L'Édition du week-end #14
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Chère lectrice, cher lecteur,
permettez moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, d’un lobby colérique, de pop indépendante, de cochons préhistoriques, de randonneurs, d’un robot révolutionnaire, de sacs plastiques et de Mark Twain.
Très bonne lecture,
la conscience artificielle de votre téléscripteur favori.
Le lobby de la semaine

Vroum Vroum
Voilà un groupe —un mélange de parlementaires et de présidents d’association britanniques en pointe dans le combat pro-voitures— bien content de lui.
Depuis le printemps 2019, le centre de Londres est pourtant déclaré “Zone à Très Faibles Émissions” (Ultra Low Emission Zone, ou ULEZ) : les véhicules les plus polluants peuvent toujours y circuler… Mais au prix d’une taxe de 12,50 livres sterling (soit près de 15 euros) les 24 heures.
En fin d’année dernière, le maire Sadiq Khan a annoncé sa décision d’étendre le caractère ULEZ à l’ensemble du grand Londres, dès le 23 août 2023. Si la première mise en place semblait très populaire (presque 3/4 des habitants la soutenant, selon un sondage YouGov), cette expansion reçoit un soutien plus contrasté, qui tombe à seulement 51 % en sa faveur, voire 46 % pour les résidents de banlieue.
Le timing est donc parfait pour FairFuel UK, une ”association de défense des conducteurs” fondée par Howard Cox (tout à gauche sur la photo), l’un des représentants de l’Institut des Commerces Indépendants, qui a pour autre passion de mettre en doute la réalité du changement climatique, et son origine humaine.
Officiellement, FairFuel se bat aussi pour “un air plus sain” (la pollution aérienne tue près de 10 000 Londoniens et Londoniennes chaque année) : une grande partie de ses arguments repose sur des recherches selon lesquelles la ULEZ, et surtout son expansion, créerait par effet rebond une augmentation des polluants, et coûterait surtout beaucoup trop cher en comparaison des bénéfices attendus.
Malheureusement pour les amateurs de V8, la confiance que l’on peut avoir en FairFuel s’érode à mesure que l’on se penche sur son cas, comme l’a fait cette semaine le Byline Times, journal d’informations en ligne classé à gauche, qui dissèque l’association dans une enquête à multiples tenants (14 feuillets, tout de même).
Ses sondages présentés comme “représentatifs” quand ils n’interrogent que des membres de l’association et, surtout, son financement provenant de l’industrie du transport routier, voire du pétrole liquide, jettent comme un doute sur sa bonne foi.
Tout comme ses liens avec le Parti Conservateur, alors qu’elle se prétend “apolitique”. À ce sujet, FairFuel précise au journaliste : “Parmi les centaines ou les milliers de conducteurs qui nous soutiennent, on trouve une bonne part d’électeurs du Parti Travailliste qui croient, eux aussi, que la religion de la prétendue crise climatique est utilisée pour détruire notre droit à la liberté de choisir notre mode de transport.”
En voilà au moins un qui, manifestement, n’a pas très bien compris le message de Mad Max.
La playlist de la semaine

Lalala
Il n’y a qu’une chose à faire en ce moment : hiberner. Toutefois, c’est rarement possible. Mais vous savez ce qui peut ensoleiller le cœur, et accompagner parfaitement une grisaille hivernale ?
La pop indépendante, bien entendu. C’est probablement ce qu’a pensé le magazine Gonzaï, qui a certes cessé sa parution papier, mais demeure toujours aussi actif et intelligent en ligne. En tout cas, son idée d’interviewer le groupe français Sierra Manhattan, à l’occasion de la sortie de son prochain album Which Life, The Friends (sortie le 17 février), non sur ses projets ou ses influences, mais tout simplement en lui demandant une sélection musicale des “meilleures galettes indie pop du monde”, donnera à vos oreilles de quoi s’occuper un moment.
On se retrouve avec 7 albums, à écouter en intégralité grâce aux playlists Spotify intégrées. Ça va de Broadcast à Clara Le Meur, en passant par Arthur, Women ou Leoni Leoni.
Il suffit d’appuyer sur Play et de régler le volume.
Bonus : Sierra Manhattan vient de Savoie. La neige, ils l’ont dans la peau.
Profitons-en.
Votre horoscope tribal
Le signe de la semaine : Cochon

Le monde est injuste, et ce n’est pas le premier entelodont venu qui vous dira le contraire. Cet animal vivait il y a environ 30 millions d’années, en Eurasie et en Amérique du Nord. On l’a longtemps surnommé le Terminaporc (enfin, en anglais, le Terminator Pig et en français, parfois, le Cochon de l’Enfer) en raison non seulement de sa mâchoire remarquable, mais aussi des dents triangulaires qui la composent : deux bonnes raisons de lui prêter un comportement de prédateur carnivore.
“Que nenni !”, objecte cette semaine une étude parue dans Paléogéographie, PaléoClimatologie, Paléoécologie —une revue scientifique assez branchée Paléo, donc.
En se penchant sur les fossiles dentaires du Terminaporc et de son copain l’antracothère, plus proche de l’hippopotame, le chercheur Florent Rivals, de l’Institut catalan de Paléoécologie humaine et d’évolution sociale, et son équipe, lui devinent plutôt un régime omnivore, beaucoup plus proche de celui des cochons actuels par exemple, avec en prime un petit côté charognard toujours sympa.
Ce n’est, signalons-le, qu’une découverte incidente l’étude, qui cherche surtout à établir si ces deux espèces sont parentes des sangliers, des ours ou des hippopotames.
Car les chercheurs ont déjà établi que les baleines et les hippopotames sont très proches dans l’arbre de l’évolution. Mais les données fossiles montrent que ces groupes ont autrefois partagé la planète avec d’autres familles éteintes, nombreuses, “dont certaines au-delà du bizarre”, synthétise Gizmodo, dans un court article à l’attention du profane sur cette épineuse question.
“Ils ont une morphologie étrange, c’est comme la combinaison de plusieurs animaux”, ajoute le directeur de la recherche, qui a le sens de la formule.
Randonneur

Il y avait, en Angleterre, un parc national, et un seul, où il était autorisé de bivouaquer.
C’est fini. Depuis mi-janvier, ““il faudra désormais le consentement du propriétaire du terrain avant d’y planter sa tente”, a estimé la justice britannique, saisie par un riche propriétaire local”, nous apprend l’AFP, reprise par GoodPlanet.
3 000 campeurs et campeuses ont aussitôt manifesté dans le parc, connu pour ses landes sauvages, estimant que la nature est “un droit humain fondamental”.
L’une, par exemple, “se remémore avec nostalgie son dernier séjour dans les environs et le moment “magique” quand elle s’est “réveillée avec cette lumière dorée qui illuminait la lande””, raconte l’agence de presse, dans un assez long article (en français), qui détaille les bizarreries et les interdictions de la loi anglaise quand il s’agit de profiter de ce genre de sensations que, en effet, soyons sérieux, il ne faudrait réserver qu’aux riches.
Aux très riches, même : Alexander Darwall, le propriétaire du parc de Dartmoor, millionnaire, éduqué à Cambridge, rapidement recruté par Goldman Sachs, a bâti sa fortune en investissant dans des fonds spéculatifs du monde entier. Il est aussi connu pour avoir financé le Ukip, le parti à l’origine du Brexit.
Doubleur
Oui, car on a le droit de dire “Doubleur” pour désigner les comédiens de doublage, comme on l’évoquait dans notre newsletter de Noël.

Mais bref. On va essayer de ne pas trop vous embêter, car les nouvelles sont assez sombres ces jours-ci. La raison ? L’intelligence artificielle bien sûr.
La dernière application de cette technologie, relayée par Sneaky Zebra sur Twitter, démontre comment une I.A. peut, en analysant le langage, doubler avec la voix et les intonations du comédien original n’importe quel acteur ou actrice, en n’importe quelle langue (ou, par exemple, pour retirer les grossièretés de son dialogue).
L’exemple diffusé par ce vidéaste londonien vient de la firme Flawless A.I., où il travaille en tant que “Senior Post Production Specialist”. C’est donc, littéralement, son boulot quotidien.
Impressionnante, fascinante… La vidéo, où l’on peut voir Virginia Gardner, dans le film Fall de Scott Mann, s’exprimer tour à tour avec des “Fuck”, puis sans “Fuck”, puis en japonais, puis en espagnol, est tout aussi aussi effrayante pour tout un pan de l’industrie.
À voir sur le Los Angeles Times, qui donne plus de contexte (et demeure accessible si vous n’avez pas Twitter).
Robot

Vous ça va, surtout si vous êtes ascendant “Cyborg”, grâce à la naissance d’un petit frère.
Eh oui car, détaillant son expérience dans Science, un groupe de chercheurs est parvenu à fabriquer un robot proprement révolutionnaire, mi-chair mi-métal.
Mi-chair mi-métal ? C’est bien cela. Pour le métal, on a l’habitude. Pour la chair, il s’agit de muscles cultivés à partir de cellules de souris, et grâce auxquels la créature bionique se déplace (à la vitesse de 0,83 millimètres par seconde : ce n’est pas grand chose, mais c’est le plus rapide à ce jour des biohybrides, comme on appelle ces machins).
Mais pourquoi ajouter de l’organique à la machine ? “Les cellules vivantes peuvent, par exemple sentir, détecter et réagir naturellement à certains stimuli comme la lumière, la chaleur ou des produits chimiques, sans qu’il soit nécessaire de les programmer”, explique Inverse, qui relaie l’étude —précisant en fin d’article que les chercheurs songent déjà à ajouter à leur modèle des réseaux de neurones, pour leur permettre de prendre des décisions basiques.
Pour l’instant, grâce à ses LED, ses puces et, donc, à ses papattes, le biorobot peut déjà se diriger et sortir d’un labyrinthe conçu pour l’occasion.
Qu’on l’y laisse.
Féministe
Les temps sont durs, en ce moment, pour les féministes d’Andalousie, région espagnole qu’une alliance entre le PP (conservateur), le centre-droit et l’extrême-droite populiste de Vox a arrachée au Parti Socialiste après 36 ans de règne.
Ce qui explique, par exemple, qu’en 2019 la région ait coupé en une nuit les subventions à 240 associations féministes de terrain.

OpenDemocracy en a suivi quelques unes de près, comme Mujeres Supervivientes de Violencias de Género (“Femmes surivvantes aux violences de Genre”), qui vient en aide aux femmes victimes de violences domestiques sans ressources —voire sans abri—, ou Aprender a vivir (Apprendre à Vivre), qui offre un toit aux femmes accros aux stupéfiants, lorsqu’elles entament un processus de désintoxication.
L’un des constats de l’étude est que l’antiféminisme est un courant puissant chez les électeurs de Vox. Comme le formule dans l’article la journaliste spécialisée Nuria Alabao : “Les jeunes gens identifient les postitions anti-féministe comme anti-establishement, comme une résistance contre ce qu’ils perçoivent comme le pouvoir.” C’est bien connu : l’extrême-droite mange de tout. Et mange tout.
Mode

Pas bon
Dans le Plastic Bag Store, tout est fait de déchets plastiques. Tout. Les roses, les gâteaux, les boîtes de conserve que vous voyez ici. Mais aussi les chips, les salades, le riz, les céréales, et même les boissons : autant de produits que l’on peut admirer sur le diaporama que consacre Gizmodo à cette performance artistique.
Le Plastic Bag Store, qui a ouvert à New York en 2020 et vise, bien évidemment, à attirer l’attention sur le scandale, qui continue bel et bien, des déchets plastiques, vient de commencer son tour du pays, en s’installant provisoirement dans le Michigan.
Enfin un petit commerçant épargné par l’inflation.
Beauté

Chut
Non, on ne va pas dire qu’on trouve, à titre personnel, cette œuvre d’art particulièrement belle.
Mais ce qui est beau, c’est le courage presque innocent dont elle témoigne, et l’éternelle et stupide rigidité d’un régime autoritaire, récemment tourné dictature, face à l’art.
Elle vient d’être décrochée du Musée des Arts Décoratifs de Moscou. Signée Dmitri Shagin, le fondateur du collectif artistique Mitki, elle était en effet bien trop provocatrice. Pensez donc : sur leur bannière, les marins représentés proclamaient “Mitki ne veut vaincre personne.”
La directrice du musée assume d’avoir ôté cette peinture à la vue du public, en raison de “son sous-texte politique”.
Et comme on peut le voir sur la photo de droite, la brochure consacrée à l’exposition avait même déjà retiré la phrase incriminée.
La censure a ses bêtises que même la bêtise ignore.
Bizarre

En France, on cherche des enseignants. Aux États-Unis… Bon, aux États-Unis aussi, mais, en plus, on y cherche également des dirigeants de marques de fringues.
Cette pénurie-ci peut paraître quelque peu ésotérique, mais le Business Insider rappelle qu’il s’agit, en temps normal, d’un secteur très volatile, donc très complexe. Or la pandémie l’a rendu quasiment “impossible” à gérer :
“Les magasins ont fermé et les gens ont arrêté de faire du shopping en réel. Puis les allocations de soutien sont arrivés, réveillant d’un coup la demande, en tout, de la basket aux objets de décoration… précisément au moment où les chaînes d’approvisionnement s’enrayaient. C’est alors, juste au moment où celles-ci retrouvaient leur fonctionnement habituel, que l’inflation a frappé, et que les acheteurs ont à nouveau réduit leurs dépenses. Les stocks ont explosé.”
L’année dernière, ce sont au moins 10 marques de vêtement qui ont perdu leur PDG (CEO), dont Gap, par exemple, sans pouvoir le remplacer. Personne ne veut s’y risquer.
La pénurie de PDG dans le tout-puissant secteur textile à cause d’un virus respiratoire : même le plus clairvoyant des collapsologues ne l’avait pas anticipée.
Sur PostAp
Musique pour un départ
À Los Angeles, une messe baroque honore les défunts.
Mis en scène par Peter Sellars, le chef d’œuvre allemand du XVII° siècle Musikalische Exequien enchante, secoue, et console.

Sur votre espace VIP

Derniers jours pour visiter le salon VIP de janvier !
Pour rappel, fin décembre, nos pas (virtuels) s’étaient arrêtés à Skopje, en Macédoine du Nord.
Pour le prochain, nous hésitons encore pour tout dire, entre Phuket et l’Argentine.
Il vous reste donc encore quelques jours pour découvrir le crooner pop culte Tose Proeski, ou le conflit identitaire en germe entre ce pays et la Bulgarie voisine.
Voyage temporel
Mark Twain vous salue bien

La vidéo remonte à quelques années, mais nous venons de la découvrir grâce à Open Culture, qui a choisi ce mois de janvier pour la restaurer numériquement, en raconter la genèse et saluer la mémoire de l’immense écrivain américain.
En 1909, Thomas Edison, testant un prototype de caméra, est parvenu à filmer Twain devant son domaine de Stormfield, dans le Connecticut. Le résultat est saisissant. Il est là. On pourrait lui parler. Il est mort il y a plus de 110 ans.
Mais heureusement, de source bien informée, nous pouvons affirmer que, depuis, l’auteur de Lettres de la Terre repose en paix.





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