L'Édition du week-end #31
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Chère lectrice, cher lecteur,
permettez moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, d’une pizza automatique, d’animateurs requinqués, de tyrans très copains, d’une étoile à bout, d’Anglais photographiés, d’un spa presque antique, d’un poulpe électro et d’un nouveau dialecte.
Très bonne lecture,
la conscience artificielle de votre téléscripteur favori.
La pizza de la semaine

Banqueroute pour la pizza robot
Ce n'est pas l'article de la semaine, c'est celui de la décennie (allez, du lustre), que nous offre Gizmodo cette semaine, avec cet hilarant avis d'obsèque, qui nous annonce la fermeture définitive de Zume, une start-up qui pesait, fut un temps, un demi-milliard de dollars.
Le concept ? la cuisson et la livraison de pizza entièrement automatisées.
C'est-à-dire que des robots fabriquaient la pâte. Ensuite celle-ci était envoyée à des cuisines mobiles : des camionnettes avec fromage et garnitures, équipées de fours "high tech", qui assemblaient et cuisaient le tout, pendant le trajet : la localisation par GPS permettait de démarrer la cuisson pile à temps pour que la pizza arrive tout juste chaude à votre domicile, après avoir passé votre commande via, cela va de soi, une application pour smartphone. Le recueil de données et, il en faut toujours une goutte, l'intelligence artificielle, permettaient, pour optimiser la chaîne de production, d'anticiper les goûts, les demandes et les horaires habituels des consommateurs.
Génial, n'est-ce-pas ? Assez en tout cas pour lever 445 millions de dollars d'investissement. Pour la suite, cédons la parole à Gizmodo :
"En dépit du pactole qui débordait de ses coffres de guerre, l'activité de Zume a souffert d'une faille critique : il est apparemment assez difficile de cuire une pizza à l'arrière d'un véhicule en mouvement —même avec l'aide de robots et de technologie haut-de-gamme. Quand on y pense, le problème peut paraître assez évident, surtout que l'entreprise s'est établie à San Francisco (pouvez-vous imaginer faire la cuisine tout en parcourant les fameuses routes excessivement vallonnées de cette ville ?). Malgré tous les efforts de Zume pour stabiliser le système, le fromage volait partout pendant le trajet. L'offre devenait d'u coup bien moins alléchante pour les consommateurs."
Au final, raconte Bloomberg, cité par l'article, les camions s'arrêtaient où c'était possible, et les pizzas étaient livrées par scooter. Donc, votre pizza était livrée comme n'importe quelle pizza, simplement vous aviez la privilège en la mangeant de savoir qu'elle avait été préparée par des machines industrielles sur le parking du supermarché local. Un poil moins appétissant, et pas mal plus cher qu'un four à bois, ou la bonne vieille camionnette tenue par un pizzaïolo qui se paye au salaire minimum.
Finalement, Zume a changé de business-model, délaissant totalement la cuisine italienne pour vendre à la place des emballages alimentaires compostables, faits de blé ou de bambou.
À nouveau, Gizmodo :
"En d'autres termes, après avoir gaspillé une somme d'argent inconcevable à faire des pizzas de la façon la plus compliquée possible, Zume a estimé que la meilleure tactique, c'était de vendre des boîtes. Désormais, après avoir échoué même à ça, la compagnie brade ses derniers actifs, et ses anciens dirigeants cherchent à se reconvertir."
Heureusement, les mauvaises idées, c'est comme les bonnes : ça ne meurt jamais vraiment. Un ancien ingénieur de SpaceX (la firme de véhicules spatiaux dirigée par Elon Musk) a repris l'idée, et tente à nouveau sa chance. Jay-Z, le célèbre rappeur, y a déjà investi 16,5 millions de dollars, via son entreprise de capital-risque, Marcy Venture Partners. Une première livraison a même eu lieu sur un campus universitaire de Los Angeles.
Deux solutions s'offrent à vous : vite télécharger l'application Stellar Pizza. Ou descendre chez l'épicier arabe du coin : la pizza industrielle y est à moins de 5 euros, même aux champignons.
Votre horoscope tribal

Le signe de la semaine : Humain
Pouououououou… ! Comme quand on dit "Pouououou…c'est du lourd." Et de fait, cette semaine, sous la plume du professeur de philosophie et écrivain David E. Cooper, la LA Review of Books s'est penchée sur un ouvrage qui met le doigt juste là où —aïe !— ça fait mal : The Revolt Against Humanity, Imagining a world without us ("La révolte contre l'humanité, imaginer un monde sans nous"), du poète et critique littéraire Adam Kirsch, paru aux Presses Universitaires de Columbia dans sa série des "Global Reports".
Un court opuscule —104 pages— qui se penche sur deux formes puissantes, et opposées en tout, du dégout pour l'humanité qu’engendre notre temps : les transhumanistes d'une part, qui espèrent transformer notre espèce en une autre plus efficiente et mieux adaptée au monde, grâce à l'intelligence artificielle, la robotique et la génétique ; et d’autre part ceux qu'il appelle les "antihumanistes anthropocènes" qui, en constatant la capacité de destruction de nous autres sur le vivant dans toute sa diversité, se réjouit plutôt de croire en notre extinction programmée, devenue inévitable du fait même de nos avancées technologiques.
Le propos du livre n'est pas de renvoyer ces deux extrêmes dos à dos. Mais, comme l'écrit Cooper, "non seulement de nous introduire à des idées dérangeantes et édifiantes, mais aussi de comprendre leur histoire, leur attrait, et de méditer sur leurs possibles conséquences sur l'avenir."
En fait, selon Kirsch, ce double mouvement de révolte contre l'humanité s'avère un "développement spirituel de premier ordre", à l'image du christianisme ou du communisme : "une nouvelle façon de donner un sens à la nature, et un but à l'existence." "La révolte contre l'humanité”, déplore-t-il, n'est plus un "phénomène d'avant-garde réservé aux conversations de salon". “Et ce développement spirituel va forcément influencer notre conception de la place de l'humanité dans le monde", appuie Cooper.
La rapide critique de l'ouvrage, décrit comme "admirable de clarté et de concision", a aussi le mérite d'en souligner les limites (comme une tendance un peu trop poussée à souligner les similitudes entre ces deux écoles de pensée), et de lui apporter quelques objections. Mais elle est dans l'ensemble élogieuse de sa capacité à nous présenter ces philosophies, leur représentants et, aussi, les injonctions paradoxales, donc paralysantes, dans lesquelles elles poussent leurs opposants :
"Puisque les sociétés sur lesquelles l'humanisme libéral traditionnel a débouché sont la cible de cette révolte, leur tendance est de la réprimer. Mais d'un autre côté, les transhumanistes affirment être guidés précisément par ces valeurs —"la liberté, la raison, l'autonomie morale". Le même piège se referme sur les tenants orthodoxes de "l'environnementalisme centré sur l'humain", tels E. O. Wilson ou Naomi Klein [ou PostAp Mag, aurait-il pu ajouter]. Car les voici forcés à plaider pour des interventions spectaculaires, à la fois technologiques, économiques et sociales dans l'espoir de pouvoir retrouver un monde “plus vert”… Or celles-ci sont précisément les modes d'action de l'anthropocène."
De fait, c'est comme une sensation d'impasse, depuis longtemps prédite par bien des chercheurs, des chercheuses et des artistes, qui se répand à tout allure dans les sociétés occidentales. Et l'envisager comme un développement de l'esprit doté d'une vigueur comparable à celles du christianisme ou du marxisme peut être une clé non seulement pour conserver notre autonomie de pensée mais, aussi, pour ne pas sombrer, à notre tour, dans une simple haine de l'humain, qui n'est peut-être pas le degré ultime de la pensée.
En résumé, un livre pas piqué des hannetons.
Artiste
Bon ben ça, c'est dans la boîte ! Dans un long article riche en infos, Variety s'ébaudit devant le secteur de l'animation et des effets spéciaux français. Leur qualité est depuis longtemps reconnue à l'international. Les triomphes américains, critique et public, de La Cité des Enfants Perdus puis d'Amélie Poulain, tous deux de Jean-Pierre Jeunet, l'incarnent à merveille. Et chercher dans un générique de blockbuster ou de dessins animés les noms d'animateurs ou collaborateurs aux patronymes hexagonaux constituerait un parfait jeu à boire, si boire n'était pas un truc à faire avec modération.

Mais comme partout, même dans ce secteur de haute technologie, en 2023 l'avenir économique fait flipper. Voilà pourquoi le bol d'air annoncé par le gouvernement dans le cadre du plan France 2030 tombe juste à pic.
Variety en a exploré le pan baptisé "la Grande Fabrique de l'image". Le magazine souligne d'abord que l'industrie bénéficie déjà d'un sympathique abattement d'impôts destiné aux productions internationales qui se tournent sur le sol français (mis en place en 2009 à 20 % et relevé à 30 % en 2016), avec 10 % supplémentaires s'il est fait appel à des sociétés locales d'effets spéciaux. Une mesure déjà efficace, illustrée par le récent tournage du mastodonte John Wick 4, et sa longue séquence parisienne, dont une poursuite épique Place de l'Étoile, certes un peu violente, mais qui rend aussi hommage à l'autre grand savoir-faire national, à savoir le rond-point.
Mais France 2030 sort un gros chéquier pour préparer, eh bien justement, la prochaine décennie : l'appel à projets de la Grande Fabrique de l'image vient d'annoncer ses 68 lauréats, et ses cadeaux, à savoir 376 millions de dollars de subventions publiques, doublés de 2,15 milliards de subsides privés. 25 % de ce total étant réservés aux seuls secteurs de l'animation et des effets spéciaux.
"N'éprouvant aucun besoin de s'agrandir du point de vue physique —les technologies numériques se satisfont très bien de bons processeurs et d'un personnel talentueux— les douze studios d'animation et les cinq sociétés d'effets spéciaux choisis par un comité de gros bonnets de l'industrie vont plutôt se concentrer sur l'optimisation interne. Et, en innovant, tâcher de s'octroyer de nouveaux atouts compétitifs. "Les projets retenus devaient faire état de fondations solides, d'un potentiel de croissance, et d'imagination", rappelle un patron de studio. En résumé, ils devaient anticiper les tendances mondiales de l'industrie dans les cinq prochaines années. Ce afin d'y répondre avec des résultats époustouflants, obtenus à l'aide d'outils hautement performants. Ainsi, l'un des leaders des programmes télévisés, doté d'un appétit d'ogre pour les succès d'auteur, la firme parisienne Xilam (derrière le fameux I Lost My Body de Jeremy Clapin et la toujours très populaire série Oggy et les Cafards) va investir dans la R&D, en partie pour mieux maîtriser le marché des œuvres adultes, soignées et artistiques."
Variety cite beaucoup d'autres exemples : Miam !, qui va cultiver ses formations et ses partenariats avec les universités pour repérer les nouveaux talents, TeamTo, qui mise gros dans les technologies à bas carbone et faible coût énergétique, ou Foliascope, qui révolutionne la chaîne de production, et qui s'illustre cette année avec son biopic de Leonard de Vinci, en ce moment même en compétition au Festival d'Annecy.
La nouvelle fait déjà du bien, mais les artistes en tout genre voient aussi de belles nouvelles tomber de Londres, où le Premier Ministre Rishi Sunak a décidé de faire du secteur créatif au sens large une priorité de son mandat, et vient d'annoncer l'injection de presque 100 millions de dollars dans le bébé, dans l'espoir de générer, d'ici 2030 également, un million d'emplois et des dizaines de milliards de Livres en bénéfices. Un chiffre qui n'est pas à comparer avec les données françaises évoquées plus haut, car il s'agit là de l'ensemble des industries créatives, incluant, par exemple, les jeux vidéo, la musique, les festivals de cinéma ou de musique.
Variety rappelle enfin que l'industrie culturelle est, là-bas, systématiquement plus performante que le reste de l'économie, avec un taux de croissance supérieur de 1,5 % à la moyenne nationale sur la dernière décennie, rapportant 108 milliards de Livres en valeur ajoutée brute chaque année. L'emploi, également, y a grandi cinq fois plus vite qu'ailleurs, depuis 2011.
Ça fait un petit moment que l'on répète que la culture fait vivre, pas seulement au sens figuré, mais aussi littéral. Dansons, allez, une petite gigue, extraite de Ballerina, un bel exemple de production animée française, signée L’Atelier Animation.
Villageois

Alors ça c’est une bonne nouvelle ! Après des années à avoir laissé retomber ses débris spatiaux un peu n’importe où sur son territoire, la Chine a décidé d’arrêter.
C’est par un communiqué officielle que l’Académie Chinoise de Technologie en Véhicules de Lancement a annoncé, cette semaine, avoir conduit des tests concluants pour dorénavant contrôler où se crasheraient les réacteurs primaires de ses fusées, une fois leur carburant épuisé, après leur détachement des étages principaux. En fait, apprend-on, il suffisait de les doter d’un parachute pour contrôler, avec 80 % d’exactitude, leur trajectoire.
Le problème était conséquent, relève Universe Today, qui rappelle que, à l’inverse des bases de lancement américaines ou européennes, les décollages chinois sont opérés à partir du cœur du territoire. Une bien bonne nouvelle, donc, pour qui n’aime pas voir s’écraser des kilos de métal carbonisé sur sa maison, son champ ou sa tête (même si aucun accident fatal ne s’était encore produit, fort heureusement).
Démocrate
Ces deux joyeux drilles, ce sont, à droite, le chef d’État vénézuélien Nicolás Maduro, toujours en grande forme malgré les sanctions internationales et, à gauche, le président iranien Ebrahim Raisi.

Ce dernier est actuellement en tournée en Amérique du Sud auprès des dictateurs latinos, afin de consolider ses liens avec ses amis bouchers (toutes mes excuses aux bouchers, dans mon expérience beaucoup plus sympathiques que les ordures en ce moment même en rendez-vous avec le sexagénaire fanatique et tueur de femmes).
La rencontre avec le tyran de Caracas s’est extrêmement bien passée. Tous deux ont affirmé partager “des intérêts communs, des visions communes, et des ennemis communs.” Ils ont également signé vingt-cinq partenariats économiques dans l’espoir de multiplier par sept les trois milliards de dollars que déjà dégagent leurs échanges commerciaux. Ils souhaitent également procéder à des transferts de technologie. À toutes fins utiles, The New Arab nous rappelle que le Vénézuela traverse toujours une crise économique gravissime, aggravée par l’embargo américain, tout en disposant des plus grandes réserves de pétrole du monde. Cuba et le Nicaragua, également isolés du reste du monde commercialement par les États-Unis, sont aussi au programme des rencontres planifiées par Raisi. Des rendez-vous qui devraient bien se passer : en février dernier, le Président du Nicaragua Daniel Ortega, au pouvoir depuis 2007, a pris position pour “le droit de l’Iran à disposer de l’arme atomique.”
“Ch’est très grafe, mais il y a moyen d’en TIRER PARTI !”, nous a confié notre expert stratégique, le Docteur Merkwürdigliebe (il nous coûte cher, mais il est bon).
Étoile

Et pendant ce temps-là, comme l’écrit Techno-Science, “dans notre voisinage stellaire à 104 années-lumière de notre planète, une étoile est en cours de transformation en un gigantesque diamant céleste.”
En effet, selon leur masse et leur composition, les étoiles ont plusieurs façons de mourir. Ainsi, quand une naine blanche s’effondre sous le poids de sa propre gravité, pour peur qu’elle soit principalement constituée d’oxygène et de carbone, elle peut se solidifier au point de devenir, littéralement, un unique diamant stellaire. Un processus désormais à l’œuvre au sein du système HD 190412, similaire à Sirius, selon une publication des Monthly Notices of the Royal Astronomical Society.
De quoi inspirer bien des nouvelles phrases pour aborder en toute légèreté les femmes à l’avenir. Enfin, l’avenir lointain : il faut un million de milliards d’années pour que s’achève le processus —à comparer aux pathétiques treize et quelques milliards d’années de l’univers lui-même. Un spectacle galactique qui a, donc, de beaux jours devant lui. Et plus de mille et une nuits.
Mode

Comment peut-on être anglais ?
Ça fait quoi, d'être anglais ? Plus exactement : ça fait quoi, d'être anglais en ce moment ? Le magazine britannique Dazed a décidé de répondre à la question "selon la perspective des jeunes gens qui vivent ici" en une série d'articles tous mieux pensés les uns que les autres : "La scène rap britannique hors de Londres à mettre sur vos radars", "Où sont passés les designers mode issus de la classe ouvrière ?", "Lire, c'est fondamental : le boum des librairies queer anglaises", etc., rassemblés sous la bannière éloquente "Horror nation ?" (comme quoi il n'y a pas que les Françaises et les Français qui ont le blues en ce moment).
Celui qui a plus particulièrement attiré mon attention cette semaine : "10 photographes commentent leurs portraits de l'Anglitude". On y retrouve en effet en dix photos toute l'Angleterre qu'on aime : l'hédonisme excentrique, tous tétons et tatouages dehors, la mode branchée, la ringardise indémodable, mais aussi d'autres images plus abstraites, cosmopolites et poétiques.
En parlant du cliché retenu en photo ci-dessus, son autrice Rachel Fleminger-Hudson explique : "La Britannité est par essence hautement contradictoire, et en opposition. Et ces contradictions, ces juxtapositions, les mettre côte à côte, c'est à la fois émouvant et immensément difficile. La pelouse et le béton, la communauté et l'individualisme… Cette langueur et cette apathie, incroyablement médiocres, mélangées à l'arrogance, l'indignation, la fierté et l'autosatisfaction."
Des fois, les photographes ne savent pas vraiment s'exprimer oralement. Mais des fois, seulement.
Beauté

Retour vers le spa futur
Ça pourrait devenir une rubrique à part entière. La série "Mais que diable ne l'ont-ils fait plus tôt ?". En l'espèce, c'est une idée qui a presque deux millénaires de retard : reconstituer l'expérience des thermes romains.
C'est à Rome (on a envie de dire : "heureusement") que vous pourrez vivre l'expérience du frigidarium, du tepidarium et du caldarium. Le tout avec le must du confort moderne —le "spa des six sens" est après tout situé dans un hôtel de luxe— et dans une esthétique épurée qui sied à l'expérience, quasiment transcendante à en croire le reporter de Vogue qui l'a testé :
"Entre ces murs, le temps se fige. Ou du moins s'est-il figé dans cette piscine à température ambiante où je me suis retrouvé à flotter, par un après-midi oisif du mois dernier. À contempler les murs de marbre, sculptés en forme de laurier (un hommage à Daphné, la nymphe de la mythologie qui s'est transformée en arbuste après qu'Apollon l'eut touchée), je ne me suis pas seulement senti complètement et parfaitement détendu. Mais aussi transporté. Peut-être dans les temps anciens. Au minimum à des millions de kilomètres du centre-ville où je séjournais."
Liam Hess, le spécialiste luxe et pop culture du magazine américain, raconte ensuite le parcours obligé, au rythme et dans l'ordre que pratiquaient les Romains dans l'Antiquité, la sensation "proche du nirvana" qu'il a éprouvée, et le mélange, apparemment réussi, de matériaux et de décorations. Ici, "calcaire et cocciopesto respectant les méthodes de construction antiques", là "les arches et colonnes de l'infrastructure, baignées de lumière blanche et ornées d'une débauche de verdure et de jungles en pots", le tout niché dans un édifice du XVI° siècle, entre la Piazza Venezzia et la Piazza del Popolo, au cœur de la Ville Éternelle.
Et encore, on vous épargne les détails (les bains sonores, le hamam aux senteurs herbacées, la terrasse sur le toit… Allez, si, la terrasse sur le toit, car l'auteur a des tournures à la Oscar Wilde contemporain qui valent la peine d'être lues) :
"Tandis que le ciel se couvre d'un orange Aperol par-dessus les toits et les dômes de la ville, caressé par les feuillages d'oliviers et de citronniers, et les fleurs écloses qui vous entourent, on se croirait assis dans son jardin romain à soi. Une sensation renforcée par le cocktail que très certainement vous savourez, parfumé aux branchettes aromatiques tout juste prélevées de la plate-bande à côté de vous."
Une splendeur sensorielle, donc, à quelques heures à peine de Paris (et à 1 200 dollars la nuit). Voilà un reporter qui sait remercier une marque, quand elle l'invite en voyage de presse.
Bizarre

Le poulpe électrique n’a pas dit son dernier mot
Il a l'air sympa lui, non ? C'est Octopoulpe. Ne faites pas attention, c'est un artiste. Un Français, qui plus est, même si son vrai pays, c'est l'expatriation. "Bien que je sois Français et vive à Mexico, pour moi, Octopoulpe, c'est un projet coréen", revendique JP, son autre petit nom.
Alors Octopoulpe, qu'est-ce que c'est ? C'est d'abord, on l'aura compris, un look : masque de pieuvre et slibard rose. Parfois, on lui reproche d'être impudique, alors il peut aussi arborer, à l'occasion, un soutien-gorge, des cache-tétons voire, sans la moindre gêne apparente, un T-shirt. C'est aussi du son, un peu énervé comme on peut s'en douter. Mais c'est surtout un concept : Octopoulpe a créé un interface qui fait de sa batterie un groupe à elle toute seule : chaque frappe sur un tom balance aussi, via un ordinateur, un son d'instrument, de guitare électrique par exemple. Il accompagne ainsi, en duo avec lui-même, des vidéos musicales qu'il a produites auparavant. Ce qui est très impressionnant, c'est que, selon les séquences qu'il joue sur sa batterie, accords et instruments répondent différemment. Donc, il joue seul de la batterie, mais avec le son d'un groupe et un clip en direct. Et ça rend bien. “Entre le rock mathématique et le punk hardcore”, selon ses propres termes.
En fait, il pourrait s'habiller normalement, ça serait tout aussi bien.
Quoiqu'il en soit, le revoilà. Après plusieurs années hors de son pays d'adoption, notamment pour une méga tournée sud-américaine, il retrouve enfin la Corée du Sud pour une série de concerts, avec une première apparition samedi dernier au festival IT'S A FEST ! sur une plage de l'île de Muncheon Muui, avant de s'embarquer pour des prestations dans les bars et clubs du pays. Ça n'est pas votre came ? Pas de problème, il a aussi pour principe de laisser un autocollant de lui dans les toilettes qu'il visite, avec note et appréciation, et même de faire appel à son public, sur son site internet, pour constituer la première encyclopédie interactive illustrée des toilettes mondiales. Ses contributions à l'humanité ne sont donc pas à minimiser.
(Sinon, le site donne aussi ses daters de concert, et les liens de ses albums, c'est utile aussi).
Bla-Bla

Un nouveau dialecte émerge en Floride
Alors celle-là, on l'attendait depuis un petit moment. Mais ça y est : enfin, comme dans tout bon livre de science-fiction, un nouveau dialecte est en train d'émerger pour accompagner l'époque. En l'occurrence, c'est dans le sud de la Floride, et notamment à Miami, que le linguiste Philipp Carter croit avoir identifié ce nouveau langage, comme il explique dans une étude parue dans la revue English Worldwide et vulgarisée par ses soins dans The Conversation. La raison : l'afflux sur place de locuteurs hispanophones, constant et massif depuis la révolution cubaine de 1959. Les langues se mélangent et s'interpénètrent, les vocabulaires s'enrichissent mutuellement… Mais ça, c'est classique, et ça ne suffit pas pour faire un nouveau dialecte.
Non ce qu'il identifie, c'est bien plutôt un système de "calques", par lequel une langue déteint sur une autre, mutuellement : de nouvelles phrases se fabriquent ainsi en répliquant la logique propre, donc la syntaxe, de l'autre langue. On voudrait bien donner un exemple, mais voilà : ceux qu'il retient ne paraîtront absolument pas étrange à un français, tant les tournures espagnoles et françaises se ressemblent, presque intimement. Tentons, malgré tout : Carter relève qu'à Miami, il est dorénavant courant de dire "descendre de la voiture", plutôt que "sortir de la voiture" ("get down from the car", au lieu de "get out of the car"), parce qu'en espagnol, on dit "bajar del carro", exactement comme… en français. On peut aussi dire "I made the line" pour "J'ai fait la queue", ou "he made a party" pour "Il a organisé une fête". En fait, son dialecte, En fait, ce nouveau dialecte, c'est le rêve d'un cancre du lycée Charles-de-Gaulle à Villefranche-les-Baguettes Même s'il comprend de nombreux autres exemples de "calques" dans la logique interne du vocabulaire même comme dans les expressions idiomatiques.
Autrement dit : des fois on se mélange et ça se passe très bien, et ça s'est ainsi passé depuis la nuit des temps. Si on continuait comme ça ?
Mais aussi, mais encore

En bref : les news auxquelles vous avez échappé
Pendant ce temps-là, ici, ailleurs et à côté…
En Nouvelle-Zélande, une activiste climatique risque 10 ans de prison pour une lettre satirique (The Guardian) — La Commission électorale thaïlandaise annonce une enquête sur le leader progressiste, et favori des sondages, Pita Limjaroenrat (The Diplomat) — Aux Pays-bas, le plus grand parc éolien au monde a commencé la production d’électricité (Electrek) — TikTok devient une plateforme de piratage où l’on peut voir un film en microséquences de deux minutes (CBC) — La Thaïlande hésite à doter ses sous-marins de moteurs chinois (Nikkei) — Dans un pied-de-nez à Ron DeSantis, Disney célèbre les fiertés LGBT dans son parce de Floride (Vulture) — L’I.A. en entreprise, c’est la garantie de promouvoir l’insomnie et l’alcoolisme chez les employés (Gizmodo) — Pourquoi les mouches meurent plus rapidement à la vue d’une mouche morte (Techno-Science) — En Israël, la crise politique s’aggrave, alors que la Knesset préfère un candidat d’opposition à celui du Likoud dans un vote décisif pour la réforme judiciaire (The New Arab).
Prochaine Édition du Week-End : samedi 24 juin. Gardons les pieds sur terre pendant que ça tourne !





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