L'Édition du week-end #29
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Chère lectrice, cher lecteur,
permettez moi de vous souhaiter un très bon week-end en compagnie, cette semaine, de David Bowie, de chefs de guerre, de maîtres du monde, de graffitis, de forteresses du désert, d’un volcan pas comme les autres et d’un piano inédit.
Très bonne lecture,
la conscience artificielle de votre téléscripteur favori.
La collection de la semaine

S’initier à l’art contemporain avec David Bowie
C'est bien d'avoir une collec', c'est sympa. On commence, et puis on arrête parce que, franchement, c'est une tannée et un gouffre à thunes. Alors, on se sent mieux et on peut passer à quelque chose d'un peu plus productif, comme un jeu vidéo sur mobile. À moins de s'appeler, par exemple, David Bowie, dont la collection d'art fait l'objet de la vidéo ci-dessus, publiée par Sotheby's et relayée par Open Culture.
En 2016, la prestigieuse maison s'était occupée de la vente aux enchères de presque trois-quarts de ce patrimoine privé, pour un montant total de 41 millions de dollars. Une bonne partie de cette somme venait d'un Basquiat, Air Power, acquis par le musicien dans les années 1990 pour 132 000 dollars, et parti pour 8,8 millions. Une œuvre rapidement évoquée par les historiens de l'art que Sotheby's invite ici. Mais la vidéo s'attarde surtout sur cinq des pièces favorites du musicien, toutes assez dingues, et toutes achetées au fil de ses voyages autour du monde. Elles sont, aussi, signées par des artistes bien moins connus que Basquiat (ou Duchamp, dont le musicien possédait également une sculpture).
C'est La Tête de Gerda Bohem, de Frank Auerbach, un peintre anglo-allemand d'après-guerre dans la lignée de Francis Bacon ou Lucian Freud ("Cette pièce peut magnifier la dépression que je traverse mais aussi, certains jours, me procurer une incroyable sensation de triomphe", écrivit Bowie à son sujet), ou un autoportrait de Erich Heckel, un expressionniste allemand dont le travail eut l'honneur d'être qualifié de "dégénéré" par le parti Nazi, et que l'auteur de Heroes découvrit lors d'un séjour à Berlin resté dans les mémoires de tous les amateurs de musique pop.
On découvre aussi une machine à écrire produite par le groupe Memphis, un collectif de designers des années 1980, italiens comme le nom ne l'indique pas. Ou l'art brut de Johann Fischer, et les pratiques de l'institut Gugging, un hôpital psychiatrique qui encourageait ses patients à créer, partout, tout le temps. Enfin, la vidéo s'arrête sur Alexandra, du Béninois Romuald Hazoumè : un masque traditionnel africain, fait d'un disque vinyle et de deux combinés téléphoniques, un pied-de-nez aux clichés et au néo-colonialisme.
Ce voyage à la fois coloré et torturé dans l'art contemporain international et dans l'esprit de Bowie invite à la pause, à la pensée. À l'humilité aussi. Et à jeter à la benne, si besoin, sa propre collection de Funko Pop ou de nains de jardin ( ce qui est un peu, entre nous, la même chose).
Votre horoscope tribal

Le signe de la semaine : chef de guerre
Ah la la la la. Que de soucis. À en croire, d'un côté, cette analyse du New Arab et, de l'autre, ce reportage du Middle East Eye, les choses se corsent pour vous au Soudan.
Attendez… D'un côté et de l'autre ? Comme si vous étiez, par exemple, pris en tenaille ? Exactement : comme si vous étiez pris en tenaille, en ciseau, dans un étau. Ça fait pas trop mal ?
The New Arab, donc, et les experts de la situation politique soudanaise qu'il a interrogés, croit pouvoir affirmer que Abdel al-Bourhan, le président du Conseil de souveraineté de transition, et chef de l'État de facto, désormais en guerre avec son commandant des Forces de Soutien Rapides, l'ancien chef de milice Mohammed Dogolo, se retrouve aujourd’hui "sous la pression de ses financiers islamistes."
Personne ne sait à l'heure actuelle qui, entre les soldats fidèles à al-Bourhan et ceux obéissant à Dogolo, dit Hemeti, a tiré le premier, et ainsi ouvert au Soudan ce nouvel épisode de guerre civile qui a déjà fait au moins une centaine de victimes civiles et poussé près d'un million d'habitants à l'exil. Les tensions n'ont fait que monter au fil des ans entre le leader et son second, alors qu'ils devaient assurer une transition vers un gouvernement civil —transition dont, bien entendu, ils se moquaient comme de leur première chemisette. Ce système avait été engagé suite à la révolution de 2019, qui avait fait tomber le gouvernement d'Omar el-Béchir après 22 ans de pouvoir. Son parti, le Congrès national, a été démantelé, ses hauts-fonctionnaires arrêtés, et l'armée a alors choisi al-Bourhan, "un obscur officier", selon les termes de l'expert Alex de Waal, pour prendre les rênes de la transition démocratique.
Oui, mais voilà : au fil des décennies, sous la férule d'el-Béchir, qui a implanté la Charia, "les islamistes ont dominé le gouvernement, et bâti de puissants réseaux d'influence, à la fois politiques, commerciaux et financiers", résume The New Arab. Tandis que, rappelle de Waal, "à l'inverse d'Hemeti [l'ancien milicien, désormais son opposant dans la guerre civile], et d'el-Béshir avant lui, al-Bourhan n'a pas de fortune personnelle, ce qui lui aurait permis de faciliter ses tractations politiques,. Il a dû marchander avec les capitalistes de l'armée comme avec les sbires de la vieille garde, sur des décisions clés". Et ainsi, al-Bourhan s'est retrouvé contraint d'obéir aux islamistes de l'armée et à relayer leur parole, par exemple en exigeant des Nations Unies, la semaine dernière, qu'elles rappellent leur émissaire Volker Perthes, une demande de longue date des fous de Dieu. Enfin, pas exactement : eux appelaient publiquement à le passer au peloton d'exécution.
Mais toutes les courbettes d'al-Bourhan ne satisfont plus les fondamentalistes soudanais, qui envisagent désormais de se retourner contre lui, prévient le rédacteur en chef du journal Al-Tayar, qui rappelle : "il ne représente aucun courant politique à lui tout seul. Il n'est qu'une pièce du jeu d'échecs […] Au bout du compte, c'est un soldat, dont le boulot est fait quand la mission est accomplie, ce qui pourrait bien arriver avec cette guerre". Après tout, l’essentiel est fait, non ?. Il a mis fin comme convenu à la transition démocratique, tout en protégeant la frange islamiste et les dirigeants corrompus de l'armée (souvent les mêmes). Mais maintenant ? qu’il cherche son autonomie, qu’il perde ou qu’une victoire lui donne l'assise politique nécessaire pour jouer son propre jeu, n'est-il pas tant de le lâcher en rase-campagne ? C'est le calcul auquel se livrent en ce moment ses soutiens…
Et pas seulement. Car un autre acteur espère n'avoir pas dit son dernier mot : les organisations civiles pro-démocratie, qui se sont réunies de leur côté ces derniers jours à Atbara, dans le nord-est du pays. Le Middle East Eye, qui s'est rendu sur place, raconte :
Cette ville "fut le berceau de bien des révoltes. C'est là-bas qu'éclatèrent les premières manifestations contre le prix du pain en décembre 2018, avant de gagner tout le pays et de conduire au départ de l'autocrate Omar el-Bashir. C'est de ce nœud ferroviaire, marqué par une longue histoire d'activisme fondée sur les syndicats de chemin de fer, que sont partis les premiers mouvements anticolonialistes contre les Britanniques, puis les révoltes contre l'armée soudanaise.
Tous ces derniers jours, le Comité de Résistance, un réseau national de cellules militantes, la force majeure derrière la révolution de 2019, s'est livrée à des "conversations informelles mais intenses". Khalid Abdul al-Ati, l'un de ses membres, nous a affirmé que des éléments d'Atbara, mais aussi de Khartoum et d'autres grandes villes soudanaises, ont commencé à se réorganiser, pour lutter aussi bien contre les Forces de Soutien Rapides [de Hemeti] que contre la tête de l'armée nationale [représentée —pour l'heure— par al-Bourhan]."
Le reportage, 5 feuillets pile-poil signés Mohammed Amin, est un bijou de journalisme à lire absolument, si vous pratiquez l'anglais ou avez foi dans la traduction automatique. On y apprend qu'à Atbara se tiennent en ce moment "des discussions politiques, des concerts, des groupes de soutien psychologique, de l'initiation au dessin, et d'autres activités civiques". Et que le Comité de Résistance ne désespère pas des éléments les plus jeunes de l'armée : "Les activistes nous ont confié leur espoir que, comme en 2019, les officiers juniors puissent être convaincus de rejoindre la révolution contre leurs propres chefs. Ils croient que, avec leur influence, cette génération s’avèrera capable de faire de cette institution la véritable armée populaire qu'elle prétend être."
Jusqu'au bout, espérer.
The New Arab et Middle East Eye
Taliban
"Nous demandons à tous nos voisins, dont l'Iran, de résoudre les conflits par la voie diplomatique. L'Émirat Islamique d'Afghanistan n'est jamais en faveur de l'escalade", a affirmé cette semaine le porte-parole du Ministère des Affaires Étrangères afghan, sans même s'étouffer au passage.

La raison de cet hypocrite appel à l’entente entre les peuples ? La fusillade qui a éclaté ce 27 mai à un poste-frontière avec l'Iran, et qui a fait trois morts —un officier taliban et deux gardes-frontière iraniens. Personne ne sait exactement ce qui s'est passé, mais Arab News nous rappelle que les tensions entre les deux dictatures ont cru récemment, après que la "république” islamique d’Iran a accusé son voisin de s'approprier la rivière Helmand, qui traverse les deux pays (nous vous avions raconté dans une précédente édition que le pays tentait également, par la construction d'un canal illégal, de s'approprier les eaux de l'Amu-Darya qui, lui, alimente l'Ouzbékistan, au nord. Mais il s'agit bien d'un autre cours d'eau, d'une autre frontière et d'une autre tyrannie).
Début mai, le président iranien Ebrahim Raisi avait rappelé à son voisin, à toutes fins utiles, l'existence d'un traité bilatéral de 1973 affirmant que la précieuse ressource de la rivière Helmand doit être partagée entre les deux pays. Un traité qui vaut ce qu'il vaut, l'Afghanistan étant situé en amont du cours d’eau, et donc en position de force, comme le rappelle The Diplomat : "L’accord stipule que l’Afghanistan doit fournir à l’Iran […] une moyenne annuelle de 820 millions de mètres cubes. Aussi, bien que le traité exige que le second ait accès à la rivière, il donne au premier un contrôle total sur le débit. Plus important, il n'a jamais été ratifié par Kaboul, qui n'a donc pas à lui obéir."
Une guerre ouverte entre les deux nations demeure cependant improbable. Elles ont autant besoin l’une de l’autre pour échanger biens, services et pétrole. De plus, l’Iran ne peut prendre le risque de déstabiliser son voisin, dans une région qui lui donne déjà, même à elle parierais-je volontiers, quelques maux de tête récurrents. Et puis l’eau c’est cool, mais est-ce aussi indispensable au bien-être qu’opprimer sa propre population ? Ça reste à prouver (mais ça le sera bientôt).
Maître du monde

Mort aux supertours : tel est le vœu (pieux) d’Eric P. Nash, écrivain et journaliste spécialisé dans le design et l’architecture. Une supertour, selon la définition de la ville de New York, mesure 300 mètres ou plus et, depuis quelques années, elles poussent comme des champignons à Manhattan.
Eric P. Nash veut leur mort. Mais pourquoi donc ? Parce qu’elles défigurent la traditionnelle “skyline” ? Non, pas vraiment. Surtout parce qu’elles absorbent des ressources considérables, aux dépens de constructions plus nécessaires, voire urgentes, dans une ville où se loger est toujours plus cher, difficile et, en fait, largement impossible.
“Hudson Yards”, deux supertours inaugurées en 2019 surplombant une gare de triage dans le westside, “le plus grand projet immobilier dans l’histoire des États-Unis, s’avère la quintessence de l’appropriation capitaliste”, argue-t-il, rappelant qu’à aucun moment dans leur conception ne se pose la question de l’espace commun. Et que, hélas, “si le travail intellectuel rappelant l’importance de construire des habitats collectifs agréables est bien connu, c’est une activité dépourvue d’argent, et de prestige, du point de vue des carriéristes”.
Il mène ce combat avec l’aide du photographe Bruce Katz dans un livre commun, Sky-High: A Critique of NYC's Supertall Towers from Top to Bottom, à paraître fin juin chez PA Press. Le Business Insider l’a lu, et en publie certaines images, effectivement très impressionnantes, de buildings qui semblent terrasser Manhattan avec un orgueil de verre et d’acier dont la science-fiction essaie de nous prémunir depuis au moins 50 ans.
Jeune
Bouh ! Bouououhou ! Vous faites rien qu’à vouloir sauver la planète sur laquelle vous allez vivre encore des décennies alors que nous, dont les jours sont comptés, on adoooooore brûler du pétrole. Honte sur vous !

Honte, mais aussi, et surtout, prisons et amendes. Et avec la main lourde, s’il-vous-plaît (et si ça vous plaît pas, tant pis) : en Australie, la loi punit désormais de deux ans d’emprisonnement et de dizaines de milliers de dollars (en plus de la facturation des services d’urgence comme le déploiement policier ou les interventions des pompiers) la participation à des actions de blocage. Ces décisions visent spécifiquement le mouvement appelant les gouvernements à lutter contre le réchauffement climatique, puisque seul celui-ci, à l’heure actuelle, a recours à ce genre d’actions de désobéissance civile pacifique.
Des mesures dissuasives ? Que nenni ! Les peines sont bel et bien prononcées —plus systématiquement, en proportion, que pour les autre délits et infractions. The Diplomat fait le point sur les derniers jugements prononcés . C’est glaçant.
Et d’autant plus effrayant, rappelle la publication spécialisée sur le sud-est asiatique, que le pays bat tous ses records de chaleur, d’inondations et de feux de forêt. Tandis que, ce mois-ci, le ministre de l’énergie a tenu à rappeler aux pétroliers, dans une conférence en public, que l’État demeurait “à votre disposition.”
Mad Max avait vu juste : la fin de la civilisation commencera en Australie… Ou ne sera pas. Il appartiendra aux électeurs d’en décider, à l’échelon national mais aussi local, les diverses régions de l’île-continent rivalisant d’imagination pour punir les activistes qui, avec les méthodes de Martin Luther King et Gandhi, réclament simplement le droit de grandir dans un monde vivable.
Zicos

Celle-là, on ne l’avait pas vue venir : voilà qu’on vient de réinventer le piano. Oui le piano classique, l’instrument, le piano quoi, qu’un architecte a doté d’un clavier… courbe.
Ce n’est peut-être pas idiot. C’est peut-être même exactement une de ces idées si simples et évidentes que la seule question qui vaille soit “mais pourquoi ne l’a-t-on pas fait plus tôt ?”. Ce n’est pas non plus une (pure) lubie de designer : le projet est né “en 2016, lors d’un dîner chez le pianiste Daniel Barenboim à Berlin”, raconte le Philadelphia Inquirer, repris par MSN. L’architecte uruguayen Rafel Viñoly était là, ainsi que la pianiste argentine Martha Argerich. “Ils parlaient des défis physiologiques que pose la pratique”, se souvient Roman, le fils de Viñoly. “Et Barenboim, qui est de petite stature, et a des petites mains, parlait de ses difficultés quand mon père a demandé “Et si le clavier était courbe ? Il faudrait faire ça, non ?” et ils ont répondu, avec beaucoup de désinvolture : “Oui vas-y, essaie.””
L’architecte s’est éteint en mars dernier, non sans avoir tenu sa promesse : le premier piano à clavier courbe trône désormais au Kimmel Center de Philadelphie, également conçu par ses soins. Cette forme inhabituelle rapproche les touches les plus éloignées du corps de l’interprète, rendant leur accès plus rapide et aisé. Il présente une autre particularité : ses cordes sont installées perpendiculairement au coffre. Elles ne se chevauchent donc pas, ce qui donne aux notes des sonorités plus distinctes, selon les premiers artistes à l’avoir pratiqué.
Il a été joué une première fois au Verbier Festival l’été dernier, quelques mois seulement après le décès de son inventeur, et existe déjà en trois exemplaires. Un quatrième est en cours de fabrication. “Mon père était un fou de musique”, témoigne Roman Viñoly. “Je pense que c’est la création qui l’aurait rendu le plus fier”.
Mode

Un graffeur s’installe dans la plus vieille cathédrale anglaise
La cathédrale Saint-Alban a bien grandi, depuis ses premiers pas comme église abbatiale du VIII° siècle (ce qui en fait le plus ancien lieu de culte chrétien en Angleterre) jusqu’à sa restauration totale en 1877. Et en 2018, elle a inauguré un nouveau pan de son histoire, (quoique conforme à “sa longue tradition de mécénat artistique”, souligne son chancelier diocésain, Kevin Walton), en créant une résidence artistique.
Cette année, c'est au tour de Ant Steel, un graffeur londonien, de prendre ses quartiers dans le lieu de culte. Et donc alors, non, pas de panique surtout : son projet n'est pas de recouvrir à la bombe les pierres centenaires. Tout au plus de repeindre les esprits, et la vie locale.
Car Ant Steel s'est spécialisé dans le travail en commun, et veut utiliser sa résidence pour initier à la création autant de monde que possible : enfants comme adultes, et réfugiés en premier lieu, sont invités à produire ensemble une série d'œuvres sur supports amovibles, destinées à orner la cathédrale en novembre prochain. Une exposition qui “fera tourner quelques têtes” espère l’artiste qui, comme pour se faire pardonner ses débuts dans la publicité, se consacre désormais à redynamiser, par l’art de rue, communauté après communauté.
Bon très bien, mais on est sûr qu’il va pas aller nous peindre du street-art sur les colonnes et les bénitiers centenaires, hein ? “C’est marrant de me poser cette question, parce qu’on compte entre deux et trois mille graffitis dans la cathédrale, qui remontent au Moyen-Âge. Bien sûr, je me suis posé la question : que se passerait-il si je voulais ajouter les miens ? Eh bien, je me ferais virer !”
Un garçon, donc, qui a la tête sur les épaules. Contrairement à Alban, le saint, dont du chef, ôté à l’épée par les Romains en 283, aurait jailli une fontaine d’eau douce. Un puits se trouve d’ailleurs toujours au pied de la colline où aurait eu lieu l’exécution, à deux pas de la plus vieille cathédrale d’Angleterre.
Beauté

Les ksars, forteresses oubliées du désert
"Après des heures de route dans le désert nigérien, elles surgissent comme des mirages au milieu d'une palmeraie enchevêtrée, forteresses de sel et d'argile dressées sur des éperons rocheux, assiégées par les sables. Derrière les murailles crénelées, sommeillent des ruelles tortueuses, des tours de garde, des galeries souterraines, des passerelles, des greniers, des puits, témoignages du génie de bâtisseurs oubliés. Des générations de voyageurs ont rêvé devant les ruines des forts du Djado, situés à plus de 1.300 km de Niamey, au nord-est du Niger. Sans jamais résoudre leurs énigmes."
Ainsi commence cet article instructif et poétique de Sciences et Avenir qui nous emmène à la découverte des ksars, des villages fortifiés du Sahara nigérien, dont on ignore tout ou presque. Ils auraient peut-être été bâtis par les Sao, le peuple animiste qui habitait la région durant l'Antiquité, mais peut-être pas. Ils sont peut-être liés, à travers le temps, à leurs équivalents plus récents des pays voisins, mais ce n'est pas sûr.
Une seule chose est certaine : il est urgent d'ajouter ces constructions mystérieuses au patrimoine de l'UNESCO. Car "depuis 2006, les fortins du Djado végètent sur une liste indicative en vue d’une éventuelle demande d’inscription", déplore le magazine scientifique. Pour ne rien arranger, les réchauffement les affaiblit, et les touristes fuient désormais la région, bien trop dangereuse. Qui sauvera les ksars ?
Bizarre

Un volcan pas comme les autres
Bon eh bien ça y est, c’est officiel. Après l’exploration spatiale, il s’avère que la découverte des fonds marins, bien plus étranges et mystérieux qu’on le pensait, et enfin pleinement accessibles grâce aux drones aquatiques, est tout aussi passionnante.
Cette fois, c’est un volcan pas comme les autres qui attire notre attention et, justement, celle de Space, un webzine généralement plus intéressé par les astres et les satellites de cette galaxie comme des autres. Sis au large de l’île norvégienne de Bjornoya, dans la mer de Barents, Borealis Mud, comme l’ont baptisé ses découvreurs, est installé dans un cratère de 300 mètres de large et 25 mètres de profondeur, à 400 mètres sous la surface. Il aurait été produit par une éruption remontant à la dernière ère glaciaire, il y a 18 000 ans. Le volcan, lui, ne fait que quelques mètres de diamètre comme de hauteur, mais il crache encore et toujours du méthane depuis les profondeurs de la Terre. Sur ses flancs, on trouve des éponges, des anémones, des coraux, des étoiles et des araignées de mer, qui se nourrissent de croûtes carbonées millénaires (un élément qui apparaît lorsque des micro-organismes consomment du méthane et produisent du biocarbonate durant l’opération).
“Explorer les profondeurs et découvrir de nouvelles sources de méthane, c’est comme trouver un trésor”, s’émeut Stefan Buenz, l’un des chercheurs à l’origine de l’expédition, qui explique : “Chaque fois que l’on descend, on réalise que nous commençons tout juste à comprendre l’incroyable diversité de ces systèmes”. “Assister à une éruption sous-marine en temps réel me rappelle à quel point notre planète est “vivante””, abonde sa collègue, Giuliana Panieri. Les scientifiques sont même parvenus à filmer le phénomène et, c’est vrai, il y a de quoi émouvoir les curieux et curieuses du monde entier. Ou de susciter l’envie d’un bon barbecue de crustacés et d’étoiles de mer : tout est question de point de vue, et d’humeur.
Si t’as pas de GoBoat à 50 ans…

GoBoat, le bateau qui rentre dans un sac-à-dos
Voici le GoBoat 2.0 : la nouvelle version, plus robuste, plus belle et avec plus d’accessoires d’un PWC gonflable (pour “Personal Water Craft”, embarcation nautique personnelle), dont le premier modèle fut créé en 2016 par une entreprise de l’Oklahoma grâce au financement participatif.
Le GoBoat peut servir à tout, à se balader, à pêcher et à faire la fête, nous assure le constructeur, grâce à ses accessoires en option : porte-gobelet, cannes à pêche et glacière. Il fonctionne à moteur, est ultra-sécurisé grâce à ses deux chambres à air de secours et son coupe-circuit intégré, peut filer à 8 kilomètres heure et supporte jusqu’à 136 kilos. Et surtout, surtout, il se replie pour ne pas prendre plus de place qu’un sac-à-dos, pour un poids total de 26 kilos.
Attention toutefois : ceci n’intègre pas les batteries, tout comme le prix de vente, 1 000 euros pour la version adulte (puisqu’après tout, on peut aussi pagayer. Certains, dit-on, le feraient même pour se détendre, décidément on aura tout vu).
Petites félicitations au passage à l’équipe marketing de GoBoat, qui a bien pensé à le brander comme “à la fois un hors-bord, une pirogue et un kayak” pour éviter de le nommer simplement pour ce qu’il est : un radeau. Un radeau gonflable, un radeau coloré, un radeau avec glacière en option —mais un radeau, avant tout.
Mais aussi, mais encore

En bref : les news auxquelles vous avez échappé
Pendant ce temps-là, ici, ailleurs et à côté…
Le YouTubeur et linguiste “Monte” s’afflige de la dernière polémique langagière du Figaro et annonce la création des “Linguistes atterrés” (YouTube) — Une véritable “crise de la santé mentale” ravage les entreprises américaines (tribune dans Fortune) — Les peintures de Kim Gordon peuvent-elles soigner notre addiction aux smartphones ? (Vogue) — La Chine s’apprête à creuser un trou de10 kilomètres de profondeur (Vice) — Kosh Naseeb, le chanteur collabo des Talibans, a été arrêté par les Talibans (RadioFreeEurope) — Le British Museum met fin à son partenariat, long de 27 ans, avec le pétrolier BP (Artnews) — L’Afrique du Sud construit un hôpital de campagne pour lutter contre une épidémie de choléra (PressAfrik) — Ella Irwin, la remplaçante du responsable de la confiance et la sécurité chez Twitter qui avait démissionné après la prise de contrôle d’Elon Musk, démissionne à son tour (Gizmodo) — Volkswagen relance son van mythique des années hippies, cette fois à propulsion électrique (Business Insider).
Prochaine Édition du Week-End : samedi 10 juin. Gardons les pieds sur terre pendant que ça tourne !





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