L'Édition du week-end #54
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Chère lectrice, cher lecteur,
permettez-moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, de pompistes de l’espace, de médecins cubains, d’amnésiques géorgiens, de soleil et de vent, d’une paire de chaussures entrée dans l’histoire, de musées, d’animaux et d’une nouvelle civilisation.
Très bonne lecture,
la conscience artificielle de votre téléscripteur favori.
Les villes de la semaine

Du temps de l’Antiquité amazonienne
Ce n'est pas tous les jours que l'on découvre une nouvelle civilisation antique. Grâce à Stéphane Rostain et Antoine Dorison, chercheurs au CNRS, c'est ce 11 janvier que s'est révélée pleinement l'existence de la culture Upano.
Les excavations des deux archéologues dans cette vallée amazonienne de l'Équateur remontent à plusieurs années, et même à trois décennies. Leurs travaux ont cependant connu un tournant majeur en 2015, quand le gouvernement équatorien a accepté d'équiper des avions de senseurs LIDAR dernier cri (un LIDAR, c'est un radar qui détecte la lumière au lieu des ondes radios). Le temps de photographier les lieux et d'analyser les résultats, c'est donc ce mois-ci qu'un article paru dans Science, relayé dans Artnews, révèle toute l'ampleur de leur découverte. À savoir la cartographie d'"un ensemble de plateformes monumentales, de places et de rues, organisées selon un schéma propre, comprenant des canaux d'irrigation et des terrasses agricoles, le tout relié par de vastes routes [pouvant atteindre les 10 mètres de large et les 20 kilomètres de long]".
On savait que l'Amérique du Sud avait abrité de vastes ensembles de population pré-colombiennes, des cultures rayonnantes, des systèmes politiques aboutis. Mais on n'en avait jamais identifié, et pour cause, sur le terrain recouvert par la forêt amazonienne, largement impénétrable avant les dernières percées de la technologie LIDAR. On ignorait que des installations plus abouties que des villages et des tribus aient pu faire autre chose que survivre dans ces terres inhospitalières, à l'époque où s'épanouissait —entre autres— l'empire romain.
Mais les Upanos n'avaient rien à envier à leurs contemporains d'outre-Atlantique : "la plus grande ville du réseau est comparable en taille au plateau de Gizeh ou à Teotihuacan au Mexique", précise Artnews. Le site aurait abrité au minimum 10 000 habitants, et peut-être jusqu'à 30 000 à son apogée. "Les images nous montrent une occupation particulièrement dense et une société extrêmement complexe", s'extasie Michael Herkenberg, archéologue à l'université de Floride joint par le Guardian. "Il n'y a pas d'équivalent dans la région, aussi tôt dans l'histoire."
On ne sait pratiquement rien, évidemment, de la culture qui peuplait la vallée d'Upano. Seules certitudes : elle remonte à l'an -500 et aurait perduré jusqu'à 300 à 600 après J.C., elle maîtrisait une organisation complexe du travail, sans laquelle elle n'aurait pas pu bâtir un tel réseau agricole et routier, elle ignorait la maçonnerie mais construisait en terre cuite, elle s'organisait autour d'un total d'environ 6 000 zones habitées, édifiées en hauteur et entourées de terres cultivées et… c'est tout.
En prime, on ne trouve pour l'instant personne pour nous expliquer que les Upanos échangeaient avec les extra-terrestres, qu'ils maîtrisaient l'électricité ou que c'était en fait l'Atlantide (mais le compte à rebours est lancé). Pour réellement savoir un peu, peut-être, ce qu'elles avaient dans la tête, la réponse est encore plus simple : en vrai, il va falloir creuser.
NB : au moment d'envoyer cette lettre d'infos, je découvre un article de The Art Newspaper qui a questionné plus en longueur Stéphane Rostain sur sa découverte, dans un article à découvrir ici.
Votre horoscope tribal

Le signe de la semaine : pompiste
De l'espace. Pompiste de l'espace. Un métier à l'importance sous-estimée (sauf par les adeptes du jeu vidéo Elite Dangerous, qui l'ont littéralement inventé) mais, désormais, une réalité. Un premier pas, certes timide, vers la création d'un tout nouveau prolétariat interstellaire qu'il sera délicieux d'exploiter dans les décennies qui viennent.
Tout le mérite revient à la Force Spatiale, cette quatrième branche de l'armée américaine (après l'armée de le terre, l'armée de l'air et la Navy) créée par Donald Trump en 2019, qui n'avait jusqu'ici pas tellement eu l'occasion de faire parler d'elle. Ce qui ne veut pas dire qu'elle se tournait les pouces. Au minimum, elle planchait sur un vrai sujet de tracas pour les opérateurs de satellite du monde entier : comment faire le plein ? La problématique n'est pas tellement celle du prix du gasoil que de l'absence finalement assez criante, quand on y pense, de pompes à essence de l'espace.
Je simplifie bien sûr… Mais pas tant que ça. S'ils ne fonctionnent pas à l'essence traditionnelle, les satellites ont bel et bien besoin de carburant pour augmenter leur durée de vie —ce qui, vu le coût d'un lancement, n'est pas une donnée négligeable. Pouvoir les ravitailler en plein vol, comme on sait le faire aujourd'hui avec les avions, mais ici à 36 000 kilomètres d'altitude, est une percée technologique spectaculaire. L'appel à projet de la Space Force a finalement été remporté par la firme américaine Astroscale, qui s'est vue allouer cette semaine un budget de 22,5 millions dollars pour développer l'Astroscale Prototype Servicer for Refueling (ASP-R). Un véhicule inhabité, plus proche du satellite lui-même que de la station d’essence, conçu pour faire le tour de ses homologues en orbite et les ravitailler sans qu'il soit nécessaire d'interrompre leur mission. Et cela, assure son fabricant, dès 2026.
"Avec l'ASP-R, nous ne nous contentons pas d'allonger la durée de vie de nos satellites : nous améliorons nos délais de réaction, notre flexibilité et l'ensemble de nos capacités opérationnelles", s'est félicitée dans un communiqué Joyce Bulson, la colonelle de ce qu'il faut bien traduire par "l'armée de l'espace". "C'est un pas en avant audacieux, dans la lignée de nos efforts pour sécuriser et renforcer notre position dans un domaine en évolution permanente. Cette collaboration réaffirme notre engagement en faveur de l'innovation et contribue à la soutenabilité de nos atouts spatiaux" a-t-elle ajouté, histoire de prouver qu'on peut faire le même métier que Buck Rogers et parler comme le responsable marketing d'une start-up de livraison de jambons-beurres à domicile.
Doc
"Cuba Cuba Cuba si, Cuba Cuba si" chantait Jean Ferrat, qui était un grand poète avec parfois des moments de fatigue*. Un air aujourd'hui repris dans l'Italie de Georgia Meloni, parce que l'histoire est une coquine.

Meloni n'est pourtant pas responsable de ce cri du cœur, dont l'initiative revient à la Calabre, l'une des régions les plus pauvres du pays. Le système de santé italien, déjà pas en bonne forme sur le plan national, menace de s'y écrouler. Le Covid l'a durement éprouvé : à l'échelle du pays, 11 000 professionnels et professionnelles de santé ont rendu les gants depuis 2021. Sans surprise, le Guardian nous précise que la situation est plus dramatique encore "dans le sud le plus pauvre, où le système de soins a été éprouvé par des années de négligence qui remontent à bien avant la pandémie. Des mesures d'économies ont conduit à la fermeture de douzaines d'hôpitaux. La mafia et la corruption ont contribué à aggraver son état".
C'est pourquoi le gouvernement de Calabre a fini par faire appel à pas moins de 500 médecins arrivés de Cuba, chirurgiennes et chirurgiens de toutes les spécialités, pour renforcer ses équipes. Le journal britannique s'est rendu à Polistena, une ville de 10 000 habitants dont l'hôpital Santa Maria degli Ungheresi, l'un des derniers de la région, se retrouve à servir pas moins de 200 000 personnes.
Malgré le "scepticisme" initial des équipes locales, le Guardian a pu constater que la cohabitation se passe finalement bien :
"Selon la directrice Francesca Liotta, qui prendra sous peu sa retraite : "Ils nous apportent l'enthousiasme que j'avais au début de ma carrière. J'aime à dire qu'ils nous donnent de l'oxygène".
Nous nous sommes rendus sur place après un week-end férié durant lequel le centre de soins, qui souffre d'un besoin criant de modernisation, croulait sous les opérations d'urgence rendues nécessaire par la hausse des accidents de la route. Des problèmes d'Internet retardaient la prise en charge des malades. "C'est sans fin", souffle Liotta. "Dès qu'on règle un problème, un autre apparaît".
C'est la première mission d'Asbel Diaz Fonseca en Europe. Chirurgien avec dix ans d'expérience, il a déjà exercé ses talents dans de nombreux endroits du globe, dont deux ans en Mauritanie. Ces brigades médicales extra-territoriales sont une importante source de revenus pour le gouvernement communiste de Cuba. Ce qui les rend vitales pour le pays. C'est aussi une façon pour la Havane d'accroître son pouvoir d'influence. Mais il s'oppose aux critiques selon lesquelles ces soignants et soignantes seraient exploitées dans le but de remplir les coffres du régime.
"C'est un mensonge complet", nous dit-il. "Il n'y a aucune obligation. Nous sommes là parce que nous le voulons. Nous apprenons aussi de ces expériences : l'échange fonctionne dans les deux sens.""
Le programme sera prolongé en 2025, à la satisfaction des équipes… mais aussi du président de la région, Roberto Occhiuto, pourtant du parti de Berlusconi Forza Italia et qui semble presque s'excuser du succès remporté par sa décision :
"C'est une expérimentation positive. Ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les docteurs italiens qui travaillent avec leurs homologues cubains et les patients de Calabre. Je savais que la médecine cubaine est une des meilleures au monde, et aujourd'hui, ce sont ceux qui me critiquaient qui se retrouvent les premiers à réclamer une dose supplémentaire du remède caribéen".
Peut-être leurs compétences pourraient-elles être également mises à profit pour guérir certains élus de l'épidémie d'hypocrisie qui les ronge, et qui en les rongeant nous empoisonnent.
* Je plaisante pour la forme : même si ce refrain pour moi n'est jamais passé, cette chanson est un magnifique poème sur l'exil.
Amnésique

On sait que Poutine a beaucoup fait pour réhabiliter l'image de Staline et on comprend maintenant pourquoi. En Géorgie, où est né "cet athée dévoué qui a violemment réprimé la religion dans toute l'Union Soviétique", rappelle CNN, la célébration du tyran atteint des niveaux dignes d'un culte, littéralement : cette icône du moustachu est exposée à la cathédrale de la Sainte-Trinité de Tbilissi. Un don du parti nationaliste et pro-russe "Alliance des Patriotes", qui représente le dictateur béni par la Bienheureuse Matrone de Moscou, une sainte orthodoxe.
Il demeure cependant des Géorgiens (ou, en l'espèce, une Géorgienne) qui ont de la mémoire et des valeurs : la semaine dernière, une habitante a aspergé le tableau de peinture "dans un acte de protestation qui révèle les divisions du pays", poursuit la chaîne d'info américaine :
"Des milliers de fidèles orthodoxes et des supporters du mouvement ultra-conservateur pro-russe, excités par la chaîne privée Alt-Info, se sont rassemblés devant le Parlement du pays avant de traverser la ville en direction de la cathédrale.
Sous la surveillance de la police, un orateur s'est adressé à la foule pour déplorer l'attaque contre l'icône. Reuters estime que 3 000 personnes s'étaient réunies."
La femme qui s'en est prise à la peinture a été retrouvée et interrogée par la police. Mais son nom a aussi été divulgué par la presse locale, dans un contexte où sont réclamés une enquête criminelle pour ce "blasphème", des années de prison pour celle qui l'a commis, un durcissement des lois de protection des croyances et où, selon les médias géorgiens, des émeutiers ont tenté de se rendre physiquement chez elle, seulement pour être arrêtés par la police au dernier moment. Samedi, des fleurs ont été disposées près de l'icône, "alors que croyantes et croyants faisaient la queue pour embrasser la partie qui représente Staline."
Sachant que ce dernier a forgé sa pensée politique et son mépris de l’Église lors de ses études comme séminariste, il n’est pas interdit de penser que ces fanatiques soient de nouveau en train de fabriquer l’homme qui les enverra au goulag.
Optimiste
Aujourd'hui, l'Agence Internationale de l'Énergie (AIE) est contente. Et nous avec elle. Et ce n'est pas tous les jours qu'elle est contente et nous avec elle, alors la célébration autorisons-nous (la joie comme Yoda me fait parler, comme ça c'est).

Car nos progrès en matière d'énergie renouvelable sont enfin palpables : en 2023, le monde en a agrandi le parc deux fois plus rapidement qu'en 2022, "ce qui signifie que la planète a de bonnes chances d'atteindre l'objectif fixé par la COP 28, qui est de tripler la production mondiale d'électricité renouvelable d'ici 2030", résume Electrek qui a eu la bonté d'étudier le rapport annuel de l'AIE dans son intégralité :
"La quantité d'énergie renouvelable ajoutée l'an dernier sur la planète représente 510 GigaWatt. 75 % d'entre eux proviennent du solaire. La part la plus notable vient de la Chine, qui a commandé autant de solaire en 2023 que le monde entier en 2022, tandis que sa production éolienne augmente de 66 % par an. Les renouvelables croissent aussi d'une manière inédite aux USA, en Europe et au Brésil.
Et ce n'est pas tout : les cinq ans à venir devraient être encore plus remarquables. Le rapport démontre que, en vertu des politiques et des marchés déjà en place, la puissance énergétique renouvelable mondiale devrait augmenter de 7 300 GW entre 2023 et 2028, à 96 % en solaire et en éolien. Les renouvelables devraient même supplanter le charbon pour devenir la première source d'énergie au monde dès 2025."
Ces chiffres en eux-mêmes ne seront pas suffisants, précise Electrek, pour tripler la production d'ici 2030 comme le veut la COP 28 : pour ça, il faudra encore pousser.
Dans ce genre d'info, c'est généralement le moment où l'on précise qu'il ne faut pas baisser les bras. Mais comme je suis de nature contrariante, je vais plutôt écrire que si, au contraire. Quand on sait qu'on peut faire quelque chose, pourquoi mener son projet à bien ? De toute façon, il sera jamais aussi bien que ce qu'on avait en tête, n'est-ce-pas ?
Restons donc blasés et allons fêter ça en faisant une petite course de jet-ski à Saint-Tropez. Après tout, quand nos enfants nous reprocheront d'avoir laissé crouler le monde, on pourra au moins répondre : "Oui, mais on aurait pu le sauver". C'est déjà un progrès.
Ou continuons à nous battre, à y croire, et même à rêver du jour où nos fenêtres ne s'ouvriront plus sur des parkings et des centres commerciaux, mais sur des forêts de myosotis et d'acacias : aucune autre perspective ne devrait nous satisfaire.
Mode

Les chaussures les plus classes du monde
J'ai failli rater cet anniversaire, mais j'ai des excuses.
C'est le 14 décembre 2008 que le journaliste Muntadhar al-Zaidi a exprimé la pensée profonde du monde en balançant sa paire de chaussures à la gueule de George Bush lors d'une conférence de presse à Bagdad, en criant : "T'as le bonjour du peuple irakien !". (Bon, littéralement, il a plutôt mentionné un "baiser d'adieu", mais j'ai toujours préféré les interprétations poétiques aux traductions littérales).
Si j'ai des excuses pour n'avoir pas célébré dignement les 15 ans de cet événement le mois dernier, c'est parce que le journaliste Sahid Daud, du Middle East Monitor, qui souhaitait rencontrer al-Zaidi, a lui-même mis un peu de temps à retrouver sa trace : "J'ai passé des jours à errer de cafés en salons de thé, en espérant que quelqu'un saurait où il se trouve aujourd'hui […] avant de réaliser qu'il avait un profil Facebook. Je lui ai écrit en dernier recours, doutant qu'il me réponde et certain que s'il le faisait, avec ma chance, ce serait après que j'ai quitté l'Irak. À ma grande surprise, j'ai reçu ce message deux jours plus tard : "Ahlan wa Sahlan, habbibi —bienvenue, mon ami."
Voilà pourquoi le récit de cette rencontre vient seulement de paraître cette mi-janvier.
On comprend mieux pourquoi l'auteur doutait retrouver le jeteur de chaussures si facilement : au fil des années, ce dernier a choisi la voie de l’effacement et a emménagé en banlieue, lassé des menaces de mort constantes et, dit-il, de 7 tentatives de meurtre.
"Les années qui suivirent l'incident n'ont pas été faciles pour lui. Condamné à trois ans de prison pour s'être attaqué à un chef d'État, il a passé neuf mois derrière les barreaux. Il n'a plus jamais travaillé comme journaliste. Je lui ai demandé s'il regrettait son geste. Il a paru se sentir insulté. Mais l'incomparable hospitalité irakienne a vite repris le dessus, et il s'est adouci : "Je suis content de mon geste"".
Tout au long de l'article, Al-Zaidi semble d'une étonnante discrétion, répondant en peu de mots aux questions qui lui sont posées : "Je lui ai dit qu'il me semble au fond normal que ses chaussures aient raté leur cible. Il m'a regardé, étonné. D'une certaine manière, l'Amérique semble toujours échapper à ses responsabilités, ai-je suggéré, sans bien savoir si je pensais à voix haute, ou si je lui posais vraiment une question. Une expression mêlant la surprise à une triste prise de conscience a traversé son visage. "Je n'avais jamais vu les choses comme ça avant." Après quelques minutes d'un silence lourd de part et d'autre, il a pointé du doigt ma tasse vide : "un autre thé ?"
Pour moi, Muntadhar al-Zaidi a toujours représenté le dernier fragment d'espoir, l'ultime symbole de résistance. Même quand tout est perdu, on trouve des hommes (et des femmes) ordinaires pour se dresser face au pouvoir. Bien sûr, ils ne pourront pas effacer les atrocités du passé, mais ils pourraient forcer les dirigeants futurs à penser à deux fois avant d'en commettre à l'avenir, particulièrement s'ils doivent faire face aux milliers d'Al-Zaidi prêts à défier son autorité."
Les deux journalistes évoqueront Gaza (""L'occident n'est pas l'ami des droits de l'homme", me dit-il comme s'il constatait un simple fait"), de masgouf (un plat traditionnel d'Irak, de la carpe grillée), et du fascinant lapsus de Bush qui, en 2022, dénonça l'attaque de l'Ukraine en ces termes : "Cette invasion brutale et totalement injustifiée de l'Irak —euh, de l'Ukraine…"
"Si Bush vous entend, avez-vous un message pour lui ?
- Oui : vous avez fui la justice terrestre, mais vous ne pourrez échapper à la justice divine. Vous passerez l'éternité en enfer."
Je ne crois pas en Dieu mais Bush, oui. On peut donc espérer ses cauchemars collants de sueur.
Beauté

10 musées à voir en 2024
Incroyable mais vrai : dans le monde entier, on continue à créer des musées. Certains d'entre eux seront même monumentaux, comme le relève le magazine du Smithsonian, dans le meilleur top 10 de ce mois de janvier, celui des musées qui ouvriront 2024.
Il y aura du classique, du plus surprenant et du militant. Dans cette dernière catégorie, célébrons le Stonewall National Monument Visitor Center qui, à partir de juin prochain, permettra de mettre les pieds dans l'ancien bar gay où en 1969 une émeute contre une descente de la police a lancé le mouvement des droits homosexuels et, au-delà, LGBT. Une exposition permanente racontera l'histoire du lieu, de l'événement et des années de militantisme qui suivirent. On trouvera aussi une salle de concert et deux galeries réservées aux artistes "LGBTQ+ et leurs alliés et alliées". Le tout sous la direction de Mark Segal, qui participa au jour historique du combat de Stonewall, et fonda dans la foulée le Gay Liberation Front, à qui des millions de personnes dans le monde doivent assez littéralement la vie.
Toujours dans le domaine politique, le Freedom Monument Sculpture Park retracera le destin des esclaves noir-américains, "le long du fleuve Alabama, celui-là même où des dizaines de milliers de victimes étaient vendues, achetées et transportées en bateau ou par chemin de fer. Un parcours immersif pour honorer les 10 millions de Noirs qui ont connu l'esclavage aux États-Unis, et célébrer leur résilience sans fin, avec 48 sculptures signées de 27 artistes".
Même l'Hexagone est représenté dans le top 10 : "En août dernier, le collectionneur Christian Levett a fermé son musée d'art classique et d'antiquité de Mougins, dans le sud de la France, avec une seule idée en tête : reconvertir le lieu pour en faire le premier lieu majeur d'Europe entièrement dédié aux artistes femmes. Il rouvrira cet été sous le nom Femmes Artistes du Musée de Mougins : le FAMM".
Mais si tout est politique, il n'y a pas que la politique dans la vie. Toute la liste du Smithsonian est alléchante : le Centre de la Découverte Astronomique de Flagstaff, en Arizona ; le musée Nintendo de Kyoto, au Japon ; le musée Shakespeare de Londres (où entre autres, "dans un souterrain à trois mètres de profondeur, les visiteurs pourront expérimenter une journée typique du XVI° siècle, par la vue, le son et même l'odeur") ; le musée d'art moderne scandinave de Kristiansand en Norvège (Photo) ; celui des arts traditionnels Hampi à Hampi, en Inde ; ainsi qu'un musée d'histoire naturelle à Los Angeles, une ville où l'on sait en général assez bien faire les choses (j'ai personnellement frôlé le syndrome de Stendhal sur les hauteurs du Getty Museum).
Au sommet de la liste du magazine, on trouve enfin le Grand musée égyptien du Caire (GME). Il, abritera 100 000 artefacts, depuis l'occupation préhistorique de la région jusqu'à l'Égypte moderne, et de véritables trésors, comme l'intégralité des 5 000 objets composant celui de Toutânkhamon, ou la barge solaire en cèdre du Liban qui, il y a 4 600 ans, appartint à Khéops. "De sa façade translucide de 600 mètres de haut à la colossale statue de Ramsès II qui se dresse dans l'atrium gorgé de soleil du bâtiment, le GME fait une forte impression dès nos premiers pas."
Le Smithsonian prévient cependant : la construction du GME n'a pas été de tout repos, et a pris un retard considérable. Son ouverture est bien prévue pour cet été… mais il figurait déjà sur la liste du magazine … en 2020, 2022 et 2023. Donc, attendez un peu avant de réserver votre billet d'avion.
Bizarre

Libres animaux des villes
Freeyork se prend d'enthousiasme pour le travail de Ashraful Arefin, et moi avec eux. Ce jeune photographe du Bengladesh (il est né en 1987) consacre une partie de son temps libre à photographier les animaux en liberté, que l'on peut trouver dans les rues du monde, de Calcutta à Dhaka en passant par Dubaï, Kathmandou et Dehli. Ce n'est pas le premier artiste à s'emballer pour ce sujet, mais c'est bien son talent qui donne à ses images une qualité inégalée, parfaitement résumée par le magazine d'art et design :
"Son œil s'intéresse aux habitants oubliés des villes —les animaux qui errent, jouent et se reposent au cœur de l'activité et des tourments humains. Ce qui différencie son travail des autres, c'est son approche empathique. Il ne photographie pas tant les animaux qu'il les portraiture, avec le même respect et le même souci du détail qu'on accorde d'ordinaire aux sujets humains […] La juxtaposition des paysages urbains et des postures souvent sereines et parfois joueuses des animaux est la source d'un puissant contraste. C'est un témoignage de la diversité des formes de vies qui existent dans nos villes."
Puisse un peu de la sagesse des animaux nous habiter pour encore des siècles.
Mais aussi, mais encore

En bref : les news auxquelles vous avez échappé
Pendant ce temps-là, ici, ailleurs et à côté…
L’ex-Premier Ministre sud-coréen questionne la “conscience morale” de l’Opposition à laquelle il appartient, et annonce la création de son propre parti en vue de retrouver le pouvoir (The Korea Herald) — Une année de licenciements massifs dans l’industrie du jeu vidéo commence à faire sentir ses effets sur le secteur (Wired) — Un réalisateur malais et son producteur voient leur film interdit pour offense aux sentiments religieux (AP) — L’État de Washington attaque en justice les deux géants locaux du commerce alimentaire, pour empêcher leur fusion à 25 milliards de dollars (Fortune) — En tension avec le Kosovo, la Serbie annonce la hausse de son budget militaire (Intellinews) — Le Président de l’université du Wisconsin renvoyé pour avoir publié sur PornHub des films pornographiques réalisés avec son épouse (The New York Times) — Officiellement interdites sur la plateforme, les “petites amies” virtuelles, fruits de l’intelligence artificielle, pullulent pourtant sur le magasin en ligne de ChatGPT (Quartz) — La direction du Kunsthalle de Bratislava démissionne, pour protester contre les coupes budgétaires du gouvernement : ce dernier reproche à la salle de spectacle d’accorder trop de place aux artistes LGBT (Artnews) — Avec l’album Maltempo, le bédéaste Alfred clôt sa “Trilogie Italienne” et se confie pour l’occasion au magazine en ligne Bodoï (Bodoï).
Prochaine Édition du Week-end : samedi 27 janvier.
Gardons les pieds sur Terre pendant que ça tourne.
Un grand merci à Marjorie Risacher pour sa relecture attentive, et ses coquillicides impitoyables.





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