L'Édition du week-end #57
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Chère lectrice, cher lecteur,
permettez-moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, d’une miss pas assez japonaise, d’une nature outragée mais d’une nature libérée, de militants embastillés, d’Ëda Diaz, de mannequins pionnières, d’artistes palestiniens, de vestiges sous-marins et d’un cuistre de classe internationale.
Très bonne lecture,
la conscience artificielle de votre téléscripteur favori.
Le ministre de la semaine

Le cuistre de la Culture
J'ai un point commun avec Georgia Meloni : j'aimerais bien ne plus jamais entendre parler de Vittorio Sgarbi, un homme hélas maître dans l'art de passer par la fenêtre quand on vient de le mettre à la porte. Courage, Georgia !
Vittorio Sgarbi, 71 ans, a le parcours typique des imposteurs de notre époque. Licencié en philosophie et spécialisé en histoire de l'art, c'est surtout à la télévision qu'il s'épanouit. Carré, hautain, odieux, insultant et vulgaire, il est taillé pour le petit écran. Régulièrement condamné par la justice (pour diffamation, injures ou outrages), il se découvre rapidement une passion pour la politique et s'engage dans Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi. Il y mènera une jolie carrière, sympathisera comme de juste avec le Cavaliere, mais n'hésitera pas à écumer d'autres popottes, comme le parti libéral ou l'Union des Démocrates chrétiens et du centre, qui soutiennent sa candidature en juin 2008 à la mairie de Salemi en Sicile. Quatre ans plus tard, la ville est mise sous tutelle de l'État pour cause "d'infiltrations mafieuses", et le critique d'art démis de ses fonctions.
J'ai épluché quelques-unes de ses apparitions vidéos : il passe son temps à crier, vitupérer et insulter. Franchement, on peut s'en passer —s'il ne fallait en retenir qu'une, je conseillerais à la limite cette prestation au Parlement, en pleine pandémie de Covid. Repris par le Président de l'Assemblée, parce qu'il porte son masque au-dessus de la bouche et du nez, il traite celui-ci de fasciste et persiste au point de devoir être exclu du Parlement par la force, littéralement porté par les huissiers.
En bref, il avait donc toutes les qualités pour être nommé Secrétaire d'État délégué à la Culture (auprès du ministre, plus discret mais plus fasciste, Gennaro Sangiuliano) par Georgia Meloni.
Il est aussi la première démission du gouvernement d'extrême-droite. Il faut dire qu'il est sous le coup d'une enquête policière pour recel, depuis qu'une émission télévisée a relevé à quel point un tableau récemment ajouté à sa collection, L'Enlèvement de Saint-Pierre de Rutilio Manetti (un peintre siennois du XVII° siècle), est similaire… eh bien au même, volé à un châtelain piémontais quelques temps auparavant. Sgarbi affirme avoir trouvé cette œuvre en 2019 dans le grenier d'une propriété familiale. La peinture a été saisie par les autorités, l'enquête est en cours.
Elle ne fait que s'ajouter à une autre procédure, dans laquelle il est soupçonné d'avoir tenté d'exporter illégalement une œuvre de Valentin de Boulogne estimée à 5 millions d'euros. Et à une troisième, de l'autorité "anti-trust" du pays, la TAR, l'accusant de continuer à se faire payer pour ses apparitions publiques… même lorsqu'il est invité en tant que membre du gouvernement.
Comme de juste, Sgarbi a répondu à toutes ces accusations par l'outrance ("si vous mourez dans un accident de voiture, j'en serai content", a-t-il expliqué à deux journalistes venus l'interviewer), mais a finalement présenté sa démission ce 2 février.
Cependant il n'a pas encore disparu du paysage. II a aussitôt pris sa plus belle plume pour menacer, de manière à peine voilée, par le biais d'une lettre ouverte, la première ministre Georgia Meloni.
"Dans ce courrier", résume le site Artnet, "il évite d'employer le mot de "démission", ce qui laisse penser qu'il cherche encore une issue. Il signale également qu'il fera appel de la décision de la TAR, tout en suggérant que cette dernière ferait bien d'étendre son enquête à tous les représentants gouvernementaux "présentant les mêmes critères". Des termes interprétés par la presse italienne comme une menace de "contre-attaque"".
Il conclut évidemment sa bafouille en expliquant que, en réalité, c'est sa liberté d'expression qui est attaquée et pour se plaindre —air connu— de "n'être pas autorisé à parler et promouvoir mon art et mes idées en aucune façon."
Ce serait, hélas, trop beau pour être vrai.
Votre horoscope tribal

Le signe de la semaine : Miss
Peut-on être une belle Japonaise quand on a les traits caucasiens ? La question, évidemment une urgence en ce début 2024, ne sera finalement pas tranchée. C'est-y- pas malheureux ? À vous de juger.
L'affaire "Miss Japon" a éclaté ce 22 janvier, avec la victoire à ce concours crucial de Karolina Shiino, 26 ans. Celle-ci, née à Ternopil en Ukraine, est arrivée dans l'Archipel à l'âge de cinq ans, quand sa mère a épousé un citoyen japonais. Elle obtenu la nationalité en 2022. Mais elle a bien le physique européen.
Sa réussite au concours de Miss Japon a donc immédiatement généré un débat médiatique capital. Avec sa gueule de métèque, pour ne pas dire de pâtre grecque, Karolina peut-elle vraiment représenter la beauté —féminine cela va sans dire— de son pays ?
On allait enfin savoir. Dans les journaux comme sur les réseaux sociaux, les éléments du dilemme étaient simples et sains : après tout, comme l'ont fait remarquer des spectateurs ayant écrit à la chaîne qui diffusait le concours, le règlement ne stipule-t-il pas que la Miss doive représenter "la vraie beauté japonaise" —ce qui, bon, ne veut rien dire ? De son côté, Karolina, après s'être félicitée, dans son discours de lauréate, d'avoir enfin franchi les "barrières raciales" qui faisaient qu'elle ne s'était jamais vraiment sentie intégrée à la société japonaise devait se mordre les lèvres.
Hélas, hélas, hélas. Le débat ne sera pas mené à terme. Car Karolina a rendu son titre de Miss Japan lundi dernier, après qu'un tabloïd a révélé qu'elle entretenait une liaison avec un homme marié. Elle a d'abord affirmé ne pas être au courant du statut conjugal de son compagnon. Elle pouvait alors bénéficier du soutien de l'organisation Miss Japan. Mais elle a depuis reconnu que, en fait, si. Et publié sur Instagram, un message pour s'excuser "du trouble énorme causé", et d'avoir "trahi [ses] soutiens".
De son côté, le tourbillon médiatique s'est déclaré prêt à bouffer sa prochaine victime et confirmé que rien, personne, nulle part, jamais, ne pourra apaiser sa faim.
Végétal
"Bioneers" est une association caritative fondée en 1990 à Santa Fe, au Nouveau Mexique, par deux "entrepreneurs sociaux", Kenny Ausubel et Nina Simons. Depuis des décennies, de programmes de soutien en productions médiatiques, de bourses en services, elle se pense comme "un terreau fertile pour accueillir les innovateurs, scientifiques ou sociaux, et leurs solutions, pragmatiques ou visionnaires, pour résoudre les défis environnementaux les plus pressants su monde."

L'association publie ces jours-ci un livre gratuit et accessible en ligne au propos assez direct, ainsi résumé par MongaBay :
"Ces dernières années, des pays comme l'Équateur, la Nouvelle-Zélande et l'Inde ont voté des législations pour protéger la nature comme on le fait d'habitude pour une personne. Ce mouvement croissant des "droits de la nature" protège l'environnement en lui reconnaissant légalement un droit à exister et à prospérer, indépendamment de l'usage que peuvent en faire les humains. C'est un bouleversement radical par rapport aux législations actuelles, selon lesquelles la nature est un bien et peut donc être possédée.
Aux États-Unis, ce sont les Natifs, les Indiens d'Amérique, qui sont les plus avancés sur le chemin qui mène à l'incorporation des droits de la nature dans les structures de gouvernance. Le nouvel ouvrage […] titré Le Guide des droits de la nature en territoire indien, est pensé pour les nations tribales. Il fournit stratégies et ressources à destination des communautés qui souhaiteraient promulguer, ou voir appliquées, des lois à même d'accorder aux écosystèmes, aux paysages et aux espèces une existence légale. Et les droits qu'impliquent ce statut."
C'est donc tout simplement un guide pratique pour sauver le monde. Enfin, au moins pour en préserver la part qui, depuis des siècles, résiste avec tant d'obstination à nos haches, nos tronçonneuses, nos foreuses, et notre dégoût pour tout ce qui pousse, grouille, pollinise, chantonne, volette et rafraîchit sous le vent du matin.
Le fait qu'il s'adresse d'abord aux nations tribales des Indiens d'Amérique n'est pas qu'une revanche vaguement poétique. Ces communautés sont bel et bien pionnières dans ce renouveau écologiste. Ce guide de 30 pages souhaite donc les accompagner, et les aider à aller plus loin, "en présentant les défis bien réels qui s'opposent à la mise en place de telles législations, mais aussi les méthodes pour les surmonter. Notamment en fournissant nombre d'études de cas".
Ces dernières vont du vague, comme l'ajout des "droits de la nature" à la constitution de la tribu Ho-Chunk en 2016 par exemple, au précis, comme le droit de la Snake River à l'existence et à la régénération, établi par les Nez-Percés en 2020 en passant par le litigieux, comme le procès intenté, "au nom du saumon" par les Sauk à la ville de Seattle en 2022. Procès qui a poussé la ville à exiger des opérateurs de barrages hydro-électriques qu'ils dédient désormais des points de passage spécifiques pour l'espèce voyageuse.
Écolo

Non Gérald, t'es pas tout seul, mais arrête de te répandre, expliquais-je récemment à notre ministre de l'Intérieur pour le consoler d'avoir raté Matignon. Il ne s'est déridé qu'en apprenant l'histoire des "11 de l'Ouganda"… À qui un jour on élèvera une statue, je le jure.
Ces onze jeunes gens, étudiants et étudiantes à l'université de Kampala, ont commis l'erreur de manifester le 15 décembre dernier contre la construction de l'oléoduc Eacop (East Africa Crude Oil Pipeline). Un projet financé à 5 milliards de dollars "par le conglomérat français TotalEnergies et une compagnie nationale chinoise, ainsi que par les gouvernements de l'Ouganda et de la Tanzanie", note le Guardian.
Ils ont plus exactement commis l'erreur de se retrouver séparés du cœur du défilé : isolés, donc vulnérables. Le journal britannique raconte la suite :
"Les militants du climat ont été emmenés de force dans un bâtiment non identifié du Parlement, où les officiers de police les ont longuement battus à l'aide d'objets contondants. Une méthode déjà employée contre au moins deux douzaines d'activistes anti pipeline ces deux dernières années.
Kalyango, 25 ans, a perdu connaissance après avoir reçu un coup dans la nuque. Il s'est réveillé dans une cellule, 10 ou 15 minutes plus tard, selon ses compagnons d'infortune. "Je suis faible, j'ai mal au cou, et à l'estomac quand je mange", témoigne-t-il, plus d'un mois après son arrestation. "Je suis puni pour mon combat contre le projet de Total, qui fera tellement de mal s'il est mené à bien".
À terme, le Eacop devrait s'étendre sur 1 500 kilomètres, depuis l'ouest de l'Ouganda jusqu'à l'est de la Tanzanie, d'où le pétrole sera exporté à l'international. Le tout devrait générer près de 380 millions de tonnes de CO2 au long des 25 années de service prévues. C'est plus que le total des émissions du Royaume-Uni en 2022".
Après avoir été détenus en quartier de haute sécurité, les 11 militants arrêtés en décembre ont commencé à comparaître devant la justice. Ils risquent un an de prison, en vertu de lois sur l'ordre public remontant à la colonisation.
"Ça devient une habitude, pour l'Ouganda, d'arrêter violemment des militants pacifiques demandant l'octroi de droits humains ou la lutte contre le changement climatique. Ils font ensuite l'objet d'une procédure criminelle, et tout cela dans l'impunité [des autorités]", s'alarme Mary Lawlor, rapporteuse spéciale de l'ONU.
Elle explique avoir écrit à plusieurs reprises au gouvernement à ce sujet, sans jamais qu'il ait pris la peine de lui répondre.
Pour rappel, le pays est dirigé depuis 1986 par Yoweri Museveni, qui fêtera ses 80 ans en septembre prochain.
On prévoit pour l'occasion un gros, gros gâteau. Pour lui tout seul.
Oreilles
Vous vous souvenez, quand l'opinion commune voulait que le métissage fut une bonne chose ? Les rencontres, les cultures qui se mélangent et s'enrichissent de leurs différences, qui apprennent les unes des autres ? Allons, faites un effort !
![SÁBANA Y BANANO [Official Audio] SÁBANA Y BANANO [Official Audio]](https://substackcdn.com/image/fetch/w_1456,c_limit,f_auto,q_auto:good,fl_progressive:steep/https%3A%2F%2Fsubstack-post-media.s3.amazonaws.com%2Fpublic%2Fimages%2F6dfd7856-e9a9-4293-835c-9072deb85a40_640x360.png)
Peut-être Ëda Diaz vous aidera-t-elle à retrouver la mémoire. Cette franco-colombienne, également chanteuse et contrebassiste, sort aujourd'hui son premier album. Elle avait marqué quelques esprits il y a deux ans avec son premier clip professionnel, Nenita. Un titre qui mélangeait déjà influences traditionnelles et musique électronique, dans un bain latino entêtant.
La voici prête à nous faire connaître 11 nouveaux morceaux, avec ce premier album donc, Suave Bruta. J'ai pu l'écouter et… ben c'est très beau, quoi. C'est beau et c'est chouette, c'est moderne et dansant, et doux et classe.
RFI, qui en a fait un de ses "Talents" de l'année, n'en pense pas moins. La radio nous invite à mieux faire la connaissance d'Ëda Diaz, grâce à une rencontre avec Jean-François Cadet dans son émission Vous m'en direz des nouvelles, le 2 février dernier. En plus, elle s'y révèle sympa —"chic et sympa" dois-je ajouter : vous le savez peut-être, je ne peux pas passer plus de six mois sans rappeler cette inoubliable citation de Jacques Chirac (quand il voulait faire jeune en parlant de Madonna).
La musicienne proposera aussi, toujours sur RFI, deux titres live et un échange avec Laurence Aloir, le 3 mars prochain à 21H10. Elle enchaînera deux jours plus tard avec un concert au Café de la Danse, parce que parfois, il faut avoir le courage de le dire, les Parisiens, comme les Parisiennes, ont de la chance.
Mode

Quand les Noires américaines brillaient en France
Le Black History Month a commencé aux États-Unis. C'est l'occasion de découvrir des parcours singuliers, méconnus, qui jalonnent une marche vers l'égalité encore inachevée.
La question de la représentation, par exemple : combien de temps a-t-il fallu attendre pour que l'industrie de la mode accueille des mannequins à l'image du pays (et de sa clientèle), c'est-à-dire, aussi, Noirs ? Pas avant les années 1980 et 90, nous dit Fashionista, avec Naomi Campbell, Iman, Tyra Banks, Veronica Webb ou Alex Wek…
Ou dès les années 1950, si l'on veut bien faire un détour par Paris.
"Dès 1955, de premières mannequins Noires ont été repérées par les designers européens. Christian Dior, Pierre Balmain ou Jacques Fath ont par exemple engagé Dorothea Church, à la fois comme modèle de couture et de défilé. Inspirées par son parcours ou par d'autres pionnières telles Hellen Williams et Ophelia Devore […], de jeunes femmes Noires ont à leur tour embarqué pour l'Europe, avec l'espoir de marcher sur leurs pas.
On peut se demander pourquoi elles étaient prêtes à voyager sur des milliers de kilomètres, à laisser derrière elles famille et amis, à s'installer dans un pays étranger, dont elles parlaient rarement la langue. La réponse tient en un mot : le racisme.
"Il y a eu tout un mouvement de mannequins Noires qui partaient pour l'Europe, simplement parce qu'elles ne trouvaient pas de travail ici", explique Taniqua Martin, historienne de la mode et animatrice du podcast Black Fashion History. "En Amérique, les Noires ne figuraient pas plus dans les défilés que sur les couvertures de magazine."
[…]
Il y avait Saint Laurent et sa muse, Moounia, née en Martinique, et la "Black Cabine" d'Hubert de Givenchy, un groupe de mannequins maison avec qui il travaillait en permanence, jusque dans les années 1970. C'était Carole Miles, Sandi Bass, Lynn Watts ou Diane Washington. Dès le début des années 1960, Paco Rabanne a aussi engagé des mannequins Noires pour ses défilés. Cela lui a coûté.
Quand il a fait travailler Donyale Luna, la presse américaine lui a craché au visage, il a été boycotté par le secteur pendant une décennie."
Au risque de me répéter, notre pays a depuis préféré, lentement mais sûrement, se tourner vers le mauvais côté de l'histoire. Ce qui explique certainement, au moins en partie, l'incroyable joie de vivre qui caractérise la France depuis au moins deux générations, maintenant.
Beauté

La Palestine s’expose
Faisal Saleh est né en 1951, près de Ramallah, dans un camp de réfugiés palestiniens. À l'âge de 16 ans, il a pu quitter la région pour les États-Unis. Titulaire d'une bourse, il complète ses études par un MBA de l'université du Connecticut et fait carrière dans l'assurance, puis l'informatique.
Et puis, il y a six ans, il se lance dans le projet de sa vie : créer un musée pour l'art de son pays de naissance. Rendre "quelque chose" à la Palestine. De cette envie est né le US Palestine Museum à Woodbridge —toujours dans le Connecticut.
Le musée a participé à la Biennale de Venise en 2022, avec l'exposition From Palestine with Art, qui réunissait 20 artistes aux styles tous différents. Celle-ci se déplace ce mois-ci, du 2 février au 2 mars, à la galerie P21 de Londres. The New Arab s'est rendu au vernissage :
""L'art est une forme de résistance, parce que c'est une façon de faire entendre son humanité. De dire ses sentiments. De dire que nous appartenons toutes et tous à la même espèce humaine", explique Jacqueline Berjani, une artiste établie au Luxembourg, qui a réalisé, pour l'exposition, les portraits de personnalités palestiniennes. "Je voulais montrer que nous avons des poètes brillants, des penseurs brillants, de grands écrivains", insiste-t-elle".
Dans son récit, The New Arab relève que lors de la Biennale de Venise, l'exposition avait soigneusement évité la question politique, "comme le reconnaît Saleh", en se focalisant sur la culture et l'histoire. Mais "depuis, de nouvelles contributions au musée s'emparent de la question de la Nakba, et du sentiment de se retrouver étranger en son pays".
Un fil délicat que l'engagement politique, sur ce qui apparaît comme d'inextricables questions. Mais l'art, la culture et l'histoire sont justement les meilleures armes pour apprendre à revoir le monde avec justice et compassion.
Bizarre

La chasse sous l’eau est ouverte
Il y a 10 000 ans, il n'y avait pas de mer Baltique, ni de mer du Nord. Il y avait, à la place, d'immenses plaines, fertiles et habitées. Puis, avec la fin de l'ère glaciaire, le niveau de l'eau a cru de plus d'une centaine de mètres, pour donner au nord de l'Europe la géographie qu'on lui connaît aujourd'hui.
On ne sait rien des civilisations qui peuplèrent ces territoires perdus. Il est temps d'aller les découvrir.
Plus que temps, en fait. Car sinon, ce sera bientôt impossible : dans ses efforts de déploiement d'énergies renouvelables, la région mise pour une large part sur l'éolien en mer. Les vastes et nombreuses centrales prévues dans les zones côtières les rendront bientôt inaccessibles à la recherche archéologique.
C'est pourquoi le Conseil Européen a décidé de financer, à hauteur de 8 millions d'euros, le projet SUBNORDICA qui, sous l'égide de l'université de Bradford, va tenter d'exhumer les traces des cultures et des populations qui s'épanouissaient autrefois dans la région du Doggerland (Photo).
J'ai déjà évoqué dans des lettres précédentes combien l'exploration sous-marine est en train de s'avérer l'un des défis scientifiques passionnants de notre époque, grâce aux progrès technologiques. Vice rappelle ainsi certaines découvertes archéologiques récentes qui inspirent les âmes rêveuses : le "Stonehenge suisse", vieux d'au moins 5 000 ans, récemment retrouvé sous le lac de Constance, ou une route, aujourd'hui immergée, qui il y a 7 000 ans reliait ce qui est désormais l'île de Korcula, dans l'Adriatique, à la Croatie. Le fruit du travail "d'une culture maritime, les Hvar, qui occupaient la région à l'ère néolithique".
La zone qui sera explorée est riche en "vestiges de valeur, bien que fragmentaires, laissés par des habitants dont les modes de vie furent modifiés à la fois par la montée des eaux et par l'introduction des technologies néolithiques", se réjouit d'avance le directeur de recherche Vincent Gaffney.
J'aurais aimé postuler mais notre conseiller scientifique m'a rappelé que je n'aimerais peut-être pas ce que je pourrais trouver. Un vrai rabat-joie, ce professeur Zaïus.
Mais aussi, mais encore

En bref : les news auxquelles vous avez échappé
Pendant ce temps-là, ici, ailleurs et à côté…
Au Pérou, des milliers d'attrape-brouillards plantés sur les collines pour récupérer l'eau dans l'air et alimenter les réservoirs des villes à sec, dont la capitale Lima (La Relève et la Peste) — Avec 14 milliards de dollars évaporés en une décennie, le fonds d'investissement Cathie Wood franchit un nouveau record en matière de destruction de richesse (Business Insider) — En France, depuis 1959, les producteurs sont les principaux perdants de l'amélioration de la productivité agricole (The Conversation) — Une start-up californienne co-fondée par Bill Gates et Jeff Bezos identifie de massives ressources de cuivre, un matériau indispensable aux énergies renouvelables, dans le sous-sol de la Zambie (Business Insider) — Le Kremlin publie sa troisième version de la liste des groupes et musiciens russes interdits de représentation, soit pour avoir critiqué la guerre, soit pour ne l'avoir pas assez soutenue (The Moscow Times) — Scandale de dopage au Kenya : 44 sportifs suspendus (PressAfrik) — La Serbie investit 76 millions d'euros dans la recherche consacrée aux applications de l'intelligence artificielle dans les "BIO4" (biomédecine, bioinformatique, biotechnologies et biodiversité) (Balkan insight) — Des journalistes testent OnlyFake, le site qui génère à la volée de faux documents d'identité pour frauder en ligne (Petapixel).
Après une petite semaine de vacances, la prochaine Édition du Week-end revient le samedi 24 février.
Gardons les pieds sur Terre pendant que ça tourne.
Un grand merci à Marjorie Risacher pour sa relecture attentive, et ses coquillicides impitoyables.





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