussi l’un des plus dangereux, affecté par de forts taux de chômage, de pauvreté, de toxicomanie, d’alcoolisme, de violence domestique et de criminalité.
“Nous avons lancé ce groupe en 2007, quand on s’est rendu compte que les femmes âgées étaient devenues des cibles faciles de viols et de violences”, raconte Beatrice Nyarira, l’une des fondatrices [en bleu sur la photo, NDLR]. Elle s’est d’abord formée, pendant six mois, auprès de pratiquants d’arts martiaux, bénévoles et enthousiastes, avant de diriger elle-même les cours, depuis 2014.”
Un conseil, donc, si vous la croisez : veuillez ne pas la pousser dans les orties. Vos dents vous en remercieront.
Beauté

Vive le roi des sons
John Becker est un luthier de légende. À le rencontrer, raconte Chicago Mag, les solistes Joshua Bells et James Ehnes, deux des plus grands violonistes au monde, honorés des prix les plus prestigieux de leur profession, se sentent comme des petits enfants.
La revue de style et d’art de vivre les a accompagnés alors qu’ils viennent confier leurs petits bébés —deux Stradivarius tricentenaires— aux bons soins du Docteur Becker.
Il en sort un portrait de 25 000 signes consacré à l’artiste surdoué, qui fabrique également ses propres instruments, destinés eux aussi à entrer dans l’histoire.
Bizarre
Vous avez gagné un ticket gratuit pour l’exposition Junji Itô

Le Festival d’Angoulême vient de s’achever après avoir décerné le Fauve d’or, sa plus prestigieuse récompense, à l’album La Couleur des Choses, de Martin Panchaud.
Le site spécialisé Bodoï était sur place, mais a surtout retenu de son séjour l’expérience étrange qu’a constitué sa visite de l’exposition Junji Itô, célèbre mangaka (auteur de mangas) qui fêtera (ou pas) ses soixante ans cette année.
Ses photos ne sont pas toutes ultra-réussies, mais ce n’est pas forcément plus mal, au vu des œuvres perturbantes imaginées par l’artiste, dont une citation prévient d’ailleurs, dès l’accueil, que selon lui “le cerveau humain est la partie la plus effrayante de nous-mêmes”.
Visions cauchemardesques et songes dérangeants y défilent, en noir et blanc, à l’attention des âmes sensibles… Ou insensibles, d’ailleurs.
Sur PostAp
Forbes plante sa tour géante dans la future capitale égyptienne
Oui, car l’Égypte se construit une nouvelle capitale. Vous le saviez, vous ?

Communiqué de santé publique

Tu vois ?
Le YouTubeur américain Mr. Beast (123 millions d’abonnés) est en train de redonner la vue à 1 000 aveugles.
L’idée lui est venue après s’être fait opérer de la cataracte : “Dans les jours et les semaines qui ont suivi”, a-t-il expliqué dans une vidéo, “j’étais frappé par combien beau, et lumineux, et vivant était le monde. Mais j’étais aussi effaré à l’idée que des centaines de millions, sans doute 200 millions de personnes dans le monde, demeurent non-voyants, ou quasiment, car ils n’ont pas accès à cette chirurgie.”
Rappelant que les soins de santé demeurent payants pour des dizaines de millions d’États-Uniens, il a donc, sur ses fonds personnels, financé l’opération de 1 000 volontaires.
“La moitié des non-voyants du monde sont des personnes qui n’ont besoin de rien d’autre qu’une opération qui prend dix minutes”, a rappelé, à cette occasion, l’ophtalmologue Jeffe Levenson, qui réalisera les interventions.
À l’heure où nous écrivons ces lignes, Jésus Christ n’a pas répondu à notre demande de réaction. À sa décharge, il serait en train d’apprendre le montage sur Adobe Premiere, activité connue pour être assez chronophage. “Je reviens tout de suite, abonnez-vous !”, a-t-il simplement fait savoir.





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