L'Édition du week-end #42
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Chère lectrice, cher lecteur,
permettez moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, de boat-people, de Tamouls, d’oligarques, de la Voie Lactée, d’antifas biélorusses, d’Uranus, de Gillian Anderson et du festival le plus bête du monde.
Très bonne lecture,
la conscience artificielle de votre téléscripteur favori.
Le musée de la semaine

Elle crée le premier musée dédié aux boats-peoples
En 2025 ouvrira, en Australie, le premier musée au monde consacré à l'épopée des "boat-people". C'est, pour Mylinh Lee, réfugiée arrivée dans le pays en 1979, le projet d'une vie.
En 1975, Saïgon tombe aux mains du Viet Cong, achevant la conquête communiste du Vietnam. L'exode commence alors. Les chiffres donnent le tournis : un total de 800 000 personnes, en vingt ans, auraient trouvé refuge dans un pays étranger, et au moins 200 000 auraient péri dans les mers.
Particulièrement concernée, car l'une des alliés de l'Occident les plus proches, l'Australie réagit à l'époque sans trop hésiter, sous le leadership du Premier Ministre (Libéral) Malcolm Fraser, achevant de mettre un terme à un ensemble de lois racistes de son pays connu sous le nom de "Politique de l'Australie blanche" : plus de 100 000 individus, au moins, sont alors autorisés à franchir les frontières, pour être ensuite naturalisés.
Le musée, qui doit ouvrir pour les 50 ans de la chute de Saïgon, est soutenu par la gauche et la droite australiennes, "ne se contentera pas d'évoquer les souffrances des réfugiés vietnamiens, mais examinera aussi de près leur contribution à la société australienne, et les conséquences de la guerre avant et après 1975", écrit The Diplomat, qui a également rencontré et interviewé, en audio, sa créatrice.
En France, la crise scelle, en juin 1979, les "retrouvailles entre deux ennemis de trente ans", écrivait Libération lors de la disparition de Valéry Giscard d'Estaing : " Devant une forêt de caméras et de micros, le libéral Raymond Aron et le marxiste Jean-Paul Sartre lancent un appel : “Des hommes vont mourir et il s'agit de les sauver… Une exigence de pure morale… Il faut sauver les corps”, dit Sartre. La France de Giscard, qui vient de revoir sa politique migratoire et de suspendre l'immigration de travail, va accélérer l'accès à l'emploi, au logement, à la nationalité française pour ces Cambodgiens, Laotiens, Vietnamiens".
Plus de 120 000 personnes seront accueillies et naturalisées sur notre territoire. Il faut dire que, face à l'urgence et au cataclysme, l'humanité pousse l'exécutif à mettre en place une politique spécifique d'accueil, dédiée à résoudre le problème autrement qu'en laissant les familles se noyer ou végéter dans des camps d'internement : comment pourrait-il en être autrement ? Karine Meslin, universitaire, rappelait dans Le Nouvel Observateur en 2016, les mesures d'exception prises alors par l'Hexagone :
"De nouveaux traitements de faveur et de nouvelles dérogations se font jour. L’arrivée des réfugiés de l’ancienne Indochine est d’abord l’occasion d’institutionnaliser une collaboration étroite entre les associations, chargées de l’accueil des réfugiés, et l’État, responsable de leur sécurité.
Ainsi, après un court séjour obligatoire dans un des quatre foyers de transit parisiens où ils sont accueillis, les réfugiés peuvent décider de se “débrouiller” par eux-mêmes ou rester sous la tutelle des associations mobilisées pour leur cause.
Dans ce cas, ils sont hébergés dans des centres provisoires d’hébergement (CPH) pour une durée minimum de trois mois au terme desquels, à l’échelle municipale, des comités d’accueil se chargent d’accompagner leurs démarches quotidiennes.
Dans un même temps, de nombreuses mesures facilitent leur mise au travail. Sur le terrain juridique, les conditions d’obtention de leur carte de travail provisoire et renouvelable n’obéissent pas à la procédure habituelle.
Alors que les demandeurs d’asile en sont privés jusqu’à ce que le titre de réfugié politique leur soit délivré, la politique des quotas offre aux réfugiés en question un droit de travail immédiat. De plus, tandis que les migrants – réfugiés ou non – sont, à cette époque, dans l’obligation d’être titulaires d’un contrat de travail d’une durée d’un an pour obtenir une carte de travail (non provisoire), un contrat de trois mois, même à temps partiel, suffit aux réfugiés du Sud-Est de l’Asie.
Des cellules ANPE leur sont également réservées et des mesures incitatives, notamment financières, sont prises à l’égard des employeurs pour favoriser leur embauche. Tous ces dispositifs objectifs s’accompagnent par ailleurs de discours compassionnels et bienveillants, nettement distincts de ceux, plus stigmatisants, qui traitent des autres étrangers à l’heure où l’immigration de travail vient d’être suspendue."
Au même moment, Pascal Praud entre au Conservatoire d'art dramatique de Nantes pour y étudier le théâtre, sa passion d'enfance.
Votre horoscope tribal

Le signe de la semaine : Tamoul
C'est une blague tamoule. Parce que les Anglais sont comme tous les Européens et que, donc, les Premiers Ministres anglais sont comme tous les Premiers Ministres européens —à part les Écossais et les irlandais, cela va de soi, on veut pas se fâcher— la plus grande priorité du gouvernement de Rishi Sunak, est de lutter contre l'immigration et, notamment, tous ces réfugiés de guerre et demandeurs d'asile qui, c'est pénible, risquent de finir par obtenir le droit de rester sur le sol britannique parce que la loi les y autorise. Le gouvernement tente tout ce qu'il peut : regrouper les familles dans une barge amarrée au large, ou les déporter au Rwanda (quelle que soit leur origine), pour ne citer que les plus contestées.
C'est pourquoi on ne peut que s'amuser du joli tour joué par un groupe d'immigrés tamouls. Même si en réalité leur situation n'a, hélas, rien de drôle. Persécutés au Sri-Lanka, aussi bien par la population que par les autorités, dans un contexte de crise économique post-guerre civile qui a poussé l'île à faire défaut sur sa dette, les Tamouls sont une minorité en danger, oubliée de tous. Voilà pourquoi le petit groupe qui nous intéresse ici, quelques dizaines, a tenté de fuir le pays en bateau de pêche, en octobre 2021. Alors que leur embarcation menaçait de faire naufrage, ils furent secourus et amenés par leurs sauveurs sur le territoire le plus proche : l'île de Diego Garcia, sur l'archipel des Chagos, où ils vivent depuis. Vous n'aviez jamais entendu parler de l'île Diego Garcia ? C'est normal, c'est là :

C'est depuis cet atoll minuscule (60 km2 pour 55 îles, en se fiant à Wikipedia) qu'ils ont adressé une demande d'asile à… l'Angleterre. Car, en vertu de la longue tradition européenne du "Donnez-moi ça c'est à moi", le Royaume-Uni a décrété en 1965 que ces gros cailloux, peuplés de quelque deux mille habitants, lui appartenaient.
Le gouvernement travailliste de Harold Wilson baptisa l'endroit "Territoire Britannique de l'Océan Indien", et y implanta une base militaire, ensuite (et encore aujourd'hui) louée à l'armée des États-Unis.
L'ONU lui objecta que ce n'était pas des choses à faire, en vertu de sa résolution 1514, votée en 1960, aussi connue sous le nom de Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. Pour l'Assemblée et, donc, pour la Terre entière, l'archipel appartient bel et bien à son voisin puisque, historiquement, il est une part intégrante de celui-ci, à savoir l'île Maurice. Les Anglais ont sûrement répondu poliment mais, depuis, ils occupent toujours la zone, et l'administrent de fait, malgré un énième désaveu de la justice internationale en 2021.
La suite de l'histoire, racontée par le Guardian, n'est qu'un dédale administratif dans lequel Franz Kafka n'aurait pas retrouvé ses cafards :
"Lorsque les réfugiés ont adressé leur demande d'asile, le commissaire [représentant du gouvernement et chef de fait du Territoire Britannique de l'Océan Indien (TBOI)] a décrété que, selon la loi, ils devaient être rapatriés au Sri Lanka. Dix membres du groupe ont porté l'affaire devant la Cour Suprême du TBOI [une entité qui, rappelons-le, n'existe pas, NDLR], arguant que la décision était injustifiée, et ont obtenu un appel qui devait être examiné cette semaine.
Cependant, l'appel a été annulé après que les avocats du commissaire ont examiné le dossier et décidé d'invalider la décision précédente.
Le commissaire a ensuite accepté de repartir de zéro pour examiner les cas un par un, une révision qui sera opérée par des magistrats n'ayant pas été liés au premier jugement. La décision de reconduite à la frontière a été retirée."
Le duel entre l'ancien empire colonial et la poignée d'hommes, de femmes et d'enfants tamouls qui le font trembler est donc loin d'être achevé. D'un côté, leur avocat rappelle qu'ils risquent l'emprisonnement et la torture au Sri Lanka, et qu'il est donc illégal de les déporter. De l'autre, le gouvernement anglais, par la voix d'un représentant de son ministère des Affaires Étrangères, se veut pédagogue : "il est dans l'intérêt de tous que cette situation soit résolue aussi rapidement que possible […] C'est pour s'assurer que toutes les données seraient prises en compte que le commissaire a ajouté une étape au processus, afin de s'assurer que de nouvelles données soient prises en compte [sic]".
Une formule alambiquée, et légèrement contradictoire, comme seul peut en accoucher un confetti d'empire, au milieu de rien, et pourtant pris dans les surenchères politiques d'un gouvernement lui-même dirigé par un enfant d'immigrés hindous d'Afrique de l'Est, tout cela pour avoir accueilli des naufragés au sein de son enclave militaire américaine appartenant à l'île Maurice et gérée par un commissaire nommé par le roi sur recommandation du ministère des Affaires Étrangères, alors qu'eux-mêmes fuyaient l'ancienne colonie néerlandaise, puis française, puis anglaise, de Ceylan, désormais en faillite et supervisée de facto par le Fonds Monétaire International.
(J'espère que dit comme ça, c'est plus clair).
Douanier
Que vous viviez sur Diego Garcia, comme vos collègues évoqués dans la notule précédente, ou littéralement à ses antipodes, dans les Caraïbes, vraiment, filez à la pharmacie et achetez-vous deux boîtes d'aspirine.

Autres latitudes, autre archipel, donc. Ici, celui d'Antigua-et-Barbuda, 100 000 habitants pour 440 km2. C'est là qu'en août 2022, un méga-yacht d'une valeur estimée à 120 millions de dollars a été arraisonné par les autorités américaines, dans le cadre des sanctions contre la Russie, consécutives à l'invasion de l'Ukraine. Le bâtiment appartient en effet, selon le Département du Trésor américain, au milliardaire Andreï Gouriev, qui a fait fortune dans les fertilisants et serait un proche de Vladimir Poutine. Depuis, personne n'est venu réclamer l'Alfa Nero —c'est le nom de ce beau bateau orné, nous précise le Business Insider, d'une piscine à débordement qui peut se transformer à la demande en piste de danse : il repose toujours dans le port d'Antigua.
En mars dernier, la nation caribéenne a tenté de le vendre aux enchères et il a d’abord été racheté par le co-fondateur de Google, Eric Schmidt (pour la moitié de son prix, bravo à lui). Il avait de quoi se réjouir car son yacht personnel, le Legend, ne fait que 50 petits mètres, le nul. Mais, toujours d'après le Business Insider, s'appuyant sur des informations du Wall Street Journal, ce dernier "a eu la frousse quand il a appris qu'une entreprise liée à la fille de l'oligarque s'est engagée dans une procédure judiciaire en référé pour faire annuler la vente."
Schmidt a renoncé et le vaisseau n'a donc plus de propriétaire légal. On reprend donc à zéro : il repose toujours dans le port d'Antigua.
Or cela ne va pas sans frais : l'affaire coûte à l'archipel la coquette somme de 28 000 dollars par semaine. Cela inclut "le salaire du capitaine italien, et 2 000 dollars par jour en diesel pour faire tourner l'air conditionné car, sans cette climatisation, de la moisissure pourrait se développer et détruire une peinture de Joan Miró qui se trouve à son bord. Tom Paterson, le maître de quai de la marina, a ainsi résumé la situation : "Vous prenez des milliers de dollars en billets, vous les déchirez, et vous continuez comme ça."
Ça a l’air marrant ! On peut jouer ?
Consommateur

Alors, ça c'est une bonne nouvelle ! Le Pentawards Festival revient en force, cette année. Né en ligne en 2007, il a organisé sa première édition en réel l'an dernier (au bout de 16 ans, donc). Pour son édition 2023, il s'installera au Musée des Sciences de Londres début novembre.
Qu'est-ce donc que le Pentawards Festival ? C'est le festival du packaging .C'est-à-dire, en français, de l'emballage. Bon, pour être honnête, il faudrait plutôt écrire "de l'art graphique de l'emballage". Mais, donc, de l'emballage, quoi.
Ce sera la fête, nous garantit le magazine spécialisé en design It's Nice That dans un article sponsorisé. Tenez, dites-moi si ça ne fait pas envie :
"Le cœur du festival, c'est son programme de conférences et d'ateliers. Cela inclut des discours de quelques-uns des experts de notre industrie, et de ses marques leaders. Parmi eux, des pros ["top dogs", dans sa version originale] de TikTok, de Wired, de Pantone, de Patagonia et des Transports Londoniens, mais aussi, en intervenant phare, Steven Bartlett, entrepreneur et présentateur du podcast Journal d'un PDG. Ces spécialistes auront pour mission de laisser les auditeurs avec trois points clés pour leur pratique, à retenir de leur présentation.
Mais vous aurez aussi accès à des rencontres en face à face avec des marques mondiales comme Puma, Carrefour et Microsoft, ainsi qu'à un atelier interactif avec le projet novateur de design "Fais ta marque". Le public pourra découvrir les dernières productions des plus grands manufacturiers, dont le fabricant de papier James Cropper, celui de bouteilles O-I et UPM Raflatac —partenaire de l'événement, et numéro 1 des fournitures pour étiquettes imprimées."
En prime, la compétition de cette année ravira également les penseurs et penseuses de tous horizons. J'en veux pour preuve cette explication du nom comme du logo de l'événement, qui n'est pas sans rappeler les plus belles intros des bacs blancs de philo. Je vous la livre dans sa syntaxe et sa sagesse originelle :
"Le pentagone est le symbole officiel des Pentawards pour cinq raisons. C'est la forme du centre historique de Bruxelles, où a été fondée la compétition, le pentagram est l'ancien symbole de la beauté, il y a cinq doigts sur une main —un outil de design important pour les humains, les Pentawards ont cinq catégories de prix et les humains ont cinq sens principaux par lesquels ils peuvent être inspirés."
Seigneur, délivre-nous du mal. Mais avant, pitié, du marketing.
Pentawards Festival via It's Nice That
Physicien
Bon ben décidément, on en apprend tous les jours : déjà qu'on n'avait pas bien de quoi faire les fiers, il s'avère en plus que notre galaxie est toute déformée. Au lieu d'être bien plate et alignée, comme tout amas stellaire qui se respecte, elle penche vers le “bas” (d'un côté) et vers le “haut” (de l'autre), à ses extrémités.

Un phénomène confirmé par les observations les plus récentes de Gaia, le super-téléscope orbital européen, qui a cartographié les 2 milliards d'étoiles qui composent notre quartier, parce que l'Europe est belle, quand elle veut.
Reste à savoir pourquoi la galaxie a adopté cette apparence singulière "de sombrero écrasé", comme l'écrivent les poètes de Space.com. Trois astrophysiciens de Cambridge, dans le Massachusetts, ont fait les comptes : le coupable pourrait être la matière noire. Ce qui ferait de cette étrange courbure une nouvelle preuve de son existence.
Rappelons que la matière noire constitue la majorité de notre univers, même si l'on ne sait pas du tout ce que c'est. Elle demeure impénétrable à tous les moyens d'observation connus. Pourtant, ses effets sont visibles, par l'influence qu'elle a sur la gravitation, partout dans le cosmos.
La simulation opérée par les scientifiques révèle que la déformation de la Voie Lactée est cohérente avec le halo de matière noire qui la borde… Dans un scénario où il se serait incliné d'une vingtaine de degrés, suite, probablement, à une collision avec une autre galaxie, il y a huit milliards d'années et des poussières —bien avant la naissance de la Terre.
C’est aussi la preuve la plus définitive à ce jour que certaines brèves rencontres vous marquent à jamais.
Mode
Antifa pour de vrai

Cette barbe, et les yeux que l’on devine au-dessus, ont vu bien des choses. Elle a poussé en Biélorussie, la dictature vassalisée par Vladimir Poutine, sur le menton de "Rocket", qui tient à conserver son anonymat pour des raisons éminemment compréhensibles.
Rocket est donc né en Biélorussie, où il lui est apparu assez nettement qu'il ne pouvait rester longtemps les bras croisés face au péril fasciste. Là-bas comme ailleurs, il est double —ou plutôt, il a deux visages, sur une même pièce. Côté Face, c'est Alexandre Lukashenko, qui s'est détourné d'une carrière prometteuse en tant que sosie d'Alain Bauer, pour préférer tyranniser sa population grâce à la violence de sa police dévouée, aux emprisonnements politiques et à la torture. Côté pile, ce sont les milices informelles, qui terrorisent et tabassent les militants des droits humains, les LGBT, les étrangers.
C'est à elles qu'a commencé à s'opposer Rocket, sans crainte de faire le coup de poing dans les rues de Minsk. Mais bientôt, on le sait, c'est une autre forme de fascisme, plus redoutable, plus puissant, qui a frappé à la porte de ses voisins… Ou plutôt l'a défoncée sans autres formes de procès pour commettre crimes de guerre sur crimes contre l'humanité : la Russe a jugé bon d'envahir l'Ukraine, au nom d'une vision politique paranoïaque et cruelle.
Alors, Rocket a fait ses bagages, et s'est engagé là où ses forces lui semblaient plus utiles : dans l'armée ukrainienne.
C'est donc à Kiev que l'a rencontré l'équipe de Lundi Matin, pour célébrer, mais aussi comprendre, ce parcours héroïque moderne. L'entretien, émouvant et complet, dure une trentaine de minutes (cliquez sur la roue dentée pour activer le sous-titrage en français).
Que vive la jeunesse éternelle.
Beauté

Il faut partir pour Uranus
Il faut partir pour Uranus, supplie Eos, se faisant l'écho de centaines de scientifiques de par le monde.
Il faut partir pour Uranus parce que si l'on veut le faire, c'est maintenant : la prochaine fenêtre de tir s'ouvrira dans dix ans. Il n'y en aura pas d'autre avant des décennies. Or, à l'heure actuelle, aucun projet d'exploration de la planète lointaine n'a été officiellement lancé, malgré les nombreuses propositions existantes et détaillées. Donc si l'on veut préparer une mission, il ne faut plus attendre.
Il faut partir pour Uranus parce que c'est une cousine mystérieuse : "Son axe, unique, son réseau d'anneaux, inhabituel, son champ magnétique, décalé, et ses lunes, étrangement diverses, suggèrent un passé intéressant, qui pourrait nous en apprendre beaucoup sur l'histoire de notre système, mais aussi sur les exoplanètes", résume le journal scientifique. "Toutes ses caractéristiques défient nos théories les plus élémentaires sur la formation de ces corps célestes", abonde un planétologue de la NASA. "Les observations effectuées par la sonde Voyager, et celles menées depuis la Terre, sont en contradiction avec nos attentes."
Il faut partir pour Uranus parce que les technologies actuelles sont amplement suffisantes pour lever le voile, aussi, sur les plus étonnants des 27 satellites qui l'entourent. Certains signaux laissent entendre que l'on pourrait y découvrir des océans en sous-sol, une activité géologique, du volcanisme, des geysers : des conditions prometteuses pour l'émergence de structures cellulaires complexes, et donc de vie.
Il faut partir pour Uranus parce qu'on n'en sait quasiment rien, qu'on pourrait en apprendre beaucoup et que, pour les physiciens et physiciennes, c'est la seule occasion qui se présentera au cours de leur vie. Les missions, évidemment inhabitées, sont déjà réfléchies. Les projets de recherche, conceptualisés. La NASA est séduite. Ne reste plus qu'à débloquer le budget —et se retrousser les manches.
"C'est un monde fait d'extrêmes. Nulle part ailleurs que sur Uranus peut-on observer un tel cycle des saisons, ou une atmosphère aussi calme. Je n'en peux plus d'attendre pour la contempler de plus près, de voir comment fonctionne son climat, sa circulation atmosphérique, comment sa météo diffère de ce que l'on sait de Jupiter et Saturne", explique un chercheur britannique.
Allez, faites-lui plaisir, faites-moi plaisir : partons pour Uranus. Et si vous hésitez encore, n'hésitez pas à consulter l'article d'Eos, qui vous en dira plus sur les confins de notre système solaire, et ses mystères, et ses mille raisons de partir, dans dix ans, pour Uranus.
Bizarre

Le point G de Gillian Anderson, en vente dans toutes les bonnes boutiques
Gillian Anderson est devenue, sans trop le vouloir ni le chercher, une icône féministe dès ses débuts télévisés, son rôle de médecin émérite et femme d'action dans la série X-Files ayant inspiré des milliers de petites filles à rejoindre les études scientifiques à une époque où elles y étaient très, très largement sous-représentées (le "Scully Effect", du nom du personnage qu'elle incarnait). Elle s'est, avec les années, transformée en apôtre de l'égalité des genres, et du bien-être féminin. Elle a notamment lancé un podcast dédié à ces enjeux, et récemment lancé un appel à témoignages, invitant les femmes à lui raconter leurs fantasmes sexuels, pour en tirer un livre prévu l'an prochain.
Elle a également lancé ce printemps une boisson subtilement nommée "Point G" ("G Spot", en V.O.), des eaux minérales pleines de nutriments et oligo-éléments. Elle expliquait alors :
"Ça fait 20 ans que je bois sans arrêt des jus de fruit et des sodas, et pas assez d'eau. Je sais que le sucre et la caféine, ça n'est pas bon pour moi, mais je n'ai pas trouvé d'alternative qui aurait les mêmes effets. Et autant j'apprécie bien l'idée d'eau aromatisée, autant je n'aime pas trop ce qui existe. Alors, je me suis dit, si ce que je cherche n'existe pas, pourquoi pas le créer ?".
Une saine philosophie qui, entre nous, a également guidé la création de PostAp, mais ne nous égarons pas. L'important —enfin non, le futile, délicieusement— est qu'Anderson lance un quatrième parfum de Point G, après "Confort", "Énergie" et "Protection" : Excitation. Un produit conçu pour "réveiller vos sens" et dont la recette ressemble un peu à ce qu'on ferait si l'on jetait des ingrédients au pif dans un chaudron pour imaginer l'aphrodisiaque définitif : fruits de la passion, pêches blanches, pois papillon (de leur nom scientifique "Clitoria Termatea"), arginine et citruline (des acides aminés dont plusieurs études pointent le rôle dans le traitement des troubles sexuels), et vitamine B6, connue pour réguler les hormones.
Le produit vient d'arriver en vente en Angleterre, à 4,50 euros le pack de 6.
C'est ici que vous aurez lu en premier que la grande orgie mondiale a commencé un soir d'automne et que, si elle n'a pas mis fin pour toujours aux haines et aux guerres, elle aura au moins, contribué à résoudre nos problèmes d'hydratation, ce qui est déjà pas si mal.
Mais aussi, mais encore

En bref : les news auxquelles vous avez échappé
Pendant ce temps-là, ici, ailleurs et à côté…
À Addis-Abeba, le deuxième round des négociations trilatérales entre l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie, au sujet du méga-barrage édifié par cette dernière, s’achèvent dans l’impasse, malgré des “discussions constructives” (Middle East Monitor) — Lego renonce à l’utilisation de plastique de bouteilles recyclées dans ses briques, estimant l’économie de carbone insatisfaisante, mais continue d’explorer des matériaux alternatifs (Gizmodo) — L’agence de photo Getty lance son propre service de génération d’images artificielles, garanties, c’est une première, libres de toute infraction au copyright (Technology Review) — Les espèces en danger de perroquets trouvent refuge dans les villes du Texas (Futurity) — Les gens négatifs plus perméables aux théories du complot (Futurity) — Contact perdu avec le rover lunaire indien (New Scientist) — La cartographie du huitième continent, totalement immergé à l’exception de la Nouvelle-Zélande, achevée au terme d’années de recherche (Futurism).
Et sur le Fil du magazine, un krach menace la ClimateTech et la lutte entre Facebook et le gouvernement canadien pénalise les étudiants en journalisme… Entre autres nouvelles venues d’ailleurs. Cliquez ici pour suivre le fil PostAp.
Prochaine Édition du Week-end : samedi 7 octobre.
Gardons les pieds sur Terre pendant que ça tourne.





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