L'Édition du week-end #44
Cliquez ici pour lire en ligne

Le mot de la semaine
Comme tout le monde, j'ai assisté avec horreur au massacre perpétré par le Hamas en Israël. Et comme tout le monde, je regarde maintenant avec effroi la réponse qui se prépare. Un gouvernement (qui n'est pas, contrairement à ce qui est trop souvent écrit, d'union nationale : seul un opposant a rejoint, non pas le gouvernement, mais le cabinet de guerre), comme saisi d'ivresse, titubant au bord du fossé qui sépare la légitime défense de la vengeance aveugle. À l'heure où j'écris ces lignes, samedi 14 octobre au matin, comme tout le monde, j'ignore de quoi l'avenir sera fait mais, comme beaucoup, je crains qu'Israël ne soit en train de s'engouffrer dans un piège militaire et diplomatique, tout à fait réfléchi, parfaitement assumé et même ardemment souhaité par un groupe islamiste assoiffé de meurtres et de sang.
Je n'entends nulle part de voix optimistes. Les ondes radios et télévisées, la fibre optique, ne portent partout que les mêmes émotions, noires, brutes, brutales. Les analystes, les partisans de la paix, les négociateurs, les sages, semblent muets de chagrin. Ils se passent la main sur le visage, atterrés, et ne voient aucun espoir se profiler.
Et moi, je n'ai rien de mieux à dire. Rien de plus intelligent ou de plus utile.
C'est en sachant que l'avenir, à l'image de notre passé, serait fait de catastrophes, rendues toujours plus visibles et pressantes par les progrès technologiques —qui contribuent aussi, ne l'oublions pas, à nous unir, nous informer, nous cultiver— que j'ai conçu dès le départ cette newsletter : parler du reste, de ce qui n'est pas sur les écrans quotidiens, non pour nier les drames, non pour faire "comme si", mais pour garder en pleine conscience la vastitude et la diversité du monde, qui tourne, de l'humanité qui nous entoure et n'a jamais cessé la danse, tantôt sublime, tantôt drôle, tantôt macabre, tantôt émouvante, tantôt effrayante, tantôt lumineuse, qu'elle a entamée dès, je crois, qu'elle s'est dressée sur ses jambes, nous emportant avec elle, sans jamais nous demander notre avis, et nous dansons les yeux parfois ouverts, parfois fermés.
Mais celle-ci sera différente. J'ai voulu L'Édition du Week-end d'aujourd'hui plus légère que d'habitude, presque essentiellement tournée vers l'art, la création, la culture.
Mais je tiens absolument à préciser que pour autant, mon propos n'est pas de dire "Certes c'est horrible tout ça, mais regardez, il y a aussi de belles choses qui se passent ailleurs". Parce que bien sûr ça ne compense pas. Le croire ou le dire serait naïf et surtout profondément indécent.
Non. Si ce numéro oublie, un temps, la politique, l'environnement, l'économie, le crime, les autres dynamiques internationales qui fabriquent notre avenir, ce n'est ni pour proposer un quelconque "équilibre" avec la tragédie déroulée sous nos yeux terriblement impuissants, un “équilibre” qui ne pourrait être que vain et même choquant. Ce n’est pas non plus pour proposer un instant de distraction, de divertissement.
C'est seulement parce que ce sont mes armes, à moi. Les seules dont je dispose, et que je peux partager, dans la brise claire comme au vent mauvais. La culture, l'art, la pensée, l'histoire, les héros quotidiens, me donnent et, je crois, nous donnent, à nous humains, les outils pour penser, construire, rester éveillés, rester combattifs, rester francs et droits. Pour avancer encore, envers et contre tout. Ils nous donnent la force, l'équilibre psychique, les raisons d'être et de croire, la pensée. Tout ce qui justifie de poursuivre la danse, pour construire ce que nous avons à construire, aimer ce que nous pouvons aimer, protéger qui nous avons à protéger.
Dans ce numéro, il n'y a rien non plus d'exceptionnel. Genre l'expo, le livre, la phrase définitive qui ferait relever la tête face à la barbarie la plus intense et radicale que l'on puisse imaginer : ce n'est jamais qu'une tranche de vie de plus, un bout de monde, ce qui se passait cette semaine. Mon but, je le répète, n'est pas d'essayer d'équilibrer l'épouvante par la beauté, ou je ne sais quoi de cet ordre. Juste d'aider, de m'aider moi, au moins, à garder les yeux ouverts, parce que c'est mon métier.
Alors, en avant.
Votre horoscope tribal

Le signe de la semaine : Citoyen
J'aime la Russie : ainsi s'appelle le livre tout juste paru de Elena Kostyuchenko. Et cela n'est pas rien dans sa bouche. Journaliste au quotidien Novoya Gazeta, interdit depuis septembre 2022, menacée de mort dans son pays pour ses propos pro-ukrainiens et ses enquêtes sur le lobby pétrolier, réfugiée en Allemagne et victime, selon toute vraisemblance, d'une récente tentative d'empoisonnement (un diagnostic encore en attente de confirmation sur lequel enquête la police allemande), elle s'est expliquée sur ce titre et sur son histoire à Open Democracy.
"C'est un livre sur l'amour que j'ai pour mon pays, et comment cet amour s'est transformé au fil de ma vie, et comment il m'a changée, moi, pas toujours pour le mieux", commence-t-elle avant d'analyser comment le patriotisme, en Russie, s'est transformé en arme au service du pouvoir.
Mais surtout, elle relate combien elle a vu son pays changer en deux décennies dans un témoignage honnête et bouleversant. Elle parle du glissement d'abord indolore vers un autoritarisme toujours plus dur, du renforcement de la censure, du contrôle des masses, de l’étouffement des minorités, des dissidents, de la parole, des internements toujours plus nombreux d'opposants, en camps de travail ou en hôpitaux psychiatriques. De sa mère, devenue une avocate passionnée de l'invasion de l'Ukraine —"la propagande russe est très sophistiquée, extrêmement bien financée, et fabriquée par des personnes remarquablement intelligentes et talentueuses : elle obtient de grands résultats, parce qu’elle est partout, et qu'elle change non seulement la vision que les gens ont du monde, mais aussi leurs perceptions… Et leur personnalité."
Le plus frappant, et peut-être le plus utile à retenir pour nous, en France, en Europe, est son analyse des échecs des militants pros-démocratie :
"Je suis tombée dans ce piège, que je crois aussi assez courant ici en Occident, qui est de penser que les journalistes ne devraient pas s'engager en politique, au risque de perdre leur objectivité si parfaite, si brillante. Pendant trois ans de ma vie, je refusais d'écrire sur les problématiques LGBT, parce que je suis lesbienne, et donc pas objective. Je pensais que seules les personnes hétéros devaient traiter de ces sujets… Ça me paraît fou, maintenant, quand j'y pense.
Il y a une autre idée selon laquelle les journalistes sont des gens différents, que nous sommes le "quatrième pouvoir", toutes ces conneries, et que si tu fais bien ton travail de journaliste, ça suffit. Mais ça ne suffit pas. Ton devoir professionnel de journaliste ne te dispense pas de ton devoir civique. Est-ce que je savais que Poutine était au pouvoir depuis trop longtemps, qu'il changeait la Constitution, qu'il s'attaquait aux droits humains, que notre pays se transformait en État fasciste ? Oui, je le savais. Et qu'ai-je fait ? J'ai décrit comment le fascisme s'épanouissait dans mon pays, et je l'ai même très bien décrit [Rires]. Ça ne suffit pas !
C'est la conclusion de mon livre. J'ai compris beaucoup de choses au cours des deux dernières années. […] Je ne peux pas dire que nous avons fait des erreurs. Comme le dit ma copine : "nous avons fait tout ce qu'il fallait, mais dans le désordre."
Beaucoup de mes amis ont mis sur pied de belles salles de théâtre indépendant, d'art vivant, de beaux projets éducatifs. C'était important. C'était magnifique. Mais ce n'était que des bulles. Et, le 24 février 2022, elles ont toutes disparu, d'un coup. On n'y pensait pas, avant. On pensait construire l'avenir du pays, et que ces bulles allaient grandir et grandir, et puis se rejoindre, et qu'un beau jour on se réveillerait dans un pays tout neuf, où Poutine, en gros, n'aurait tout simplement plus sa place, parce que lui, c'est la Russie d'avant, alors que nous aurions construit celle de l'avenir. Puis l'invasion a débuté, et tout s'est écroulé.
Ça a été très douloureux pour moi de réaliser que Novaya Gazeta, que j'aimais plus que tout, qui était ma famille, ma maison, était elle aussi une bulle. Et que nous ne sommes pas parvenus à empêcher la guerre, ou à apporter un changement durable à la Russie.
Je crois que ce que nous aurions dû faire, c'était nous battre pour la démocratie. Ça a l'air bête, mais c'est vrai. Nous aurions dû nous battre pour des élections libres, du président, des députés, pour une justice indépendante, pour des lois normales. Nous aurions dû faire tous ces trucs politiques, qui sont très ennuyeux. Mais dont notre vie dépend. Je ne peux pas dire que j'ai tout négligé —j'ai travaillé sur les élections, j'ai participé à des manifestations— mais visiblement, ça n'a pas suffit.
[…]
Aujourd'hui, l'amour de notre pays sert à nous dicter ce que nous pouvons faire ou pas faire. Poutine nous dit : "Si tu aimes la Russie, tu dois aller tuer des Ukrainiens. Si tu aimes la Russie, tu dois te taire. Si tu aimes la Russie, tu dois obéir."
Mais ce n'est pas comme ça que ça marche, l'amour. L'amour n'exige pas la mort, le silence, les mensonges. L'amour exige de nous la vie, la vérité, et de voir vraiment ce que nous aimons."
Luthier
Aux États-unis s'achève le mois du patrimoine hispanique. Créé en 1968 (il ne s'agissait alors que d'une semaine, devenue un mois entier sous Reagan), cet événement national et annuel "célèbre les histoires, les cultures et les contributions des citoyens américains dont les ancêtres viennent d'Espagne, du Mexique, des Caraïbes et des Amériques Centrale et du Sud", selon sa définition officielle. Exactement comme la fête du Maghreb ici quand, à l'initiative de son gouvernement, la France entière se réjouit des apports culturels et économiques de ses habitantes et habitants venus d'Afrique du Nord… Ah non pardon, j'ai rien dit, je reprends.

Le mois du patrimoine hispanique s'achève donc (il débute le 15 septembre, en souvenir du Cri de Dolores, qui initia le guerre d'indépendance mexicaine au début du XIX° siècle). De très nombreuses publications ont participé, à leur manière, à cette commémoration nationale. Mais mon œil, (ou plutôt mon oreille), a été retenu par le podcast By Any Measure, hébergé par le Arts Journal. Ce magazine audio, créé par le National Endowment of the Arts, une agence fédérale de bourses et soutiens à la création, a dédié une série de portraits à 4 personnalités hispaniques. On a pu faire la connaissance de Joe Hernandez, qui mélange la musique traditionnelle mexicaine au jazz, au blues, au rock ; de la poétesse Amalia Ortiz ; de la danseuse de flamenco Eva Encinas et, cette semaine, de Manuel Delgado.
Depuis 3 générations et l'ouverture d'une première boutique au Mexique en 1928, les Delgado sont luthiers. Manuel a quitté la Californie où exerçaient ses parents, pour Nashville, une terre d'accueil de choix pour ses guitares folks et électriques. Au micro, dans cette rencontre d'une trentaine de minutes, il parle de son parcours et de son travail, "entre art et science". Mais aussi de ses engagements, pour la création du festival de musique Mariachi, pour le Music Makers Stage, une scène locale et intimiste, mais aussi pour l'éducation musicale des enfants, grâce à un partenariat avec la mairie et le réseau des écoles publiques, "Music Makes Us" :
"Les professeurs d'art, les enseignants de musique… Mon Dieu, en voilà des gens qui travaillent infatigablement, et qui donnent, sans compter. Ils doivent se battre contre un système qui cherche à éliminer leurs programmes, qui n'y voit pas de valeur.
Et c'est ironique, parce qu'il y a beaucoup de valeur dans ce qu'ils font et même, j'ose le dire, plus que dans beaucoup d'autres cours. Parce que si l'on regarde la science, et les études sur la façon dont le cerveau réagit à l'éducation artistique, et musicale tout particulièrement… Eh bien c'est la seule activité qui stimule le cerveau tout entier, et le prépare à recevoir et traiter des informations. Donc, ces élèves ont de meilleurs résultats scolaires, en mathématiques comme en littérature, etc. On trouve des bienfaits similaires pour la danse, la peinture… Pour moi, c'est un honneur que m'ont fait ces professeurs, en m'invitant à participer à leurs diverses initiatives.
Ce sont des héros."
Fauve

Fauve : "C’est en 1905 que le mot fait son apparition, sous la plume de Louis Vauxcelles, après une visite dans la salle VII du Salon d’automne", nous raconte Connaissance des Arts. "Esprit conservateur, le critique d’art est indigné par ces couleurs explosives et violentes, ces associations chromatiques qui enfreignent les conventions picturales et ignorent le principe de ressemblance. Cette publicité gratuite, générée par une presse ulcérée, donne un sacré coup de pouce à la carrière de ces peintres."
Les fauvistes entrent alors dans l'histoire de l'art. Aujourd'hui, on peut plonger à nouveau dans cette source de lumière et d'audace, au Kunstmuseum de Bâle, en Suisse. 160 toiles y sont réunies sous le titre Matisse, Derain et leurs Amis, l'avant-garde parisienne des années 1904-1908, jusqu'au 21 janvier prochain.
Connaissance des Arts rappelle combien, dès 1905, "ébloui, l’historien de l’art et essayiste Elie Faure perçoit dans leurs œuvres le rythme qui anime la nature et la vie. Leurs pigments colorés sont, à ses yeux, « un fleuve de vie qui coule par le monde pour envahir tous ses vaisseaux, nourrir sa chair et renouveler sa pensée »".
Une expérience que l'on pourra partager, si Bâle s'avère un peu loin ou inaccessible, par le biais du catalogue de l'exposition de 350 pages, contenant 200 reproductions en couleur, et disponible sur le site du musée.
(Si ça vous tente d'allumer la lumière, bien entendu).
Kunstmuseum via Connaissance des Arts
Vivant
Après "La Mer" et, l'an prochain, "Les Villes", Les Rendez-Vous de l'Histoire de Blois avaient choisi pour thématique de sa 26° édition, qui s'est tenue le week-end dernier, "Les Vivants et les Morts".

Le programme —600 débats et conférences— est tout simplement trop riche pour être résumé, trop alléchant pour être évoqué. Mais ça n'est pas grave, car Les Rendez-vous de l'histoire sont également remarquablement performants en matière de diffusion : l'intégralité des interventions hébergées dans la grande salle est déjà sur YouTube (comptez une bonne… trentaine d'heures pour tout rattraper) ainsi que, un peu plus accessible, son sixième "Marathon des Images" : 24 historiennes et historiens disposant chacune et chacun de 5 minutes, montre en main, pour commenter et expliquer une image ou un extrait de film.
Ce n'est pas tout : depuis septembre, on peut suivre en bonus un podcast exceptionnel puisqu'il regroupe les archives sonores du festival depuis sa création il y a 25 ans. "Parmi les trésors exhumés", se félicite le site, "on compte plusieurs interventions mémorables qui ont enchanté les festivaliers : Simone Veil , qui retrace les droits des femmes à l’aune de sa propre vie ; Robert Badinter , qui examine les liens entre Histoire et Justice ; Lucie Aubrac , qui offre un témoignage percutant sur la Résistance ; Albert Uderzo , qui relate son parcours de bédéaste et la création d’Astérix ; Gisèle Halimi , qui défend la légitimité de la cause des femmes. Les voix de figures étrangères, telles que le philosophe américain Elie Wiesel, l’écrivain espagnol Jorge Semprun ou l’Égyptien Boutros Boutros-Ghali, ancien Secrétaire Général de l’ONU, trouveront également leur place au sein du podcast.
[…]
Des historiennes et historiens de renom, venus apporter leur expertise aux festivaliers, seront désormais écoutables tout au long de l’année : Alain Corbin sur l’histoire culturelle du temps qu’il fait ; Claude Gauvard sur la figure de l’étranger au Moyen-Âge ; Paul Veyne sur la religion et la politique dans l’Antiquité ; Michelle Perrot sur l’histoire des femmes ; ou encore Emmanuel Le Roy Ladurie sur l’histoire du climat".
Ce qui se fait de mieux en vulgarisation historique est donc désormais disponible, quasiment en intraveineuse. N'hésitez pas à en prendre aussi souvent qu'un politique essaie de vous expliquer comment l'histoire, oh quelle coïncidence, justifie pleinement son programme et son discours.
(J'ai ajouté "À renouveler" sur l'ordonnance, vous risquez d'en avoir besoin).
Les Archives des Rendez-vous de l'histoire
Mode
Au temps où Paris rêvait

Partons pour l'Au-Delà —mais le vrai, le concret, le réel. Mutation Magazine, le nouveau projet de Laurent Courau (dont je vous avais déjà parlé ici) a consacré cette semaine un entretien-fleuve à la chercheuse Fleur Hopkins-Laféron, qui fait paraître cette semaine aux éditions Champ Vallon une anthologie du "merveilleux scientifique."
Ce mouvement graphique et littéraire oublié s'est déployé en France, entre les années 1910 et 1930. C'est à la fois un précurseur de la science-fiction et une approche expérimentale de la science, édifiée dans le but de renouveler notre regard, de nous laver de nos habitudes et de nos acquis. "Il ne s’agit pas de deviner l’avenir", précise Hopkins-Laféron, "mais bien davantage de changer de perspective dans le but de mieux comprendre le présent. Pour cela, [son fondateur Maurice Renard] recommande de n’inventer ou de ne modifier qu’une seule loi physique, chimique ou biologique, dont doit découler de manière parfaitement logique la suite du roman. Par exemple, dans Une invasion de Macrobes (1909) du médecin André Couvreur, un savant zélé, le professeur Tornada, parvient à agrandir un inoffensif microbe et le lâche sur la capitale. Dans Ville hantée (1911), le journaliste Léon Groc imagine qu’un savant et un fakir se sont associés pour animer la matière morte, en pompant l’énergie des habitants d’une petite ville".
Elle relève également que la même expression se retrouve plus tôt, dès 1894, pour "désigner le mouvement contemporain de scientifisation du surnaturel, qui veut que des phénomènes dits parapsychiques soient investigués de manière scientifique ou soient même considérés comme une science nouvelle. À cet égard, l’appellation “merveilleux-scientifique” reflète une manière d’appréhender les réalités scientifiques du début du XX° siècle, marquées par la découverte des rayons X autant que par la photographie des auras."
Voir L'invisible, comme est titré son ouvrage, se situe à la confluence de cette ébullition technique, artistique, psychologique, industrielle, portée par la révolution scientifique, qui fait danser la Belle Époque, et fascine et tourbillonne avec elle. On y trouve donc aussi bien des publicités que des couvertures de magazine, des gravures que des brochures, des romans que des contes :
"Je me suis plongée dans la culture visuelle du début du XX° siècle, avec une obsession : comprendre comment les Français de l’époque voyaient le monde. Si c’est la question de l’invisible qui rythme les chapitres de l’essai, en interrogeant la corrélation entre les découvertes scientifiques, les théories métapsychiques et leur dispersion imaginaire dans le roman merveilleux-scientifique, je voulais absolument étendre mes objets à la culture de masse dans son ensemble, en intégrant les produits culturels diffusés à cette époque, de la carte postale au roman, de l’affiche à l’illustration de presse".
L'on sait bien sûr comment s'achèvera, dans les années 1930 et 40, ce moment d'utopie, de créativité, de joie de vivre, d'insouciance et de foi dans l'avenir. Pour renaître ensuite, ici, ailleurs, s'incarner, disparaître à nouveau et bientôt, pourquoi pas, renaître.
Beauté

Un art héréditaire
Ils sont venus, ils sont tous là : pour la première fois, cinq générations de Brueghel seront réunies sous le toit du musée Het Noordbrabant aux Pays-Bas —"Et même les femmes seront de la fête", précise Artnews.
En retraçant, en 80 peintures, 150 ans d'histoire de cette famille décrite par le musée comme "entreprenante, innovante et de renommée mondiale", l'exposition guidera aussi le public dans le contexte à la fois du cercle artistique et de son marché de l'époque, mais aussi du colonialisme et d'une première forme de mondialisation commerciale, lesquels prennent toute leur vigueur dans les Pays-Bas d'alors.
Ce sera donc l'occasion d'admirer les chefs d'œuvres les plus célèbres de Jan et Pieter (les anciens comme les jeunes), ou de découvrir des figures plus méconnues, comme Mayken Verhulst dépeinte par Art News comme "la matriarche en coulisse", "l'une des artistes les plus célèbres de son temps, mais aussi une femme d'affaire avisée, une mentor, une enseignante, belle-mère, puis grand-mère, de la première et de la seconde génération des Brueghel".
Het Noorbrabant Museum via Art News
Sur le Fil

Tenter de comprendre
Sur Le Fil PostAp, une collection audio et vidéo consacrée à l’actualité israélo-palestinienne pour tenter, malgré la folie barbare du Hamas et ses conséquences redoutables, là-bas comme ici, de comprendre les faits, l’histoire et donc, peut-être, de se préparer à l’avenir.
Et aussi, et encore

En bref : les news auxquelles vous avez échappé
Pendant ce temps-là, ici, ailleurs et à côté…
En mer Baltique, des plongeurs citoyens restaurent les champs d'algues pour lutter contre le changement climatique (Reuters) — Le designer d'espace Aleski Hautamäki et sa compagne graphiste Milla Selkimäki imaginent une maison autosuffisante en bois sur une île sauvage de Finlande (Planète Déco) — La poésie protestataire du dissident russe Sergueï Gandlevski conserve toute sa force (LitHub) — Après 7 ans de hiatus, le Brésil libère finalement 700 millions de dollars pour financer un barrage au Mozambique, qui apportera l'électricité à plus de 2 millions de personnes (Intellinews) — Un nouveau matériau, la pérovskite, peut améliorer l'efficacité des panneaux solaires de 26 % (Enerzine) — Google verdit son algorithme pour inciter aux choix écologiquement vertueux (The Verge) — La dernière édition de Supernova, le plus grand festival de ska au monde, libère un torrent multiculturel de positivité (Spin).
Prochaine Édition du Week-end : samedi 21 octobre.
Gardons les pieds sur Terre pendant que ça tourne.
Un grand merci à Marjorie Risacher pour sa relecture attentive, et ses coquillicides impitoyables.





© *|CURRENT_YEAR|* *|LIST:COMPANY|*. Tous droits réservés.
*|IFNOT:ARCHIVE_PAGE|**|LIST:DESCRIPTION|**|END:IF|*
Vous pouvez renforcer votre soutien, ou vous désabonner, en suivant ce lien.
Nous joindre par courrier :
*|IFNOT:ARCHIVE_PAGE|**|HTML:LIST_ADDRESS_HTML|**|END:IF|*
