L'Édition du week-end du 1° juin 2024
Une semaine sur Terre : artistes, viande et journalistes
Chère lectrice, cher lecteur,
permettez-moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, de viande clonée, d’une enquête sans fin, de bactéries comme on les aime, de champs d’éoliennes, de Mickey, de Mansour Seck, de la loi, de l’ordre et d’imprimantes matricielles.
Très bonne lecture,
la conscience artificielle de votre téléscripteur favori.
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L’astuce de la semaine
Le jour où la Chine pirata l’écriture
On connaît Steve Jobs, on connaît Bill Gates. On ne connaît pas forcément Allan Alcorn mais on connaît son Pong, l'un des premiers jeux vidéo de l'histoire, le célèbre simulateur de tennis du début des années 1970. On en sait un peu sur l'informatique japonaise, qui fut très tôt puissante sur les marchés occidentaux. Mais on ne sait rien de leurs équivalents en Chine.
C'est pourtant une histoire passionnante, récemment dévoilée par Thomas S. Mullaney, sinologue à Stanford et auteur de The Chinese Computer: A Global History of the Information Age, aux éditions du MIT. Une histoire qui aide à saisir les ressorts de la croissance du pays, si rapide qu'elle empêche désormais les sénateurs et Présidents américains de dormir la nuit. Qui aide aussi à réaliser un simple petit détail, une contrainte inattendue qui a obligé les ingénieurs chinois à accomplir des prouesses sous-estimées. Ce détail est exprimé simplement dans la première lignes des bonnes feuilles que publie cette semaine le magazine tech Fast Company :
"Aux premiers jours des ordinateurs personnels, dans les années 1980, il n'y avait pas un seul processeur, moniteur, système d'exploitation, langage de programmation ou imprimante qui puisse gérer, que ce soit en affichage ou en instruction, les caractères chinois".
Eh oui. Tout alors est conçu en Occident et personne n'a réalisé que 700 millions de Chinois utilisent un autre système d'écriture, dont les caractères n'obéissent pas à la règle de l'alphabet mais de l'idéogramme.
La problématique est réelle pour l'ensemble de la chaîne. Elle vient de la base même de l'informatique, du cœur du système : "Dans les années 1960, les développeurs à l'origine du système ASCII (American Standard Code of Information Exchange) ont estimé qu'une architecture à 7 bits, et les 128 adresses qu'elle autorisait, offrait suffisamment d'espace pour l'ensemble des chiffres, lettres, symboles et fonctions de notre alphabet. En comparaison, obtenir le même résultat pour rendre justice à l'écriture chinoise aurait exigé un système à 16 bits. C'est le minimum pour prendre en compte ses 60 000 signes".
Le déséquilibre s'avère criant quand arrivent les premières imprimantes matricielles, fonctionnant selon le principe dit "d'impact" : les têtes sont composées d'aiguilles qui viennent frapper le ruban encreur. Selon que telles ou telles aiguilles sont activées (sur les 9 au total), on peut reproduire n'importe quel caractère de l'alphabet latin. Mais pas le moindre idéogramme. Les Chinois qui, sous l'impulsion de Deng Xiaoping, ont lancé le grand rattrapage qui les mènera aux succès d'aujourd'hui, ne peuvent tout simplement rien imprimer. Quand c'est absolument nécessaire, il y a un pis-aller, qui est de faire deux passages de la tête d'impression par ligne. Ça ne marche pas tout le temps, ça prend deux fois plus de temps et, sur les documents mêlant alphabet latin et sinogrammes, "ça créé des rendus distordus et amusants où les mots anglais paraissent austères et simples, quand les mots chinois ressortent de manière grotesque et surdimensionnée", comme l'écrit Mullaney. "Non seulement ça consomme plus de papier, mais en plus les textes imprimés en chinois ressemblent à des livres pour enfants écrits en gros caractères."
L'ingénieur Chan-hui Yeh imagine une première solution : doubler les aiguilles sur les têtes de lecture. 18 plutôt que 9 devraient contourner la difficulté. Mais là, horreur :
"Le biais alphabétique de l'impression matricielle, découvre-t-il, est inscrit jusque dans les propriétés métallurgiques des composants eux-mêmes. Pour le dire simplement, les alliages utilisés pour fabriquer les aiguilles d'impression sont "accordés" sur l'impression latine à 9 aiguilles. Réduire leur diamètre aux tailles requises aurait pour résultats déformations et cassures. Autrement dit, les recettes des alliages utilisés pour fabriquer ces produits avaient été patiemment calibrées dans des proportions adaptées à notre écriture : 9 aiguilles par tête, chacune d'un diamètre de 0,34 millimètre. Utiliser un alliage autre que celui élaboré aurait été une dépense inutile du point de vue des fabricants pour qui (sans doute inconsciemment) un produit devait fonctionner "de A à Z"."
C'est pourquoi tout au long de la décennie l'informatique chinoise ne put prospérer qu'à l'aide de "mods", des programmes informatiques illégaux mais tolérés (car les industriels américains ne pouvaient que se réjouir de ces systèmes qui leur ouvraient les portes de l'international sans avoir à se fouler). Un exemple remonte aux débuts du groupe Sitong, connu en anglais sous le nom de Stone, créé en 1984 et qui s'est rapidement imposé comme l'atout le plus puissant de l'informatique chinoise. Pour Stone, tout est parti du piratage, raconte Mullaney dans un épisode qui fait entrer dans la partie l'autre puissance informatique alors en plein développement : le Japon, l'ennemi séculaire.
"Wang Jizhi, un employé de Stone, se souvient qu'il n'existait une seule imprimante à 24 aiguilles destinée au grand public sur le marché chinois en 1984 : la Toshiba 3070, importée par le Quatrième Ministère des Machines. Son prix était prohibitif, à 1 000 dollars l'unité. Wang, et d'autres dans l'entreprise, ont vu là une opportunité. En effet, il avait entendu dire que le Centre de Recherche en Technologies Informatiques de Pékin avait acquis un exemplaire d'une autre imprimante japonaise, la Brother 2024, elle aussi à 24 aiguilles. Mais si elle pouvait imprimer les caractères japonais kanji et kana, apprirent-ils, la langue chinoise apparaissait à la sortie brouillée et inutilisable.
Les dirigeants de Stone ont donc lancé leur entreprise sur la base de la contrefaçon de la Brother 2024, en réécrivant complètement son programme interne pour le rendre compatible avec le chinois. Il a fallu pour cela entrer en contact avec un chercheur de l'Académie Chinoise des Sciences, Cui Tienan, puis le débaucher avec trois de ses collègues. En 8 heures, cette équipe avait complètement réécrit le programme, ce qui rendit possible le déploiement de Stone. Son modèle était d'acquérir ces machines à l'étranger et de les sortir sur le marché chinois "après un petit peu de programmation informatique pour élargir leur potentiel". Le plan a fonctionné. Les imprimantes à 24 aiguilles rétro-ingéniérées de Stone ont connu un immense succès en Chine, où le marché était petit mais en pleine croissance (Cui et ses collègues n'ont été payés, au total, que 200 Yens pour leur travail)".
Une astuce plus amusante encore quand on se rappelle que ce qui est le plus souvent reproché à la Chine sur le plan du développement high-tech, c'est d'avoir instauré le piratage et la contrefaçon en industrie nationale. Il semblerait donc que habitude naquit, en partie au moins, d'une forme de paresse et d'arrogance qu'ils viennent maintenant nous reprocher.
Quel toupet.
Votre horoscope tribal
Le signe de la semaine : Carnivore
Mangerons-nous un jour de la viande cultivée en laboratoire ? De la viande de bœuf, de poulet, de lapin, cultivée à partir de simples cellules issues de ces espèces ? On commence à savoir faire en tout cas, même si pour l'heure le prix reste bien trop élevé pour le grand public. C'est une piste souhaitée par beaucoup pour diminuer l'empreinte écologique de notre alimentation et, bien entendu, la souffrance animale.
La question a désormais quitté les centres de recherche pour arriver, non pas sur les assiettes pour le moment, mais dans les assemblées d'élus et élues. Elle a commencé à s'avérer aiguë ce mois-ci où deux États américains, la Floride et l'Arizona, ont inscrit son interdiction dans la loi. Ainsi qu'en Iowa où les écoles se sont vues notifier l'interdiction d'en acquérir et d'en proposer aux repas. Voici en prime, nous dit Fortune, que le débat a commencé à se déplacer au niveau fédéral. "La conclusion décourageante d'une année qui avait commencé dans un grand optimisme pour l'industrie de la viande cultivée".
En effet, en juin 2023, le ministère de l'Agriculture des États-Unis avait autorisé deux entreprises, Upside et Good Meat, à faire commerce de leurs produits, à destination des restaurants dans un premier temps mais possiblement, ensuite, dans les supermarché. AP expliquait alors que tous les tests traditionnels avaient été appliqués par la Food and Drugs Administration le mois précédent : selon l'autorité de règlementation, la viande cultivée en laboratoire n'est pas néfaste à la santé. Upside avait passé un partenariat avec un établissement de San Francisco, et Good Meat avec une enseigne de Washington D.C., dans les deux cas pour du poulet. Dans le monde, 150 entreprises seraient déjà sur les rangs, précisait l'agence de presse, pour rejoindre ce marché d'avenir.
C'est là que les politiciens décident qu'il est temps de freiner. Pas seulement aux États-Unis, où deux élus —l'un Démocrate et l'autre Républicain— ont proposé au Sénat une loi qui interdirait l’usage de cette "lab-meat" dans les écoles du pays et où 7 États ont commencé à écrire leurs propres projets de prohibition générale. Le même phénomène se produit en Italie et en France où le député Pierre Cordier (Les Républicains) a soumis en décembre une proposition de loi pour bannir la "viande cellulaire" sous toutes ses formes. Une initiative qui n'a pas été reprise par la Majorité : Gabriel Attal a préféré botter en touche, souhaitant "que l'on ait une législation claire au niveau européen sur la dénomination de ce qu'est la viande de synthèse" —ça devrait prendre un moment— mais estimant à titre personnel, quelques mois après le soulèvement du monde agricole, que "non, la viande de synthèse ne correspond pas à notre conception de l'alimentation à la française".
"Il est honteux que les politiciens nous ferment la porte juste au moment où on trouve enfin l'issue", déplore Tom Rossmeissl, le dirigeant de Good Meat auprès de Fortune. C’est même rageant quand l'hypocrisie s'en mêle, et que l'on prétend agir pour le bien commun alors qu'il s'agit avant tout de défendre l'économie agricole, me permets-je d'ajouter (alors que justement c'est un enjeu démocratique des plus respectables, essentiel, qui gagnerait donc à être traité dans le fond). Dans la bouche du Sénateur Républicain de l'Alabama Jack Williams, cité par le magazine économique, les arguments se vautrent plus encore dans la démagogie :
"Les Alabamiens veulent savoir ce qu'ils mangent et on n'a pas la moindre idée de ce qu'il y a dans ce truc ni des façons dont ça pourrait nous affecter. La viande, ça vient du bétail, élevé par des fermiers et des ranchers durs au travail, pas d'une boîte de Petri et des scientifiques". On le sent énervé. À mon avis, il devrait tester sa tension artérielle et son cholestérol.
Jay Collins, autre Sénatrice Républicaine (de Floride, elle), fait remarquer avec audace que sa loi n'interdit pas la recherche —seulement la fabrication et la commercialisation. Certes.
Heureusement, le monde contemporain a toujours un stock d'ironie en réserve. Car sur le plan fédéral, les choses s'avèrent compliquées : les géants de l'industrie, y compris de la distribution de viande, ont bien l'intention eux aussi d'en cultiver en laboratoire. Et voilà le Congrès pris entre deux lobbies. Celui des éleveurs d'un côté, celui de l'industrie alimentaire de l'autre. Cette dernière a choisi d’unir ses forces sous le nom poétique de l'Institut de la Viande. Il "représente JBS Foods, Tyson et d'autres grandes entreprises spécialisées, [et a] écrit aux législateurs de l'Alabama pour leur signaler qu'à ses yeux, l'interdiction votée serait anticonstitutionnelle, puisque c'est la loi fédérale qui régule à la fois le traitement de la viande et son commerce entre États", ajoute Fortune.
Pour l'heure, les deux restaurants américains ont cessé l'expérimentation. Le poulet cellulaire de Good Meat n'est disponible qu'en un endroit de la planète, une épicerie à Singapour.
Mais après tout, là n'est peut-être pas le plus grand défi qui attend la viande cellulaire. Amy Chen, Directrice Exécutive chez Upside, le reconnaissait volontiers l'an dernier auprès d'AP :
"Elle admet que de nombreux consommateurs sont sceptiques, sinon dégoûtés, à la perspective de manger du poulet qui a poussé à partir de cellules.
"On appelle ça le facteur Beurk", dit-elle.
Un sentiment que l'on retrouve dans un récent sondage mené conjointement par AP et le NORC Center for Public Affairs Research. La moitié des adultes jugent peu probable qu'ils goûtent un jour de la viande cultivée à partir de cellules animales. Quand on leur demande de choisir parmi une liste de raisons pour expliquer leur réticence, la plupart optent pour la réponse "c'est juste trop bizarre" ("it just sounds weird", en V.O.)".
Journaliste
20 ans de silence. C'est la sentence à laquelle, le 27 mai 2024, a été condamnée la famille de Dusko Jovanovic, un journaliste assassiné par balle alors qu'il sortait de sa rédaction, peu après minuit.
On est loin de Tintin. Autant vous prévenir tout de suite, Jovanovic n'est pas le martyr idéal de la presse libre. Au Montenégro, où il vivait et travaillait, il était proche du Parti Démocratique des Socialistes (DPS). Un parti qui, du point de vue idéologique, a connu pas mal de mutations mais n'a jamais été bien démocrate ni socialiste. Il est né des cendres du Parti Communiste local, avec une large partie de ses cadres. Il est donc avant tout l'héritier du Parti unique autorisé en Yougoslavie jusqu'à la chute de l'URSS.
Dans les Balkans, comme on le sait, les années 1990 ont surtout été marquées par la dislocation du pays et la guerre sanglante qui opposa les multiples nationalismes de la région. Mené par un certain Milo Dukanovic (je vais en reparler, de celui-là), le DPS s'engage alors au côté de Slobodan Milosevic, le Président serbe engagé dans un projet de grande Serbie qui nécessite, à ses yeux, une campagne militaire et génocidaire. Après 3 ans et demi d'horreur, la guerre civile sanglante pousse l'OTAN à bombarder la zone pour faire cesser les atrocités.
C'est à peu près à ce moment-là, quand la défaite de Milosevic se profile, que le Premier Ministre monténégrin (Milo Dukanovic, donc, j'avais dit qu'on en reparlerait mais ça n'est pas fini) décide qu'il est temps de lâcher son allié plutôt que finir avec lui devant le Tribunal Pénal International. Notons que Dukanovic a commencé sa carrière sous la dictature comme homme fort de la ligue communiste, avant de se proclamer partisan de la démocratie après la Chute du Mur. En moins de dix ans donc, ça fait déjà deux retournements de veste. Celle-ci se trouvant désormais à l'endroit, il est mûr pour se lancer dans une carrière politique fructueuse : il sera Premier Ministre de 1991 à 1998 puis Président de 1998 à 2002, puis à nouveau Premier Ministre de 2003 à 2006, de 2008 à 2010 et de 2012 à 2016 et enfin encore une petite fois Président, de 2018 à 2023. Il peut se targuer d'être le dirigeant européen demeuré le plus longtemps au pouvoir, juste derrière le Biélorusse Alexandre Lukashenko.
Ses positions politiques évoluent au gré du vent. Pas ses méthodes. Parmi celles-ci : l'autoritarisme évidemment, mais aussi le clientélisme et les privatisations. Quand il accède au pouvoir, le libéralisme économique s'installe et nombre d'entreprises s'affranchissent de la tutelle de l'État. Il est fan du concept. La gouvernance de la toute première banque privée du pays revient d'ailleurs à son frère (c'était sûrement le meilleur) et leur sœur, avocate, est placée à la tête de la branche judiciaire de l'État. Un dévouement familial justement récompensé : sans que l'on sache trop comment, il s'enrichit considérablement durant ses années de pouvoir. En 2010, une enquête de The Independent lui attribue un patrimoine d'une grosse dizaine de millions d'euros, le classant comme le vingtième dirigeant le plus riche du monde. Il est difficile d'estimer plus précisément sa fortune. Comme ont pu le constater les journalistes du monde entier lors de la fuite dite des Pandora Papers, il gère son épargne par le biais de deux trusts opaques basés dans les Îles Vierges Britanniques.
Le travail journalistique, les preuves, les enquêtes, s'accumulent au fil des ans comme les euros dans un coffre-fort. Ainsi que les injustices et les confiscations. En 2019, ça commence à manifester sévère dans le pays, contre lui, contre la corruption. L'autocrate tient bon mais finit par avoir les yeux plus gros que le ventre. La même année, alors que la contestation est partout, mais encore maîtrisée, il a l'idée géniale de nationaliser —donc de s'approprier, hein— les biens de l'Église orthodoxe. C'est parfait pour décorer la salle de bains mais aussi, s'avère-t-il, pour ajouter les croyants et les conservateurs aux mécontents (jusqu'ici principalement limités aux libéraux et aux démocrates).
C'est trop. Les élections parlementaires puis présidentielles de 2020 et 2023 viennent finalement à bout de son règne et de l’hégémonie de son parti (non sans rebondissements, conflits, coalitions et boycotts. On en parlera sans doute une autre fois).
Revenons à Dusko Jovanovic, le journaliste mystérieusement assassiné il y a vingt ans. Lui aussi venait aussi du DPS et il n'a jamais pardonné au tyran de Podgorica (c'est la capitale du Montenégro, vous le saviez vous ? Parce que moi non) d'avoir trahi Milosevic… C'est donc moralement un peu douteux comme entrée dans la carrière et comme motivation pour s'opposer constamment à son camarade, mais cela ne l'a pas empêché de mener un travail journalistique salué par RSF comme par le CPJ (Committee to Protect Journalists), le Wikipédia des journalistes en danger, puisqu'il en faut un.
À travers le quotidien qu'il avait fondé, Dan ("Le Jour"), régulièrement menacé, attaqué en justice et même incendié en avril 2003, Jovanovic a plus que joué son rôle pour éveiller les consciences, révéler les dessous-de-table et ronger la stature du leader montenégrin.
Mais cela ne suffit pas aux yeux de la justice pour identifier qui a bien pu souhaiter la mort de Jovanovic. Car les coupables sont toujours dans la nature. Une seule certitude : son meurtre, c’était du travail de pro. Il a été tué au fusil automatique, touché à la tête et à la poitrine, au moment d'entrer dans sa voiture. L'enquête a rapidement conduit à l'arrestation d'un certain Damir Mandic. Disant avoir été piégé, ce dernier a plaidé non-coupable malgré les traces de poudre et d'ADN qui le relient à la voiture utilisée le soir du meurtre. Champion de karaté et figure bien connue du crime organisé, il a tout de l'exécutant… mais rien du commanditaire. Dès le début de l'enquête, la famille de la victime demande que les juges convoquent également les plus hautes figures de l'État, dont Djukanovic et le chef de ses services secrets, mais la Cour s'y refuse.
20 ans plus tard, les proches de la victime ne sont plus les seuls à espérer justice. Le nouveau Président du pays, Jakov Milatovic, s'est engagé à ce que les véritables auteurs soient retrouvés et a confirmé la construction d'un mémorial dédié au journaliste. La Présidente de l'Assemblée a demandé la formation d'une commission d'enquête parlementaire. Et la dirigeante d'une nouvelle institution, la bien-nommée Commission de Surveillance des Autorités Compétentes en matière d'Enquêtes relatives aux Meurtres et Attaques contre les Journalistes, a demandé que le gouvernement récompense d'un million d'euros toute personne qui apporterait des informations aidant à identifier les meurtriers de Dusko Jovanovic. Elle avait peu avant rencontré le représentant de l'OSCE au Montenégro. Celui-ci avait tenu à souligner ses actions et son engagement en faveur de l'éclaircissement de cette affaire.
Bactérie
Bonne nouvelle : le CO2 ne sert pas qu'à tuer. Il contribue aussi à nous vêtir, nous abriter, nous soigner. Sous différents états (liquide, solide voire supercritique, c'est-à-dire entre liquide et gaz), il sert à fabriquer des solvants, des parfums, des plastiques, des mousses, des habits.
Capturer le carbone émis par l'industrie, puis le réemployer pour le transformer en matière utile (plutôt que l'envoyer contribuer à l'effet de serre en le crachant par les cheminées) constitue donc une bonne piste pour cesser de réchauffer le globe. Pour respirer un peu, dans tous les sens du terme. Mais ce n'est pas une tâche facile. Ni économiquement viable. À moins que…
À moins qu'au Michigan, les travaux d'un professeur adjoint de génie civil et environnemental ne finissent par porter leurs fruits, comme l'espère une étude publiée par la revue de la Royal Society of Chemistry et rapportée par Enerzine.
Pour en comprendre pleinement les implications, il faut connaître le principal obstacle à ce qu'on appelle la valorisation du carbone. La vraie difficulté arrive dès le début, lorsqu'il s'agit de le séparer des autres gaz dégagés par les processus industriels, une étape indispensable pour le conserver et le transporter sous une forme utile. En principe on sait faire, grâce au mécanisme bien maîtrisé de l'électrolyse, la création de réactions chimiques par une activité électrique.
Malheureusement, nos techniques actuelles d'électrolyse ne donnent pas de résultats satisfaisants. Trop de gaz sont présents dans les émissions industrielles, et les électrodes réagissent à un peu tous en même temps. Mais comme vous le savez, il y a des formes de vie sur cette planète plus malines que nous : les microbes.
Bon, plus malines, c'est vite dit. Disons habituées à d'autres conditions d'existence et infiniment plus diverses en termes évolutifs. Dans le tas, on a donc pu identifier des bactéries "moins sensibles au soufre et à l'oxygène", deux gaz très présents dans les rejets des usines. Conséquence : ces bactéries s'avèrent bien plus efficaces pour isoler le CO2 du reste. En langage scientifique, le chercheur explique que "les microbes sur ces électrodes, ou biocatalyseurs, peuvent utiliser des concentrations plus faibles de CO2 et semblent plus robustes en termes de gestion des impuretés par rapport aux électrodes utilisant des catalyseurs métalliques". Étant donné que, comme le précise Enerzine, "la séparation du CO2 des gaz de combustion […] peut coûter entre 40 et 100 dollars par tonne de CO2", ça n'est pas une petite trouvaille. Le résultat d'un long travail incluant une méta-analyse qui compare les divers principes déjà en vigueur, dont ceux induits par les nanomatériaux.
Comme c'est l'usage dans les publications scientifiques, l'article s'ouvre par un résumé global ("Abstract", dans le vocable). Il est plus inhabituel d'y trouver autant d'espoir :
"Les nanomatériaux artificiels […] sont essentiels pour atténuer le changement climatique et rendre possible une nouvelle économie circulaire du carbone. La séparation des gaz est considérée comme une barrière économique majeure au déploiement à grande échelle de la valorisation de C02. Mais l'importance de la pureté de la matière première doit encore être évaluée minutieusement au prisme des nanotechnologies émergentes, sous des conditions environnementales pertinentes. Ici, à l'aide des données issues des publications les plus récentes nous considérons la performance d'électrocatalyseurs et de biocatalyseurs […] conformes à l'état de l'art, et ce sous différentes concentrations de CO2.
[…]
Dans cette perspective, nous avons développé des évaluations initiales du cycle de vie et des analyses technoéconomiques relatives à l'intégration des nanotechnologies de conversion de C02, avec des systèmes naturels et artificiels. Ce travail d'ensemble peut contribuer au design de nanomatériaux innovants et livrer l'aperçu instructif d'un avenir soutenable, dépourvu de déchets ou de pollution."
En gros : ça bosse. Sans oublier de rêver.
Oiseau
Qui a peur des éoliennes ? Tout le monde ou presque, si l'on en croit le sondage sur 1 500 personnes qu'a réalisé le consultant et enseignant à la Sorbonne Alessio Motta. Un panorama qu'il relaye et explique cette semaine dans The Conversation.
De sa recherche —menée dans le cadre de son projet de "recherche, conseil et contestation" Mobilisations.org—, il tire essentiellement deux conclusions. D'abord comme je l'ai résumé un tout petit peu rapidement, tout le monde déteste les éoliennes. Ensuite : il faut donc les repeindre.
Débutons par le constat global : "Seuls 17 % [des personnes interrogées] portent un jugement esthétique favorable, dont 3 % des enquêtés qui trouvent les éoliennes "très belles" [et] 16 % qui affirment qu’elles "s’intègrent bien dans les paysages" contre 48 % selon lesquels elles les "gâchent"".
Mais si l'on plonge plus en profondeur, on constate rapidement que le jugement esthétique que nous portons sur les éoliennes dépend quasi-exclusivement de notre vision politique. Et genre franchement : "76 % des électeurs d’Éric Zemmour à l’élection présidentielle 2022 et 61 % des ceux de Marine Le Pen considèrent les éoliennes comme laides, contre 32 % des soutiens d’Emmanuel Macron et 26 % de ceux de Jean-Luc Mélenchon."
Allons-y plus finement. Dans la suite de l'analyse, Motta délaisse les affiliations partisanes pour utiliser la méthode des "clusters", où les répondants sont regroupés par affinités morales, civiles, idéologiques et philosophiques. Une façon de voir les choses "qui repose sur une segmentation de la société française en 16 groupes homogènes représentant chacun 5 à 10 % de la population française. […] Ces groupes réunissent des citoyens ayant des systèmes de valeurs et attitudes très proches et permettent de comprendre finement comment se structurent les comportements face à des sujets de société".
Ça vaut le coup de les citer tous, même rapidement. Les 16 clusters identifiés, dans l'ordre retenu par l'étude, sont les multiculturalistes, les sociaux-démocrates, les progressistes, les solidaires, les centristes, les révoltés, les apolitiques, les sociaux-républicains, les éclectiques, les conservateurs, les libéraux, les réfractaires, les eurosceptiques, les sociaux-patriotes, les anti-assistanat et les identitaires.
Par exemple, les sociaux-patriotes et les identitaires sont les plus nombreux à les juger "Très laides" quand, dans l'ordre inverse, ce sont les progressistes puis les multiculturalistes qui les trouvent "Très belles".
Mais le bilan n'est pas réjouissant pour les éoliennes. Le déséquilibre est flagrant. Si les sociaux-patriotes et les identitaires sont, respectivement, 53 et 51 % à les considérer "Très laides", seuls 12 % des progressistes et 7 % des multiculturalistes leur accordent le qualificatif de "Très belles".
Autrement dit : oui, en gros, tout le monde déteste les éoliennes.
Pourquoi cela ? Parce que, selon Motta, l'ennui naît de l'uniformité.
"Et si plutôt que de se battre pour "faire accepter" les éoliennes un peu partout, développeurs et industriels créaient les conditions pour multiplier les individus, groupes et municipalités qui voient dans l’éolien un objet à s’approprier esthétiquement et à valoriser ?
Difficile, convenons-en, de s’approprier ce qui est standardisé.
Cette standardisation vient dans les premiers rangs des justifications au rejet des éoliennes. Il y a quelques années encore, assez peu de personnes considéraient une éolienne moderne comme vraiment laide. Mais y compris avec la silhouette la plus élégante du monde, la reproduction à l’envi d’un même objet massif, au même dessin et à la même teinte blanche sur l’ensemble des paysages du globe ne pouvait que lasser.
Cette lassitude, voire parfois ce dégoût qu’elles suscitent, permettent de comprendre pourquoi même les clusters a priori plus favorables aux éoliennes ne raffolent pas pour autant de la vue de leurs mâts. L’uniformisation du monde est perçue comme un malheur aussi bien du point de vue de certains clusters "de gauche" (multiculturalistes, solidaires), qui rejettent la standardisation générée par le capitalisme moderne, que des plus conservateurs (sociaux-patriotes, identitaires), attachés aux paysages et décors traditionnels de leurs régions, châteaux ou monuments".
D'où la solution. Les repeindre ou plutôt "imaginer des équipements qui respecteront ce que les habitants du coin reconnaîtront comme beau, en les impliquant dans les choix esthétiques".
Oui… Oui… Oui mais, hélas, les quelques exemples choisis en illustration de l'article ne sont, hum, pas des plus encourageants. Le problème de l'art est qu'il est évidemment très subjectif et que donc, en la matière, le consensus débouche sur, eh bien, les rond-points. Pour lesquels la passion des Françaises et des Français reste encore à démontrer.
C'est une opinion des plus personnelles, mais j'ai du mal à croire que des rangées d'éoliennes sur la colline en face, toute repeintes par des artistes qu'elles puissent être, apaisent la colère. Quand bien même elles s'orneraient de fresques conformes à nos valeurs (Jeanne d'Arc à l'assaut des Anglois en Vendée, valises de biffetons dans les Hauts-de-Seine ou drapeaux bretons en Bretagne).
Mais bon : on a un constat, on a des pistes. En creusant, on trouvera.
Mode
Star Wars fait faillite
Ça a été assez vite finalement. Après beaucoup d'efforts, Disney a réussi à ce que Star Wars ne soit plus forcément synonyme de dollars. L'exploit s'est concrétisé en septembre dernier, avec l'annonce de la fermeture de Star Wars : Galactic Starcruiser, une attraction exceptionnelle dans son parc d'attractions de Floride. Elle ne sera restée ouverte qu'un an et demi.
C'est un flop magistral, à la hauteur de la campagne de communication qui a annoncé son lancement et des promesses de l'époque. Car Star Wars : Galactic StarCruiser n'était pas une montagne russe évoluée ou une galerie des glaces à thème. Mais rien moins qu'un hôtel en bonne et due forme, doublé d'un jeu de rôles grandeur nature. Il reconstituait ce qu'aurait pu être un vaisseau spatial de luxe dans l'univers inventé par George Lucas. L'idée était que les résidents y passent deux nuits, en immersion totale dans des décors splendides respectant l'esthétique des films. Le décor avait l'apparence d'un véritable paquebot volant parmi les étoiles, le personnel était habillé à la mode galactique. Grimés en extra-terrestres ou en soldats maléfiques, des acteurs y arpentaient les lieux. Les plats n'avaient pas l'apparence de mets de ce monde. Les clients étaient invités à y vivre une aventure en taille réelle, grâce aux comédiens et comédiennes qui les feraient participer à un scénario écrit d'avance, mais les laissant libres de leur choix : allez-vous rejoindre la Résistance ou le maléfique Premier Ordre, qui a succédé à l'Empire Galactique ? Ou préférerez-vous rejoindre un contrebandier dans ses aventures aussi illégales qu'excitantes ? Le tout était coordonné par une application pour téléphone qui permettrait de suivre les actions et décisions des participantes et participants, tout au long d'un séjour émaillé de spectacles et d'activités diverses —apprendre à piloter un vaisseau spatial ou manier le sabre-laser par exemple. Excitant, n'est-ce-pas ? (Si vous en doutez, lisez ces lignes à un enfant et observez bien comment grandit la lumière dans ses yeux).
Toutes ces promesses n'ont, en bout de course, abouti qu'à un échec retentissant. Pourquoi donc ? Les raisons sont si nombreuses qu'il a fallu pas moins de 4 heures à la YouTubeuse Jenny Nicholson (par ailleurs fan des films et de l'univers Disney) pour en comprendre les raisons. Alors, par où commencer ? La réponse n'a rien d'évident, parce que tout a raté.
Déjà, le prix : à 6 600 dollars le séjour de deux nuits (pour deux personnes), même en pension complète, ça fait cher le rêve éveillé. A minima, ça place les attentes assez haut. D'autant qu'en l'espèce, pointe Nicholson, deux nuits ne veulent pas dire trois jours. L'explication est assez simple : l'expérience repose sur la présence d'acteurs et d’actrices, qui ne peuvent pas légalement —ni physiquement, en fait— travailler plus de huit heures par jour. On n'arrive donc pas sur place avant 13 heures. Le départ se fait le surlendemain à 10 heures du matin. Le deuxième jour comprend une excursion obligatoire dans le reste du parc, afin de laisser les équipes reprendre des forces.
Au total, en retirant les heures de sommeil, l'expérience dure donc en réalité 25 heures et quinze minutes. Ce qui revient à un tarif de 120 dollars l'heure, soit 2 dollars par minute et par personne. Gloups. Ensuite, comme le dit l'expression anglaise,"à partir de là, on ne fait plus que dévaler la colline". La déco est belle mais c'est tout. Les chambres sont étroites (dans les 16 mètres carrés, avec lit double et deux couchages enfants superposés). On ne peut pas dormir : les néons qui encadrent la fenêtre (un écran reproduisant le vide spatial) sont bien trop lumineux. Sur le Net, des fans conseillent au public de les recouvrir de velcro noir avant de rejoindre les bras de Morphée.
La nourriture semble pas mal, mais elle est servie sur des plateaux en plastique en mode cantine, qui cassent un peu le concept de croisière de luxe. Il y a des spectacles —deux comédiennes qui chantent des chansons pendant le dîner— mais, outre le kitsch assez insupportable des mélodies, personne n'a fait l'effort d'écrire de la musique qui sonnerait un tant soit peu extra-terrestre : on est dans la variété bas de gamme (et manifestement en playback, au moins instrumental). De toute façon, Nicholson a hérité d'une des places derrière un poteau : elle n'a rien vu d'autre du show qu'un gros pilier blanc.
Que fait-on le reste du temps ? On apprend à manier le sabre-laser, c'est-à-dire que l'on tient une réplique de l'arme des Jedi face à des projecteurs lasers mous du genou pendant quinze minutes, le temps de faire passer tout le monde ; on apprend à piloter le vaisseau, c'est-à-dire qu'on se trouve derrière un écran qui reproduit des jeux vidéo aux graphismes antédiluviens (pour respecter l'esthétique des films où les ordinateurs, forcément, datent des années 1970 avec les graphismes idoines).
Enfin, on participe à l'aventure promise. Ou plutôt, dans le cas de Nicholson (et de nombreux témoignages partagés sur les réseaux sociaux), on essaie. Elle fait tout pour rejoindre les méchants mais se retrouve embringuée de force dans le camp des gentils et les quelques éléments de scénario auxquels elle est invitée à participer se déclenchent soit plus tôt, soit plus tard que ce que lui indique l'application —donc elle les rate. L'app, justement, plante régulièrement et mélange les données quand elle n'oublie pas carrément de transférer les messages permettant de progresser dans l'aventure. Ce n'est pas une grosse perte : la plus grande partie du scénario consiste à vous faire scanner des objets du décor, en mode chasse aux œufs de Pâques. En gros, vous les prenez en photo et un message apparaît "Bravo ! vous avez trouvé une armure mandalorienne !".
Comment peut-on planter aussi royalement un truc pareil ? Pour la YouTubeuse, la coupable est cette bonne vieille hubris. L'idéal, note-t-elle, aurait été de pouvoir ajuster l'expérience au fil de l'eau, en fonction des retours du public. Mais "dès le départ, c'est l'histoire d'une entreprise tellement persuadée qu'elle ne peut rien rater qu'elle ne s'est donnée aucune flexibilité pour s'adapter". Par exemple, impossible de faire baisser les prix, si élevés qu'ils ont suscité incrédulité et moqueries avant même l'inauguration, dès le début de la campagne de communication.
"Le lieu ne contient que 100 chambres, soit un grand maximum de 500 hôtes […] Or, compte tenu des frais fixes élevés qu'implique l'hôtellerie […] seul un prix haut peut rendre l'opération rentable pour si peu de places. Or tout le lieu est comme ça : l'atrium, les salles de restauration, tout est conçu pour un maximum de 500 personnes. Il n'y a que deux ascenseurs, dont un faux. Disney ne peut pas ajouter d'espace sans tout détruire d'abord."
Et la Souris ne peut pas non plus juste en faire un hôtel, sans tout l'apparat des comédiens, des spectacles, de l'application et des activités, pensé pour des gens souhaitant simplement profiter du parc d'attractions. Le Galactic StarCruiser a été construit à l'écart du parc lui-même. On ne peut se rendre dans celui-ci qu'en navette. Il faut même montrer ses tickets à l'entrée. Pas très luxe, surtout quand on songe que les autres hôtels Disney bénéficient de piscines, de salles de sport… et même de chambres où l'on peut respirer sans se marcher dessus, voire dormir la nuit sans être aveuglé par des néons de l'espace.
Comme elle a bon cœur, Nicholson conclut son essai vidéo par un conseil d'amie :
"Si jamais vous avez envie de passer un séjour dans un hôtel 4 étoiles qui vous donne l'impression d'être dans un vaisseau spatial, ça existe ailleurs. C'est le Station Cosmos, ouvert fin avril 2022. Le décor ressemble beaucoup à celui du StarCruiser, d'ailleurs, à un point suspect. Les chambres coûtent moins de 250 dollars la nuit, et elles sont nettement plus grandes".
L'adresse ? Boulevard Leonard de Vinci, 86360 Chasseneuil-du-Poitou.
Infos et réservations sur futuroscope.com.
La vidéo est sur YouTube mais Jenny Nicholson a aussi répondu aux questions de Rolling Stone pour revenir sur son succès phénoménal (déjà 6,4 millions de Vues en 12 jours).
Beauté
Quand une voix s’éteint
Le Sénégal est en deuil. Il vient d'apprendre le décès 69 ans de Mansour Seck, chanteur et guitariste adoré. Dans toutes les publications sénégalaises que j'ai pu consulter, l'émotion est palpable et l'on sent presque les larmes du rédacteur ou de la rédactrice en charge de la nécrologie. Le drame est rendu plus douloureux encore par le fait qu'il partageait fréquemment la scène avec un autre artiste culte du pays, Baaba Maal, qui perd ainsi son ami le plus cher, son frère de cœur et son partenaire musical au sein de la formation Dande Leñol.
Éploré, Music in Africa écrit :
"Mansour était davantage qu'un musicien exceptionnel ; il était une présence enchanteresse, porteur de mélodies captivantes et d'une bonhomie rayonnante. Sa simplicité, sa gentillesse, sa bienveillance et sa bonne humeur étaient sa marque de fabrique. Mansour incarnait la chaleur humaine, l'amitié sincère et la facilité de vivre. Son attitude positive et accueillante envers tous, combinée à son parcours international et à ses performances sur les plus grandes scènes mondiales, témoignait de son humilité remarquable.
Et plus loin :
"Sa profonde connaissance de la musique traditionnelle, enrichie de son propre style, a donné naissance à des compositions intemporelles qui continuent de toucher les cœurs de tous ceux qui les écoutent. Ses mélodies, souvent imprégnées de nostalgie et de profondeur, racontent l’histoire de son peuple et de son terroir, évoquant les vastes plaines et les rives du fleuve Sénégal.
[…]
Ses mélodies et ses paroles continueront à vivre dans nos cœurs, nous rappelant la beauté de l’amitié et la richesse de la musique qu'il a partagées avec tant de générosité. Son parcours servira d'exemple à tous ceux qui croient en la puissance de l'art et de la fraternité. Ses contributions ne seront jamais oubliées, et son esprit vivra à travers chaque note et chaque mot qu'il a offerts au monde, comme dans Djam Leelii avec Baaba Maal sorti en 1989 et inscrit dans la prestigieuse liste des 1001 albums à écouter avant de mourir établie par l'ouvrage de référence américain sur la musique, dirigé par Robert Dimery et publié en 2006".
Et moi, je n'en avais jamais entendu parler. Mais c'est pas grave, puisque j'ai enfin eu la chance de découvrir.
Spotify ou YouTube, via Music in Africa.
Bizarre
L'ancien Président des États-Unis et actuel candidat Républicain à la Maison Blanche reconnu coupable de 34 chefs d'inculpation dans un procès pénal
Un petit sourire pour finir. Ou plutôt un hommage à l'État de droit, découvert grâce à la chaîne YouTube La Chute, dont je vous avais déjà parlé et grâce à laquelle j'ai pu suivre, jour par jour, le procès de Donald Trump aux États-Unis.
C'est une reprise du générique de la série culte aux États-Unis Law and Order. Diffusée pendant vingt ans, de 1990 à 2010, elle met en scène autant les efforts des officiers de police de que ceux des juges et procureurs tentant de faire régner "la loi et l'ordre" à New York City.
Dans cette version ré-imaginée, les héros ont pour noms Alvin Bragg, Letitia James, Jack Smith et Fanni Willis, 4 figures du circuit judiciaire américain qui toutes et tous, malgré les menaces de mort quotidiennes que leur adressent les troupes MAGA, poursuivent Donald Trump pour une raison ou une autre (Alvin Bragg dans l'affaire tout juste jugée, Letitia James pour fraude bancaire, Jack Smith pour son rôle lors de la tentative de coup d'État du 6 janvier et Fanni Willis pour avoir tenté de truquer l'élection présidentielle dans l'État de Géorgie).
La parodie, signée Tristan Snell, procureur de formation et fondateur de Mainstreet.law (et qui avait lui-même poursuivi Trump pour l'arnaque de la supposée Trump University), a plus de piquant encore quand on se rappelle que les Républicains s'affirment depuis longtemps comme "le parti de la loi et l'ordre" —"Law and Order", justement.
Un slogan simple et efficace, toujours pratiqué par Trump et qui avait déjà fait élire un Républicain dans les années 1960.
Il s'appelait Richard Nixon.
Mais aussi, mais encore
En bref : les news auxquelles vous avez échappé
Pendant ce temps-là, ici, ailleurs et à côté…
Guillaume Limousin, le professeur de mathématiques en collège poursuivi en diffamation par Didier Raoult innocenté par la justice : il raconte son aventure à la chaîne sceptique "La Tronche en Biais" (YouTube) — Au Mexique, des indigènes prennent les armes pour se défendre à la fois contre le crime organisé et l'exploitation minière (Lundi Matin) — En raison de la sélection contrôlée de l'industrie agro-alimentaire, les piments jalapeños perdent peu à peu leur piquant (D Magazine) — L'Égypte met aux arrêts Ahmed Tantawy, le seul opposant crédible au maréchal Al-Sissi (Middle East Eye) — En Arménie, des manifestations bloquent la capitale pour demander le départ du Premier Ministre, considéré coupable d'avoir abandonné le Karabakh à l'Azerbaïdjan au terme d'une guerre éclair en 2020 (Arab News) — L'épouse du Premier Ministre du Tadjikistan possède des propriétés de luxe à Dubaï, les origines de sa fortune restent mystérieuses (Organized Crime and Corruption Reporting Project) — Ruinée, la télévision publique bosniaque supprime 15 émissions. Des centaines d'employés, qui n'ont plus touché de salaire depuis deux mois, se mettent en grève (Balkan Insight) — Des chercheuses et chercheurs américains croient possible d'extraire des métaux rares dans les eaux salées du globe et dans les résidus de désalinisation (Grist) — Des scientifiques créent un verre transparent végétal : la révolution du bambou est en marche (Philo Mag) — Les reliefs d'un satellite de Jupiter semblent confirmer la présence d'eau liquide salée sous la surface, ce qui aurait façonné ses reliefs (Futura Sciences).
Prochaine Édition du Week-end : samedi 8 juin.
Gardons les pieds sur Terre pendant que ça tourne.
Un grand merci à Marjorie Risacher pour sa relecture attentive, et ses coquillicides impitoyables.
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