L'Édition du week-end #30
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Chère lectrice, cher lecteur,
permettez moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, de fêtes de luxe, d’une grosse balance, de Bulgares pas contents, de Gabonais pas contents, de Mexicains bien contents, de pénuries, de faux yeux et de macroalgues.
Très bonne lecture,
la conscience artificielle de votre téléscripteur favori.
La fête de la semaine

Non vraiment, fallait pas
C'est logique : il n'y a que cinq FIVE hôtels dans le monde. Quatre à Dubaï, un à Zurich : on pressent une clientèle plutôt dans le haut du panier de crabes. Or parfois, le crabe s'ennuie. Alors, comme lundi dernier, FIVE lui annonce une bonne nouvelle. Exprès pour lui. Voilà pourquoi la firme fondée par l'Indien aux dents longues Kabir Mulchandani a lancé un nouveau produit, le premier de son genre dans le monde : un avion privé, à louer aussi simplement qu'une chambre et entièrement conçu pour faire la fête.
En l'occurrence, un ACJ, soit un Airbus A220 dans sa version "bizjet" (selon le terme du constructeur —"biz" pour business, bien entendu). Un petit modèle donc, converti en salle disco par l'hôtelier.
À quoi ça ressemble ? À 73 mètres carrés de boîte de nuit volante, équipés d'une chambre avec lit King-size, de 16 sièges (pour autant d'iPad pro), d'une douche, d'une cuisine et d'une table de dîner pour huit personnes. Avec, bien entendu, Internet haut-débit, deux écrans 140 centimètres et une tripotée de lumières LED, à couleurs et intensités variables, pour assurer toute type d'ambiance, à la demande. En bonus : une soute pouvant embarquer "60 grosses valises", se vante l'opérateur. Euh… 60 grosses valises pour 16 passagers, c'est louche, non ? Non. Ah bon.
Passons. Avec ses deux réacteurs Pratt&Whitney, votre A220 personnel, qui se loue donc à la nuitée, pourra vous emmener, depuis Dubaï où il est basé, à Paris, Pékin, Londres, Séoul et Johannesburg. Un concept né dans l'esprit du PDG durant la pandémie —quand, privés de lignes commerciales, les plus riches de la planète se sont tournés en masse vers les offres privées.
Demeurent deux questions. La première est celle, qui vous a peut-être déjà traversé l'esprit, de l'opportunité d'un tel produit à l'heure où chaque tonne de CO2 dégagée dans l'atmosphère nous rapproche un peu plus de la catastrophe civilisationnelle généralisée. Mais pas de panique ! Le prix de location (14 000 dollars de l'heure) inclut l'achat de crédits-carbone pour compenser vos émissions, sous la forme de plantations arbres dans une réserve naturelle de Bornéo. Donc tout va bien.
La seconde est bien plus inquiétante : le 9H-FIVE, de son petit nom, peut donc accueillir seize passagers. Mais il n'offre d'options de couchage que pour huit, en comptant la "master-suite". Donc qu'est-ce qui se passe ? Vous vous levez le matin avec la gueule de bois pour trébucher sur vos copains dormant par terre, comme le premier étudiant venu ? Vous faites des tours de veille, comme les quartiers-maîtres et les sergent-chefs ? Vous partagez à deux un lit une place ? Avec vos 400 K de bonus mensuels ? Et puis quoi, encore ? Vous mangez des restes de pizza froide au matin tant qu’on y est ?
Eh bien oui. C’est la fin de l’abondance, on vous dit.
Tout ça pour, en prime, passer votre matinée en salle des marchés pas rasé et dans vos vêtements sales de la veille —parce qu’avec une douche pour seize, autant commencer sa toilette au décollage si on veut être sûr que tout le monde en profite (avec douze heures d'autonomie en fuel au grand maximum, on exagère à peine…).
Heureusement, après tout, les convenances, c'est comme les gens : ça sert à rien.
Votre horoscope tribal

Le signe de la semaine : balance
"Comment ça va ? -Comme un lundi !", aurait pu répondre ce 5 juin le député d'opposition sud-coréen Choe Kang-wook (photo), s'il avait eu un peu d'humour. Au lieu de cela, il s'est contenté de répondre aux journalistes qui l'interviewaient au sujet de la perquisition alors en cours à son domicile comme à son bureau de l'Assemblée qu'il la jugeait "outrageante et absurde".
Que cherchaient les agents de la police métropolitaine de Séoul ? Des preuves de sa culpabilité dans une affaire de diffusion de données personnelles. L'histoire remonte à l'an dernier, quand les adresses privées et les contrats de vente des résidences du procureur Han Dong-hoon ont fuité. Des éléments qui avaient d'abord été transmis, tout à fait régulièrement, à la commission parlementaire chargée de conduire des audiences préliminaires à sa prise de poste comme ministre de la Justice. La taupe est donc forcément à la Chambre.
Le procureur Han Dong-hun a un joli parcours : il a fait tomber des têtes à la direction du géant de l'énergie SK, de Hyundai, de Samsung, et même celle de l'ancien Président du pays, Lee Myung Bak et de l'un de ses prédécesseurs à la Justice, à chaque fois pour des délits de corruption, d'abus de bien sociaux ou d'évasion fiscale. S'est-il fait beaucoup d'amis ? Pas franchement, si l'on en juge par la suite de sa carrière : il a d'abord été démis de son poste de troisième procureur adjoint du district de Séoul-centre pour se retrouver, toujours procureur adjoint, mais cette fois à Busan, à 320 kilomètres de la capitale, puis s’est vu nommé simple vice-président d'un institut de recherche et de formation judiciaire. Quelques sourcils ont donc dû froncer quand, en mai 2022, le Président nouvellement élu a annoncé sa nomination comme ministre de la Justice. Première décision de notre héros du jour ? Recréer la Seoul Southern District Prosecutors Office's Joint Securities Crime Division (on laisse en anglais, à la fois parce que c'est pas simple-simple à traduire et parce que, quand même, ça claque un peu), dissoute par sa celle à qui il succède, la première femme à ce poste en Corée du Sud, Choo Mi-ae.
À quoi a bien pu servir la fuite de ses données personnelles ? Difficile à dire : la reprise de ces informations étant elle-même illégale, elles ne se retrouvent dans aucun média important —et donc anglophone— du pays. Elles ont surtout été relayées par des YouTubeurs locaux, semble-t-il. Elles servent au moins à l’intimider : Han Dong-hun n'a pas gardé que des bons souvenirs de ses dernières années d'exercice professionnel : "J'ai été le sujet d'une attention obsessionnelle, proche de la folie, et de lynchages en tout genre, simplement à cause de mes enquêtes […] Je me suis battu pied à pied, avec pour seules armes les faits et le sens commun, afin de dévoiler les mensonges et la vraie nature de ces attaques", résumait-il peu avant sa prise de poste au ministère de la Justice.
Ces documents personnels ont en tout cas été transmis par un député à un reporter de la chaîne privée MBC, laquelle se trouve plus qu'en froid avec le Président du pays : il a récemment interdit l'accès de ses reporters à l'avion présidentiel, et son parti a porté plainte contre la chaîne, après que celle-ci a diffusé des propos insultants, tenus en aparté d'une conférence de presse mais captés par un micro baladeur. La chaîne a affirmé qu'ils visaient Joe Biden —le Président, de son côté, assure qu'il n'évoquait que des élus locaux.
Alors, au final, le député Choe Kang-wook, réveillé lundi matin par une double perquisition, est-il bel et bien la balance de la semaine ? Ou la victime d'une erreur judiciaire, comme il l'affirme ? L'enquête le dira. À tout le moins la casserole s'ajoute à ce qui est déjà une belle collection : précédemment accusé d'avoir rédigé de faux rapports de stage pour la fille de l'ancien ministre de la Justice, et dans ce cadre d'infraction à la loi contre les gratifications et d'obstruction à la justice, il a été condamné à huit ans de prison, une peine qui pourrait s'appliquer l'année prochaine, à l'issue d'un délai de probation de deux ans.
Donc un beau candidat, très certainement.
Russophile
On peut être russophile, aimer cette culture et ce pays, sans pour autant, en ce moment, être prorusse. Mais si c'est votre cas, c'est encore une semaine difficile. Sur le front bien sûr mais aussi, de façon peut-être plus inattendue, en Bulgarie.

Le 30 mai dernier, des milliers de Bulgares ont manifesté devant le palais présidentiel pour contester les dernières manœuvres du Président Roumen Radev, ancien pilote de chasse et major-général, élu en 2016 avec plus de 59 % des voix, et qui depuis deux ans a dû apprendre à gouverner dans la tourmente : les Législatives de 2021 n'ont pu dégager aucune majorité. Pas plus que celles qui suivirent, en juillet, puis en novembre, puis en avril 2022. Quelques gouvernements de coalition tentèrent leur chance, ici ou là, sans succès.
Et en avril de cette année, le scrutin ne fut pas beaucoup plus clair. Le GERB (Conservateurs), et ses allié au SDS (Droite) emportent 69 sièges, leurs opposants du CC (Libéraux) et du DB (Centre), 64. Derrière arrive l'extrême-droite avec 37 élus, 3 autres partis se partageant le reste, quand la majorité absolue demande 121 sièges.
À la demande de Radev, les deux alliances arrivées en tête entament alors des pourparlers pour former un gouvernement. Mais dans le même temps, les bureaux du Procureur Général, qu'il contrôle, annoncent enquêter sur de possibles malversations du GERB, et demandent la levée d'immunité de son leader, Boïko Borissov. Un sacré loulou, ce Borissov : ancien officier de la police secrète du temps du communisme, puis tour à tour entraîneur de l'équipe nationale de karaté, fondateur d'une société de sécurité privée, garde du corps de l'ex-dictateur Todor Jivkov, secrétaire général de la police, colonel du ministère de l'Intérieur puis maire de Sofia, il a créé le GERB (Citoyens pour le Développement Européen de la Bulgarie) en 2006. Il a également exercé à trois reprises le mandat de Premier Ministre. Il est, accessoirement, légèrement soupçonné de corruption. Cités par Wikipedia, L'Express le qualifie de "clé de voûte des dérives mafieuses du pays", et la Commission de l'État de Droit en Europe, puis le Parlement européen, décrivent, sous sa gestion, des "détournements systémiques" des subventions européennes. Depuis 2020, cependant, les enquêteurs s'intéressent de près à ses activités, dans une affaire de blanchiment d'argent atteignant les 5 millions d'euros, via des constructions et ventes immobilières.
Mais pour les milliers de Bulgares qui défilaient dans la rue, habitués il faut le dire à la corruption (le pays est le dernier de la liste de l'UE selon Transparency International), la question est secondaire. Le GERB-SDS d'un côté, le CC-DB de l'autre, censés former le gouvernement de coalition, sont avant tout les deux principaux partis pro-européens en Bulgarie. Le Président Radev, lui, ne fait pas mystère de ses sympathies envers Vladimir Poutine, et de son désir de voir lever les sanctions contre le tyran du Kremlin. C'est cela, que craignent les manifestants : que la corruption ne soit qu'un faux-nez, pour masquer des manœuvres réellement destinées à empêcher la mise en place d'une autorité pro-européenne et pro-ukrainienne à la tête du pays.
"Les manifestants affirment que Radev travaille ouvertement pour les intérêts russes, par le biais du gouvernement intérimaire qu'il a constitué", écrit Intellinews. "Ils rappellent que dès sa prise de fonction, son Premier Ministre Bulub Donev a travaillé dur pour restaurer les approvisionnements de gaz russe. Et qu'il a mis fin à toute aide militaire à l'Ukraine, avec le soutien du Président".
Finalement, ce 6 juin, les partis sont parvenus à sceller un accord de gouvernement, dans lequel les Premiers Ministres seront tournants. Leurs priorités : voter un Budget (ah oui, pas bête), réformer le fonctionnement de la Justice, lutter contre la corruption… Et rejoindre l'Eurozone, ainsi que l'espace Schengen, afin de continuer à se rapprocher de l'Europe Avec une obsession : “se retrouver, cette fois, du bon côté du rideau de fer”.
Magistrat

Le Gabon pourrait connaître une année judiciaire blanche. C'est-à-dire, sans aucun procès. C'est du jamais vu.
La grève des magistrats gabonais, menée par le Syndicat National des Magistrats, ou Synamag, a débuté en décembre dernier. Leurs revendications : la mise en place d'un statut clair, le financement des costumes d'audience et des véhicules de fonction, ainsi que la construction de tribunaux pour désengorger le palais de justice de Libreville.
La grève a duré six mois, avec service minimum, avant que la ministre de la Justice, Erlyne Antonela Ndembet ne reçoive les représentants du mouvement ce 2 juin. Bilan de la rencontre : 109 véhicules et 367 costumes auraient été livrés. Plus important encore : un accord sur le statut de magistrat semble trouvé. Suspicieux, le Syanamag poursuit la grève jusqu'au vote effectif.
C'était, apparemment, une bonne idée : "Aujourd'hui, le pot aux roses est mis à découvert", clame le président du syndicat cité par Gabon Review, qui poursuit : "selon [lui], le secrétaire général du gouvernement a pris la décision « de s’asseoir sur ledit texte et de le faire jaunir dans un tiroir ». Alors que le 7 juin, le ministre de la Justice a soumis pour examen et adoption à l’Assemblée nationale le texte portant statut des magistrats en République gabonaise, le Synamag assure qu’il s’agit d’« un nouveau texte totalement différent ». Le vote du texte arrêté par consensus étant l’un des préalables de la levée de leur mouvement de grève, les magistrats estiment que « le texte soumis à l’Assemblée nationale dans la précipitation relève ni plus ni moins que d’une provocation de notre corporation »".
En conséquence, le Syanamag a annoncé totalement suspendre les audiences : plus de service minimum au palais de justice. Des prévenus sans jugement, zéro procès et des dossiers qui s'empilent. Le gouvernement, lui, plaide sa bonne foi et reconnaît "quelques ajustements et quelques améliorations insérés dans le but de permettre une application effective de ses différentes dispositions […] conformément au principe constitutionnel selon lequel chaque nouvelle dépense mise à la charge du budget de l’Etat doit, au préalable, être adossée à une ressource permettant de la supporter".
Le communiqué précise : "Le Gouvernement estime qu’à ce jour rien ne justifie le maintien du mouvement de grève actuel qui paralyse l’appareil judiciaire et cause d’importants préjudices à toutes les populations vivant sur le territoire national et, surtout, à l’ensemble du peuple gabonais, au nom de qui la Justice est rendue".
Le dialogue de sourds est parti pour durer. Comme dit le slogan : “Anarchie vaincra !”
Couleur
Oué ! C'est la fête ! Allez, tous ensemble ! On se mélange ! On y va !

Certes, mais pourquoi ? Parce que quand Camille Walala, artiste française établie à Londres, crée un nouveau studio, ça flashe et ça éblouit même un peu, et ça tape aussi dans l'œil du Journal du Design, qui est allé photographier la création sous toutes ses coutures. "Simon Sawyer et Gustave Andre, alias Our Department ont aidé à transformer les idées abstraites de Camille et de Julia Jomaa, sa partenaire créative et de vie, en un espace fonctionnel où elles peuvent donner vie à leurs visions oniriques. Ensemble, ils ont réalisé un espace lumineux et dynamique qui ne manquera pas de susciter une créativité sans fin", écrit la publication, et nous on doute un peu, quand même.
Je veux dire, ça fait beaucoup de couleurs, de motifs et de bibelots, et de sollicitations visuelles. Franchement pas sûre qu'il soit si aisé de "créer" dans un lieu qui, je ne dis pas cela méchamment, me rappelle plus le Supercolor Tryphonar (le premier appareil de télévision couleur, aperçu notamment dans Les Bijoux de la Castafiore) que le bureau apaisé où, dans mon expérience, les idées se déploient plus librement. Mais ce n'est que mon avis.
Et encore, il ne vaut pas pour la cuisine. OK, je veux cette cuisine. Ou plus exactement : j'exige que cette cuisine devienne la norme pour toutes les cantines d'entreprise. J'ai d'ailleurs écrit en ce sens à Olivier Dussopt. Je ne manquerai pas de vous tenir au courant de sa réponse, que je ne puis imaginer autrement qu'enthousiaste —dans la mesure où le garçon soit quelque peu capable de faire preuve d'enthousiasme.
Algue

C'est bien l'époque, ça : il existe des forêts sous-marines, et je ne l'apprends que parce qu'elles disparaissent.
"Les forêts de macroalgues se trouvent sous près d'un tiers des côtes du monde et recouvrent des écosystèmes entiers", nous apprend ainsi la docteure Emma Canbrian, du Centre d'Études Avancées de Blanes, en Espagne. Avec ses collègues, depuis 2011, elle a tâche de restaurer l'une d'entre elles dans la baie de Maó, à Menorca. "10 ans plus tard, nous pouvons affirmer que les algues endémiques poussent à nouveau d'elles-même et, avec elles, les services d'écosystème qu'elles prodiguent", ajoute-t-elle à l'attention d'Interesting Engineering, qui relaie une publication parue dans Frontiers in Marine Science.
Le terme de forêt vient que les macroalgues produisent en réalité une véritable canopée, qui structure la vie sur place comme les arbres le font sur terre. Et comme eux, elles sont belles et comme dans les bois, on peut s'y balader et s'y émerveiller (il est plus compliqué d'y organiser une rave-party, cependant, mais ne désespérons pas).
Mode

Êtes-vous prêt pour une déferlante de variété mexicaine ?
Ce monde va trop vite. Alors que PostAp, après des années de doute, commençait tout juste à prendre la vague de la K-pop (la pop music coréenne —sud-coréenne, hein— légère, acidulée, vive et contagieuse comme le diable), voici qu'arrive la déferlante de la variété mexicaine.
Le genre (ou plutôt les genres, comme les corridos, le norteño, la banda) ont atteint l'année dernière un record de 1,1 milliards de revenus cumulés selon la RIAA, l'association professionnelle des producteurs américains. Peso Pluma (photo), à lui seul, constitue "l'une des croissances les plus explosives et exponentielles de l'ère du streaming musical”, selon Spotify.
Pour cette raison, c'est d'abord sur ce jeune homme de 23 ans, né Hassan Emilio Kabande Laija, que s'est penché le Washington Post. Les chiffres parlent d'eux-mêmes :
"Peso Pluma, dont le pseudonyme signifie "Poids Plume" en espagnol, a émergé comme possible prétendant au titre de star mondiale voilà trois ans, quand il a commencé à publier sa musique via le label indépendant californien El Cártel De Los Ángeles. (Il a depuis signé pour la Major Prakin Music, au sein de laquelle il a créé son propre label, Double P Records). Cette année, 8 de ses chansons ont atteint le Top 100 de Billboard. Son single "Ella Baila Sola" ("Elle danse seule"), écrit par Perdo Tovar, du groupe Eslabon Armado, s'est avérée le premier titre mexicain à atteindre le Top 10 du classement. (Il est désormais n°1 dans la catégorie Global Pop et, selon Spotify, a été streamé plus de 465 millions de fois)".
Outre un portrait du jeune homme, des tentatives d'explication du succès croissant, auprès des plus jeunes surtout, de la pop mexicaine dans toute sa variété et sur la planète entière, le Washington Post présente bien entendu d'autres idoles du genre : Los Tucanes de Tijuana, Grupo Firme, Conexíon Divina… D'ailleurs, craquerez-vous pour ces dernières, trois jeunes filles aux guitares entraînantes, ou pour "Ella Baila Sola", le hit de Pluma, qui dans son clip ferait craquer les cœurs les plus insensibles, avec son smoking agrémenté d'une casquette plate par-dessus l’incontournable coupe mulet qui n'est pas sans contribuer à sa légende ? Pour ma part, j'ai un faible pour ce clip de DannyLux, 19 ans, qui a le mérite de rappeler combien c'est dur et beau d'être amoureux, quand on est adolescent —et cycliste.
Beauté

Le Soudan filme aussi
Merci, oh merci Egyptian Streets, pour cet article qui rappelle qu'au Soudan, on sait faire autre chose que s'entretuer. En l'occurrence : filmer. S'appuyant sur la toute récente participation de Goodbye Julia de Mohamed Kordofani au Festival Cannes, pour la première fois dans l’histoire du pays (dans la sélection Un Certain Regard), le site nous propose sa propre sélection de réalisateurs à suivre, et de films à voir.
Ses choix, tous intrigants vont du documentaire Talking Trees, sur la scène artistique face à l’islamisme, à l'angoissant et empathique You will die at twenty, en passant par le court-métrage Al-Sit, sur un mariage forcé. Au total, cinq œuvres "qui ont fait des vagues dans les festivals internationaux, au cours des quatre dernières années, et qui racontent au reste du monde des histoires vraies de ce pays", résume joliment le média égyptien, ajoutant avec un sain optimisme : "Bien qu'il s'agisse des premiers à atteindre la reconnaissance mondiale, il est permis d'espérer que ce ne seront pas les derniers à surgir de la scène artistique soudanaise, particulièrement résiliente."
Bizarre

Les yeux sans visage
Apple a sorti un nouveau casque de réalité virtuelle et, évidemment, il ne fait rien comme les autres. D'abord avec son prix, 3 500 dollars hors taxe. Ensuite, avec sa forme —il adopte celle toujours sexy (non) du masque de ski. Enfin, avec ses ambitions : le casque est doté de processeurs similaires à ceux de ses ordinateurs, et il est aussi équipé de caméras internes et externes, pour vous permettre de n'être pas totalement coupé du monde, et de pouvoir visualiser votre environnement réel, quand vous l'enfilez —mais aussi de superposer, sur cet environnement, jeux ou informations, décoration, écran et clavier. Bref : le projet n'est pas celui d'un simple casque de jeux, mais bien d'un nouvel appareil, qui pourrait remplacer les ordinateurs, en nous projetant dans un monde mi-réel mi-imaginaire —pour les plus riches seulement, tant les coûts de fabrication ne peuvent que demeurer élevés (chaque œil bénéficie d'un écran d'une résolution supérieure aux téléviseurs 4K).
Cerise sur le gâteau de pixels : la Pomme en profite pour débarrasser le concept d'un autre de ses handicaps. Celui éprouvé par les amis ou amies de la personne enfilant un tel casque, qui se trouve immergée ailleurs, et vit ses aventures étranges, tandis que son entourage s’avère coupé de tout échange avec elle, car ce qu'on voit, c'est juste une personne avec un gros machin tout blanc sur la tête. Comment remédier à cela ? Simple : les lunettes du Vision Pro (c'est son nom) sont aussi un écran. Et avec ses caméras internes, il peut filmer vos yeux, et donc les reproduire, avec leurs mouvements et expressions, sur la surface même du casque. Oui : vous avez l'impression de voir les yeux et émotions de votre copine ou copain, mais tout est faux. Ce n'est qu'une image, un avatar —étrange et bluffant, comme on peut le voir dès le début de la vidéo de lancement.
En résumé, comme le remarquait Erwan Cario, journaliste à Libération et animateur du podcast Silence on Joue ! : "C'est encore un gadget inventé par ces gens fascinés par les dystopies cyberpunk et qui n'ont pas compris qu'elles sont, justement, des dystopies."
L'expérience, toutefois, semble littéralement hallucinante. "À la fin de l'essai, quand j'ai retiré le casque", écrit la spécialiste tech du Wall Street Journal qui l'a testé, "j'ai ressenti deux choses. 1. Waow. Super cool. 2. Est-ce que je viens de prendre la drogue ?"
The Wall Street Journal (Article sur abonnement, mais accompagné d'une vidéo gratuite).
Faites le plein

Le Bangladesh s’enfonce dans les pénuries d’électricité
Les coupures d'électricité dureront encore au moins deux semaines, a prévenu le gouvernement du Bangladesh, lequel cumule les problèmes énergétiques. D'abord, la vague de chaleur d'avril a entamé bien plus tôt que d'habitude ses ressources de gaz et charbon, déjà précaires, d'autant que la hausse des prix de 2022 l'a conduit à restreindre ses importations de gaz naturel liquéfié. À cela s'ajoute, au même tarif, un cyclone qui a ravagé les infrastructures.
Pour bien faire, 80 % des exports du pays sont destinés à l'industrie textile, rappelle Arab News. Ses clients comptent Walmart, Gap, H&M ou Zara. Et le secteur a besoin d'énergie pour fonctionner. Ce qui ne rassure pas les marchés : "[La situation] va exacerber les inquiétudes sur ses réserves en dollars, qui ont déjà diminué d'un tiers en douze mois, pour atteindre son niveau le plus bas depuis 7 ans". Or les réserves en dollars lui servent essentiellement à… acheter du fuel.
Tout le pays attend la pluie, qui pourrait faire baisser la demande. Mais, pour l'instant, il a chaud. Et il est donc, tout simplement, en panne.
Mais aussi, mais encore

En bref : les news auxquelles vous avez échappé
Pendant ce temps-là, ici, ailleurs et à côté…
L’Albanie s’impose comme destination touristique à la mode, mais les pénuries pourraient gâcher son été (Balkan Insight) — Rungholt, l’Atlantide médiévale, retrouvée et cartographiée par des chercheurs (Business Insider) — Les enfants des paranthropes, les plus proches parents des humains, grandissaient très, très vite (Sciences et Avenir) — Après le microcrédit, c’est maintenant le “nanocrédit” qui s’impose au Pakistan (The Dawn) — L’Inde face à l’Australie pour match de cricket à un million de dollars (Forbes) — En Angleterre, l’étoile montante de la gauche menace de virer des familles de leur domicile si leurs enfants refusent de collaborer avec la police dans les enquêtes sur les attaques au couteau (The Guardian) — À Hollywood, les réalisateurs parviennent à un accord avec les studios (la grève des scénaristes, elle, continue) (Reuters).
Prochaine Édition du Week-End : samedi 17 juin. Gardons les pieds sur terre pendant que ça tourne !





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